Guterres avertit sur une offensive à Rafah : Une attaque conduirait à une «catastrophe humanitaire colossale»

11/05/2024 mis à jour: 01:52
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Antonio Guterres met en garde contre l’offensive de l’armée d’occupation israélienne contre Rafah - Photo : D. R.

De nombreux pays, des responsables onusiens et des ONG ont exprimé leur profonde inquiétude face à l’offensive israélienne à Rafah où se sont réfugiés près de 1,4 million de Palestiniens… 

Nous sommes au bord d’une catastrophe humanitaire sans précédent», avait déclaré le maire de Rafah, Ahmed Al Sofi, en exhortant les dirigeants du monde à intervenir. Malheureusement, les mises en garde de ces derniers contre une telle situation n’ont pas empêché  l’Etat hébreu de sommer la population de Rafah à choisir entre mourir sous les bombardements intensifs, par la famine ou prendre la route incertaine de la déportation.

La même stratégie qu’il a utilisée au nord de Ghaza, puis au centre, poussant, à chaque fois, des centaines de milliers de Palestiniens à errer d’un endroit à un autre, dans des régions où aucun lieu n’est sûr. La menace d’une offensive d’ampleur fait craindre le pire,  alors que la fermeture des points de passage par où transitait l’aide humanitaire fait redouter le scénario  humanitaire le plus catastrophique.

Une attaque terrestre israélienne  à Rafah conduirait à une «catastrophe humanitaire colossale», a averti, hier, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, après le départ, sans accord des négociateurs d’Israël et du Hamas des pourparlers, en vue d’une trêve au Caire. «Une attaque terrestre massive à Rafah conduirait à une catastrophe humanitaire colossale et mettrait un terme à nos efforts pour soutenir les populations alors que la famine menace», a déclaré M. Guterres, lors d’une visite à Nairobi.  La situation dans cette ville du sud de la bande de Gaza est «sur le fil du rasoir», a-t-il ajouté, en réitérant ses appels au cessez-le-feu.

Dans une déclaration publiée sur son compte X (anciennement Twitter), le secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires et coordinateur onusien des secours d’urgence,  Martin Griffiths, a alerté sur la situation en affirmant : «Les civils de Ghaza sont affamés et tués, et nous ne pouvons pas les aider. Pendant trois jours consécutifs, rien ni personne n’a été autorisé à entrer ou à sortir de Ghaza.

La fermeture des postes frontaliers signifie pas de carburant» donc «pas de camions, pas de générateurs, pas d’eau, pas d’électricité et pas de déplacement de personnes ou de marchandises». Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a jugé toute invasion terrestre  à Rafah  d’« intolérable en raison de ses conséquences humanitaires dévastatrices et de son impact déstabilisateur dans la région ».

Pour sa part, l’Union européenne (UE) n’y a pas été avec le dos de la cuillère. Son haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a tout simplement appelé à «ne pas vendre d’armes à Israël, afin de stopper les bombardements à Ghaza». Dans une déclaration faite aux médias jeudi dernier, Borrell a  affirmé que «les bombardements israéliens ne cesseront pas tant que les munitions en sa possession ne seront pas épuisées».Pour lui, l’UE «est divisée quant à l’adoption d’une position commune  contre ce qui s’est passé au Moyen-Orient» (…)

Certains dirigeants disent qu’il y a de nombreux morts à Ghaza, mais la question qui doit être posée est  combien de personnes doivent encore mourir ? Devons-nous attendre qu’il y ait 50 000 morts, avant de prendre les mesures nécessaires pour empêcher plus de pertes ? Deux jours auparavant, le responsable européen a insisté pour qu’Israël n’attaque pas Rafah, en déclarant : «Même les Etats-Unis, le plus ,grand soutien d’Israël, le président Biden lui-même, considèrent que cette action est disproportionnée, que le nombre de civils tués est insupportable et (mettent) Israël en garde contre la poursuite de cette action». Abondant dans le même sens, Janez Lenarči, commissaire européen chargé de la gestion des crises, a décrit l’offensive terrestre contre Rafah de «totalement inacceptable qui aggraverait la catastrophe» avant d’appeler Israël à ouvrir immédiatement les deux principaux points de passage vers Ghaza.

«La population ne peut s’évanouir dans la nature…»

Le Royaume-Uni, un des alliés d’Israël, a lui aussi mis en garde contre une offensive plus élargie contre Ghaza. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, David Cameron, il a annoncé qu’il «ne soutiendra pas une opération militaire majeure contre la ville de Rafah, au sud de la bande de Ghaza, dans la mesure où il n’existe pas de plan israélien pour protéger les civils dans cette zone».

Représentée par son Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, l’Espagne a estimé que «la communauté internationale ne peut pas rester passive face à cette tragédie » et qu’une offensive israélienne sur Rafah aggraverait les souffrances « déjà endurées par le peuple palestinien ». Dans le même sillage, la chef de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, a affirmé que «le million de personnes présentes dans la zone ne peuvent pas  simplement s’évanouir dans la nature (..) Elles ont besoin de protection».

Le Qatar, un des membres des médiateurs dans les négociations pour une trêve entre Israël et Hamas, a, dans un communiqué, plaidé pour  «une action internationale urgente qui permettrait d’empêcher que la ville ne soit envahie et qu’un crime de génocide ne soit commis», alors que l’Egypte, également médiateur dans les négociations pour une trêve a, à plusieurs reprises, «demandé à Israël de ne pas aller de l’avant avec une attaque sur Rafah».

Le ministère des Affaires étrangères russe a également commenté la situation en demandant «le strict respect des dispositions du droit international humanitaire», a déclaré la porte-parole Maria Zakharova, citée par l’AFP. Elle estime que le début de l’opération militaire terrestre d’Israël à Rafah constituait un «facteur déstabilisant de plus, y compris pour la région entière».

La France a, quant à elle, exprimé sa «plus vive préoccupation» après les frappes israéliennes à Rafah. Le Quai d’Orsay a averti contre «le risque d’une catastrophe humanitaire et «a mis en garde contre «une offensive israélienne à grande échelle à Rafah» qui «créerait une situation humanitaire catastrophique d’une nouvelle dimension et injustifiable».

La Turquie, par la voix de son chef de la diplomatie, s’est déclarée «profondément inquiète» face à l’intensification des attaques israéliennes à Rafah dans la bande de Ghaza, en précisant que «ces attaques constantes compromettent les initiatives visant à instaurer un cessez-le-feu durable dans la région. Tout comme l’Espagne, la Belgique a rappelé la décision de la CIJ (Cour internationale de justice) qui a mis en avant «la dangerosité» de la situation à Rafah, avant d’appeler à un cessez-le-feu immédiat et à une augmentation de l’aide humanitaire à Ghaza.

D’autres pays, comme la Chine, la Malaisie, le Japon, l’Egypte, le Danemark, les Pays-Bas, Oman, l’Irlande, le Koweït et les Émirats arabes unis, ont tous exprimé leur profonde inquiétude face aux attaques sionistes contre Rafah mais aussi leurs préoccupations quant à ses conséquences sur la population.

Pour sa part, l’ONG de défense des droits de l’homme, Amnesty International, a averti que «les gouvernements qui continuent de fournir des armes à Israël pourraient se retrouver en violation de la Convention sur le génocide» contre les Palestiniens dans la bande de Ghaza.

Lors d’une conférence de presse à Genève, le responsable de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), et comme tous les responsables onusiens, s’est dit «profondément préoccupé par l’intensification des attaques israéliennes contre Rafah où la plupart des habitants de Gaza ont fui en quête d’un lieu sûr». Il a révélé que «près de 40 000 personnes ont quitté Rafah pour se rendre à Khan Younès et Deir Al-Balah, suite aux raids israéliens et qu’environ 1,4 million de personnes, dont 600 000 enfants, sont en danger».

L’UNRWA ferme ses bureaux à Al Qods-Est

L’Unrwa a annoncé, jeudi soir, avoir fermé ses bureaux d’Al Qods-Est, après que «des extrémistes israéliens» ont «mis le feu» à des zones en plein air de l’enceinte, a annoncé le patron de l’agence de  l’ONU pour les réfugiés palestiniens. Jeudi soir, «des Israéliens ont mis le feu deux fois au périmètre du QG de l’Unrwa à Jérusalem-Est occupée», alors que «du personnel de l’Unrwa et  d’autres agences de l’ONU étaient présents» à l’intérieur, indique Philippe Lazzarini sur X, précisant qu’aucun «membre du personnel onusien n’a été blessé».

«J’ai pris la décision de fermer l’enceinte jusqu’à ce que soit rétablie une sécurité adéquate», ajoute-t-il, dénonçant un «deuxième incident odieux en moins d’une semaine» commis par des «extrémistes israéliens» et dans lequel  «les vies d’employés de l’ONU ont été mises gravement en danger». Ces bureaux de l’Unrwa abritent une station-service pour les véhicules de l’agence onusienne, souligne-t-il, rappelant qu’il «est de la responsabilité de l’Etat d’Israël, en tant que puissance occupante, de faire en sorte que le personnel et les installations des Nations unies soient protégés en permanence».

Plus de 100 000 personnes ont fui Rafah

Quelque 30 000 personnes fuient «chaque jour» la ville de Rafah –menacée d’un assaut à grande échelle par l’armée israélienne– et elles sont déjà plus de 110 000 à avoir cherché refuge ailleurs sur l’étroit territoire palestinien, ont indiqué des responsables de l’ONU hier. «Le récent ordre d’évacuation du gouvernement israélien lié à l’opération militaire à Ghaza concerne désormais 110 000 personnes ou plus déplacées vers le nord», a indiqué le responsable du bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) pour Ghaza, Georgios Petropoulos. 

«La plupart de ces gens ont déjà dû se déplacer à 5 ou 6 reprises» depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, a-t-il précisé pendant le point de presse régulier de l’ONU à Genève. «Quelque 30 000 personnes fuient la ville chaque jour», a-t-il souligné. Selon l’ONU, quelque 1,4 million de personnes se sont massées à Rafah  fuyant les violents combats et bombardements plus au nord.

Sans approvisionnement en carburant dans les prochains jours, un grand nombre d’établissements de santé risqueraient d’en manquer pour continuer à fonctionner, a précisé le responsable d’OCHA. Sont concernés cinq hôpitaux gérés par le ministère de la Santé du Hamas, cinq hôpitaux de campagne, 17 centres de soins de santé primaires gérés par l’UNRWA (l’agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens) et d’autres partenaires, 10 cliniques mobiles qui fournissent des services de vaccination, de soins de traumatologie et de malnutrition, et 23 installations médicales à Al Mawasi.

 

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