Pour le traducteur du livre, Ahmed Aït Bachir, ce travail laborieux est un modeste hommage à cette grande dame, «à la famille Amrouche qui a tant donné à notre culture, mais à toutes les femmes anonymes qui ont souffert en silence».
Le livre autobiographique de Fadhma Aïth Mansour Amrouche, Histoire de ma vie, est enfin disponible en langue amazighe.
Pour le traducteur du livre, Ahmed Aït Bachir, ce travail laborieux, qui a permis à Tudert-iw, d’exister sur les étals des librairies depuis début octobre 2024, est un modeste hommage à cette grande dame, «à la famille Amrouche qui a tant donné à notre culture, mais à toutes les femmes anonymes qui ont souffert en silence dans leurs chair et âme, tout en restant dignes, pudiques malgré la douleur et l’impuissance, elles sont restées debout», dit-il, estimant que celles-ci «n’ont pas encore toute la reconnaissance qui leur est due», regrettant : «Nous n’avons pas été assez reconnaissants envers eux et avons failli à cultiver leur mémoire, qui dans la séquence que nous vivons est d’une impérieuse nécessité en ces temps incertains.» Avant de s’attaquer à ce chantier de traduction, l’auteur dit avoir lu l’ouvrage de Fadhma au moins quatre fois. A chaque lecture, dit-il, «j’ai ressenti la même sensation, un malaise qui me prend, tant l’écriture transpirait un sentiment de souffrance.
Cela a réveillé en moi, qui ai vécu un moment de ma vie d’enfant, dans un camp de regroupement pour ne pas dire un ‘camp de concentration’ durant la guerre de Libération, où j’ai pu observer les violences physiques et morales commises à l’encontre de nos femmes.
Ces images et ce ressenti m’ont marqué à vie et subsistent d’une manière permanente en moi». Pour un des lecteurs de cette traduction : «Cet ouvrage décrit la dure vie de cette immense dame où l’auteur a tenté de restituer dans sa langue maternelle, tous les sentiments, toutes les souffrances et la pensée de Fadhma At Mansour Amrouche exprimés dans la langue française. Il faut dire que cette dure vie de Fadhma dépeint également celle de toutes les mères et femmes kabyles de l’époque durant la colonisation française.»
Paru dans sa nouvelle version kabyle au éditions Koukou, le livre reste évidement ce récit où Fadhma Amrouche, mère de Taos Amrouche, raconte : «Une simple vie, écrite avec limpidité par une grande dame kabyle, [...] où l’on retrouve les travaux et les jours, les naissances, les morts, le froid cruel, la faim, la misère, l’exil, la dureté de cœur, les mœurs brutales d’un pays rude où les malédictions, les meurtres, les vendettas étaient monnaie courante...»