Guerre contre Ghaza : L’horreur sans fin

14/04/2024 mis à jour: 06:36
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Au 190e jour de l’agression israélienne contre la bande de Ghaza, les dégâts sont énormes et les principales villes de l’enclave palestinienne sont désormais inhabitables.

 Six mois durant, l’armée d’occupation israélienne a méthodiquement semé le chaos, la destruction et la mort. Khan Younès, autrefois ville prospère et dynamique dans le sud de la bande de Ghaza, est désormais devenue l’épicentre de la désolation. Les images satellite révèlent des rues jadis animées, actuellement jonchées de décombres, des bâtiments, autrefois debout, réduits en tas de gravats fumants.

 Les quartiers entiers ont été dévastés, laissant derrière eux des familles sans-abri, des vies brisées et des espoirs anéantis. Quelques habitants de Khan Younès, qui ont fui les combats et les bombardements, sont revenus ces derniers jours, après le retrait des soldats de la 98e division de commandos de l’armée d’occupation israélienne pour «trouver leurs foyers détruits, leurs moyens de subsistance perdus et leurs proches disparus. 

C’était une grande surprise, un choc total», relate Jehad Abu Hassan, coordinateur de l’ONG, première urgence internationale. Les témoins présents sur place font état d’innombrables immeubles effondrés ou rasés. «Certains quartiers ont été totalement aplatis, comme on a déjà pu le voir à Ghaza ville», rapporte le responsable humanitaire.


Certains postent les vidéos sur les réseaux sociaux, dans lesquels il est possible de voir un nuage de poussière qui enveloppe la ville. Pierre Motin, de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, explique que «ce nuage couleur sable grisâtre est visible depuis le ciel et se révèle très nocif pour la population». «Depuis le début de l’année 2024, l’Organisation mondiale de la santé note une montée en flèche des cas d’infections respiratoires dans la bande de Ghaza», fait-il valoir. Le fait est, par ailleurs, que l’armée sioniste a délibérément ciblé les infrastructures essentielles de la ville, privant la population d’accès aux soins médicaux, à l’eau potable et à l’électricité.

 Le plus marquant dans les témoignages des Palestiniens de Ghaza reste leur incroyable esprit de résilience. Dans les rues dévastées, des volontaires s’efforcent de retrouver des survivants, de distribuer de l’aide humanitaire et reconstruire ce qui peut l’être. Dans l’adversité, lâchés par tous, de ce qui est appelé la communauté internationale, des pays occidentaux comme de meurs voisins arabes qui restent murés dans le silence, les habitants de Khan Younès comptent sur leur solidarité et leur esprit d’entraide. 


Pendant ce temps-là, l’armée israélienne continue sa mission macabre, plongeant les habitants dans un cauchemar sans fin. Pour le troisième jour consécutif, le camp de réfugiés d’Al Nuseirat, au cœur de la bande de Ghaza, était hier le théâtre de raids violents, infligeant des blessures à de nombreux Palestiniens, selon les rapports de l’agence de presse Wafa.


Les attaques ne connaissent aucune pitié, ciblant aveuglément des zones densément peuplées, y compris des écoles de l’Unrwa, laissant derrière elles un tableau de désolation et de souffrance. Depuis le début de cette agression génocidaire le 7 octobre 2023, les chiffres sont terrifiants : plus de 33 000 martyrs palestiniens, plus de 76 000 blessés et des milliers de personnes prises au piège sous les décombres.


Amnesty international débouté


Vendredi soir, le carnage a continué, avec au moins dix Palestiniens tombés en martyrs et de nombreux autres blessés lors d’un bombardement ciblant des zones résidentielles. Dans la ville de Ghaza, une maison à Zarqa a été réduite en ruine, faisant cinq martyrs et 30 blessés supplémentaires. A Beit Hanoun, dans le nord de Ghaza, et au rond-point de Mekki, au centre du camp de Maghazi, d’autres Palestiniens ont perdu la vie, victimes de bombardements meurtriers. 


Mais la terreur ne s’arrête pas là. Deir Al Balah, au centre de la bande de Ghaza, a été la cible des raids des avions de l’occupation israélienne, tandis que les équipes de secours luttaient pour récupérer les corps de 10 martyrs à Khan Younès, au sud de la région. Ce bilan de pertes humaines et de destruction ne cesse de s’alourdir, avec des agressions qualifiées de génocide par plusieurs organisations internationales. Euro-Med Monitor a tiré la sonnette d’alarme sur le sort de plus de 13 000 Palestiniens portés disparus, ensevelis sous les décombres, enterrés dans des fosses communes ou détenus dans des prisons israéliennes où certains ont été tués. 


Malgré cela, le monde reste sourd et aveugle face à cette tragédie qui se déroule sous nos yeux. La justice administrative française a rejeté samedi une demande urgente d’Amnesty International visant à suspendre les livraisons françaises d’armes à Israël. 

Le juge des référés du tribunal administratif de Paris a déclaré son incompétence et a donc rejeté la requête, se basant sur le fait que ce dossier relève de la conduite des relations internationales de la France. La section française d’Amnesty, en collaboration avec la Ligue des droits de l’homme, avait saisi la justice pour demander au gouvernement de suspendre les licences d’exportation de certains équipements militaires vers Israël jusqu’à ce que ce dernier se conforme à ses obligations internationales. 

Plus précisément, cette démarche concernait les licences d’exportation de matériels militaires des catégories ML5 (utilisés pour la détermination des cibles par l’artillerie) et ML15 (pour l’imagerie et les radars). Lors de l’audience, l’avocat d’Amnesty International, Me Lionel Crusoé a souligné la «situation humanitaire catastrophique» à Ghaza et a fait référence à la récente prise de position du Conseil des droits de l’homme de l’ONU qui a appelé à l’arrêt de toute vente d’armes à Israël. 

Le tribunal doit encore se prononcer en début de semaine prochaine sur deux autres requêtes similaires déposées par différentes associations. L’une d’elles émane de l’ONG Action sécurité éthique républicaine, avec l’ACAT-France (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), Stop Fuelling War et Sherpa, et concerne l’exportation de matériels de guerre de la catégorie ML3 (munitions et éléments de munitions). L’autre requête a été déposée par un collectif comprenant notamment Attac et France Palestine solidarité et porte sur toutes les licences d’exportation de matériels de guerre vers Israël.

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