Hommage : Ali Khodja, artiste peintre : quinze ans déjà…

06/02/2025 mis à jour: 00:05
2334
Photo : D. R.

Neveu des Racim, il en a subi l’influence, du moins a été marqué par leur trajectoire, puisque ce sont eux qui l’ont accompagné dans son parcours artistique.

Il y a 15 ans, le 7 février 2010, nous quittait, à El Biar, le grand artiste plasticien Ali Khodja, après une vie accomplie au service de l’art qu’il a magnifié. Il ne pouvait en être autrement, pour un parent et familier des Frères Omar et Mohamed  Racim, qui l’avaient sûrement marqué. Pour perpétuer sa mémoire cet hommage.

Dans sa combinaison de travail, on aurait dit un chef d’équipe rompu aux rugueuses tâches manuelles, alors qu’il est tout de finesse. Lui n’a pas d’équipe, il est seul dans son univers, avec ses matériaux qui restent ses uniques partenaires avec lesquels, il peut donner vie à une toile, la rendant éternelle. L’artiste qu’il est toujours en quête d’une émotion, d’une trouvaille qu’il transformera en une  œuvre d’art.

A 83 ans, Ali continue de produire et on ne peut dire que l’âge a une quelconque emprise sur son comportement. Dans le vaste atelier, où les toiles sont posées pêle-mêle dans un fouillis où, miracle suprême, il arrive à se retrouver, Ali passe le plus clair de son temps. «C’est dans le désordre qu’on se retrouve, car on ne doit pas forcément se plier aux convenances.

L’artiste est comme ça et nul ne peut le changer», avoue-t-il d’un ton malicieux. Ici, on a le sentiment d’une maison qui respire, se transforme, vit en quelque sorte par un délicat et passionnant travail, qui nous transporte, nous envoûte et nous transforme. Il y a là quelque chose d’impalpable, mais hautement symbolique et cela correspond exactement à ce qu’évoque l’auteur de ces toiles qui ont dû faire plus d’un voyage.

Alors, lorsqu’on lui pose la question de savoir pourquoi il est plus connu à Paris qu’à Alger, il se fend d’un rire étonné pour dire tout modestement que son art est universel et que cette remarque n’est pas forcément fondée. «Il est vrai que je suis connu par un milieu restreint. Je n’ai pas cette prétention, ni ce caractère de me montrer, d’expliquer mon œuvre», relève-t-il avec une rare modestie. Doyen des peintres algériens, Ali s’enorgueillit de garder encore un esprit jeune.

Neveu des Racim, il en a subi l’influence, du moins a été marqué par leur trajectoire, puisque ce sont eux qui l’ont accompagné dans son parcours artistique. «Omar était dans la pure tradition avec l’enluminure et la calligraphie, alors que Mohamed, miniaturiste, était plus ouvert au monde extérieur. Tous deux ont vécu à Montparnasse et côtoyé les grands maîtres de l’époque. Leur apport à l’art algérien est considérable. Les Racim restent des modèles dans leur domaine.» A leur propos, Ali dira qu’il n’a pas été influencé sur le plan pictural, mais sur celui des idées et de la pensée.

Il y avait des questionnements à l’époque et il fallait trouver des solutions. La nature, l’ornement, les à-plats, les influences de la Chine et de Byzance et puis, il y a eu la renaissance, avec sa source de lumière. Là, je peux dire que l’impressionnisme a beaucoup apporté à l’art, non seulement sur le plan pictural, mais aussi sur celui de l’humanisme. C’était une véritable révolution qui a permis à l’artiste d’être réellement le témoin de son temps.»

 

Copyright 2025 . All Rights Reserved.