Les Palestiniens ne doivent pas garder un bon souvenir de Donald Trump lors de son premier mandat à la tête des Etats-Unis au cours duquel il avait multiplié les mesures contre les intérêts du peuple palestinien et en faveur d’Israël.
Et à peine revenu aux affaires, voilà que le président milliardaire vient de décider de la levée de sanctions prises par son prédécesseur contre des colons israéliens, annonce la Maison-Blanche. «A peine investi, le président républicain a annulé le texte pris en février 2024, et qui avait été le préalable à des sanctions financières visant plusieurs colons, y compris un individu accusé d’avoir fomenté une émeute dans la ville palestinienne de Huwara, au sud de Naplouse, ayant entraîné la mort d’un civil palestinien», rapporte l’AFP.
Le décret qu’avait signé Joe Biden il y a près d’une année avait qualifié d’«intolérables» les actes d’agression des colons sionistes, estimant que ces actes constituaient une «menace grave pour la paix, la sécurité et la stabilité» dans la région. Devant la multiplication de ces violences, nombre de pays occidentaux, en particulier l’Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada, ont engagé des sanctions contre les colons extrémistes. Celles-ci consistaient notamment en des gels d’avoirs ou encore l’interdiction d’entrer sur le territoire de ces pays.
«Cette décision encourage à commettre plus de crimes»
L’Autorité palestinienne a immédiatement réagi hier à la décision de Trump, en prévenant des implications d’une complaisance encore plus flagrante de l’administration américaine vis-à-vis de l’occupant israélien.
«Cette décision encourage les colons à commettre davantage de crimes», a déploré Nabil Abu Rudeineh, porte-parole de l’Autorité palestinienne, dans un communiqué cité par l’Agence Wafa. «Le gouvernement israélien d’extrême droite tente d’entraîner la Cisjordanie dans une confrontation à grande échelle par le biais de cette guerre silencieuse qu’il mène, dans le but de provoquer une escalade et de créer un climat de violence et de tension, étant donné que la décision d’annuler les sanctions (américaines, ndlr) à l’encontre des colons les encourage à commettre davantage de ces crimes», a-t-il affirmé. Et de poursuivre : «Nous appelons la nouvelle administration américaine à intervenir pour mettre fin à ces crimes et aux politiques israéliennes qui n’apporteront la paix et la sécurité à personne.»
De son côté, le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa a déclaré : «Toutes nos ambassades et nos missions internationales ont reçu l’ordre de s’adresser aux représentants de divers pays afin de les sensibiliser sur la nécessité d’une action et d’une pression urgentes pour mettre fin à l’agression des colons et aux mesures illégales de l’occupation israélienne», rapporte l’agence Wafa. Le Premier ministre palestinien «a condamné les mesures israéliennes belliqueuses, la dernière en date étant l’agression de l’occupant contre la ville de Jénine et son camp, et l’installation de nouvelles portes en fer pour isoler les villages et les villes palestiniens les uns des autres».
Mohammed Mustafa a exigé en outre «l’arrêt complet de l’agression et des tirs dans la bande de Ghaza, qui a subi et continue de subir les pires crimes contre l’humanité», soulignant que «le retrait total de l’occupation de la bande de Ghaza est une exigence politique, juridique et humanitaire qui ne peut faire l’objet d’aucun compromis». «Ghaza n’était et ne sera jamais séparée de l’Etat de Palestine. Elle constitue une partie précieuse de notre terre, et nous ne nous lassons jamais d’insister sur la pleine souveraineté de l’État de Palestine à Ghaza et dans tous les territoires palestiniens, ainsi que l’unité de nos institutions nationales», a martelé le haut responsable politique palestinien. «Nous rejetons toute tentative, par quelque partie que ce soit, de découper un seul pan de notre terre ou de déplacer notre peuple», a encore souligné Mohammed Mustafa.
«1400 incidents impliquant des colons israéliens en 2024»
Dans un rapport publié le 2 janvier 2025, l’OCHA, le Bureau des Affaires humanitaires des Nations-Unies, avait recensé les violences des colons israéliens en Cisjordanie durant l’année écoulée, établissant ce constat : « ’année 2024 a enregistré les chiffres les plus élevés depuis près de deux décennies, depuis que l’OCHA a commencé à documenter ces faits, avec environ 4 250 Palestiniens déplacés, 1 760 structures détruites, et environ 1 400 incidents impliquant des colons israéliens à travers la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est ».
Outre le laxisme affiché par Trump à l’égard des exactions des colons israéliens, le successeur de Joe Biden est présenté comme un allié encore plus actif du gouvernement israélien sur lequel l’Etat hébreu pourra toujours compter, notamment en matière de livraison d’armes. «L’élection de Trump pourrait débloquer la livraison d’armes à Israël avant même son entrée en fonction » titrait récemment un média israélien.
Donald Trump qui s’est félicité de l’accord de cessez-le-feu entre Palestiniens et Israéliens en s’attribuant le mérite de cette issue positive des négociations, a déclaré dans la foulée de son investiture, ce lundi, qu’il n’était «pas sûr» que l’accord va tenir. «Ce n’est pas notre guerre, c’est leur guerre. Mais je ne suis pas confiant», a-t-il affirmé selon des propos rapportés par l’AFP. Il a ajouté qu’il voyait le Hamas «affaibli».
Et de faire remarquer : «J’ai regardé une photo de Ghaza. Elle ressemble à un chantier de démolition.» Mais l’enclave dévastée pourrait selon lui renaître de ses cendres et connaître une «fantastique reconstruction» si les termes de l’accord sont respectés. Tout en se présentant comme un «pacificateur», «il a néanmoins assuré qu’il soutiendrait résolument Israël», note l’AFP.
Lors de son premier mandat à la Maison-Blanche, Donald Trump, faut-il le rappeler, avait signé par moins de 14 décisions contre les Palestiniens. On se souvient que c’est lui qui avait proclamé de façon unilatérale Jérusalem capitale éternelle et indivisible de l’Etat d’Israël. C’était le 6 décembre 2017. Le 14 mai 2018, il avait fait transférer l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. Quelques mois plus tard, en août 2018, l’administration Trump coupait les vivres à l’UNRWA. Les Etats-Unis étaient jusqu’alors le principal donateur de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens.
Et c’est durant ce même été 2018 que Donald Trump avait supprimé une aide d’un montant de 200 millions de dollars qui devait être allouée à l’Autorité palestinienne.