Histoire : Les méfaits de Bugeaud gravés sur sa statue à Périgueux

24/09/2023 mis à jour: 16:04
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Il a suffi de quelques mots pour écorner à Périgueux la mémoire consensuelle de Thomas-Robert Bugeaud, marquis de la Piconnerie, duc d’Isly (1784-1849), natif de cette région où il a laissé l’empreinte d’un homme proche des ruraux, loin des ravages perpétrés sans état d’âme lors de la colonisation de l’Algérie. 
 

Sur la place de Périgueux qui porte son nom, la municipalité a décidé de porter au bas de la stèle les expressions suivantes : «Un homme condamnable lié à l’histoire coloniale de la France», «Symbole de sa barbarie en Algérie». La maire socialiste de la commune, Delphine Labails, a déclaré : «Nous le savons aujourd’hui, le maréchal Bugeaud n’a jamais été un héros.»

 Devant un panneau explicatif et pédagogique sur l’histoire du militaire, les passants pourront désormais garder l’image de «celui qui a vaincu, pacifié et colonisé l’Algérie», ainsi que «l’ami et conseiller des laboureurs, qui a aimé et pratiqué l’agriculture», tout en lisant que son passé en Algérie est «condamnable». 

Une évolution notable pour tous ceux qui, il y a quelques années, souhaitaient que les statues litigieuses portant sur une histoire violente de la colonisation ou de l’esclavage soient déboulonnées. En juillet 2020, un collectif d’artistes lui avait déjà passé la corde au cou, invitant le quidam «à tirer la corde dans le sens de l’histoire», rappelle le journal régional Sud-Ouest. 
 

UNE PREMIERE RECONNAISSANCE DES CRIMINELS DE L’HISTOIRE COLONIALE
 

Il n’y aura donc pas de déboulonnage à Périgueux, mais la vraie nature de Bugeaud ne peut plus y être cachée.
Pour Olivier Le Cour Grandmaison, enseignant en science politique et philosophie politique à l’université d’Evry-Val-d’Essonne, «on doit à Bugeaud de nombreux massacres de civils, je pense en particulier à l’enfumade dans les grottes du Dahra le 19 juin 1845, alors que Bugeaud était gouverneur général de l’Algérie». C’est aussi Bugeaud qui déclara sans sourciller : «Eussé-je 50 000 femmes et enfants devant moi, je mitraillerais.» 

Et en Algérie, «si les gredins (les Arabes) se retirent dans leurs cavernes, (…) fumez-les comme des renards». Le Cour Grandmaison rappelle que Bugeaud a non seulement été un criminel en Algérie mais aussi un antirépublicain clairement affiché contre le peuple de France, au bénéfice du pouvoir royal en 1934. Pour lui, à Périgueux, «c’est un premier pas qui en appelle d’autres, notamment à Paris». 

A Paris, une école porte, sans émouvoir personne, le nom de Lamoricière, l’officier «enfumeur» du Dahra. Certains s’en offusquent, comme encore récemment le journaliste politique Jean-Michel Apathie dans l’émission «Quotidien» sur TMC, dans une virulente diatribe où il se demandait pourquoi à ce jour on ne veut pas parler de crimes coloniaux atroces en Algérie… 

 

France
De notre correspondant Walid Mebarek

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