Ghaza au cœur de la 55e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève : «Rien ne justifie la punition collective du peuple palestinien»

27/02/2024 mis à jour: 07:14
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Photo : D. R.

La 55e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies s’est ouverte hier à Genève. La tragédie que vit le peuple palestinien à Ghaza était à l’ordre du jour des travaux du CDH.  Le chef de l’ONU a prévenu, au cours de cette première journée, des conséquences épouvantables d’une offensive militaire à grande échelle sur Rafah.

Les atrocités que subit la population civile palestinienne depuis maintenant 143 jours ont été au cœur des débats hier au premier jour de la 55e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève, qui se tient du 26 février au 5 avril 2024. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a prévenu, dès l’ouverture des travaux, sur les conséquences dévastatrices d’une offensive terrestre massive sur Rafah, où sont entassées quelque 1,5 million d’âmes.

Une telle opération «ne serait pas seulement terrifiante pour plus d’un million de civils palestiniens qui s’y abritent, elle sonnerait également le glas de nos programmes d’aide», a prévenu M. Guterres, selon le site d’information de l’ONU. «Rien ne justifie la punition collective du peuple palestinien», a martelé le patron de l’ONU, avant d’appeler une nouvelle fois à stopper le bain de sang à Ghaza.

«Je réitère mon appel à un cessez-le-feu humanitaire et à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages», a insisté M. Guterres. Le haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a tenu pour sa part à défendre le travail des agences onusiennes, dont l’Unrwa qui est sous le feu des attaques israéliennes, à la fois politiquement et militairement.

Les campagnes malveillantes anti-onusiennes «comprennent la désinformation qui vise les organisations humanitaires de l’ONU, les soldats de la paix de l’ONU et mon Bureau», s’est insurgé Volker Türk.

«L’ONU est devenue le paratonnerre d’une propagande manipulatrice et le bouc émissaire des échecs politiques», a-t-il poursuivi. «Cette situation est profondément destructrice du bien commun et trahit cruellement les nombreuses personnes dont la vie en dépend», a souligné M. Türk en faisant allusion notamment à l’Unrwa.

90 morts en 24 heures

Et alors que le spectre de la famine menace la vie de centaines de milliers de personnes à Ghaza, des bombardements intensifs de l’armée israélienne ont continué de s’acharner sur divers points de l’enclave palestinienne au 143e jour de la guerre contre Ghaza. Les forces d’occupation sionistes ont commis 10 massacres en 24 heures, entre dimanche soir et hier matin, faisant 90 morts et 164 blessés, a indiqué hier le ministère de la Santé de Ghaza.

Cela porte à 29 782 morts et 70 043 blessés le bilan humain de la campagne meurtrière infligée au peuple palestinien. Les pertes humaines enregistrées hier ont été, entre autres, localisées à Deir El Balah, Khan Younès et Rafah, rapporte l’agence Wafa. A Deir El Balah, deux civils ont été tués dans un raid qui a ciblé un véhicule à l’est de l’agglomération située au centre de la Bande de Ghaza.

A Khan Younès, deux pêcheurs ont péri suite à des tirs de la marine de guerre israélienne sur la bande côtière. Un peu plus au sud, dans le gouvernorat de Rafah, trois civils ont trouvé la mort à l’intérieur d’une habitation visée par des frappes au nord de la ville.

Dimanche soir, au moins 25 Palestiniens, dont des enfants, ont été tués dans des bombardements aériens contre une zone d’habitation de la ville de Ghaza, nous apprend l’agence Wafa.

D’après des sources médicales locales citées par l’agence d’information palestinienne, 15 personnes, dont des enfants, sont tombées en martyrs suite à une attaque contre un immeuble résidentiel à Haï Al Zaytoun, dans le sud de la ville de Ghaza. Des avions de chasse israéliens ont largué un missile sur un bâtiment de trois étages, situé dans ce quartier, sans prévenir ses occupants, explique Wafa.

Au niveau diplomatique, les discussions se sont poursuivies hier à Doha entre des cadres du Hamas et des responsables israéliens avec une médiation américaine, égyptienne et qatarie. Ces pourparlers devraient ensuite se prolonger au Caire. D’après l’AFP, l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, devrait se rendre aujourd’hui ou demain à Paris, où il va s’entretenir avec Emmanuel Macron autour des négociations en cours.

«Purger la Cisjordanie de ses habitants»

Toutefois, Netanyahu campe toujours sur sa position et se montre bien décidé à mener jusqu’au bout son opération sur Rafah. Le Premier ministre israélien a déclaré dimanche, à la chaîne américaine CBS, qu’une trêve «ne ferait que retarder» l’offensive sur Rafah.

Il a tenté de rassurer quant au sort des civils palestiniens en soutenant qu’«il y a de la place au nord de Rafah, dans les zones où nous avons terminé le combat», indique l’AFP. Par ailleurs, l’armée israélienne a présenté hier au cabinet de guerre «un plan pour l’évacuation des populations des zones de combat dans la Bande de Ghaza, ainsi que le plan d’opérations à venir», rapporte l’agence française.

L’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert a accusé vendredi Netanyahu de fomenter un plan machiavélique. D’après lui, le véritable objectif de l’extrême droite israélienne est de s’emparer de l’ensemble de la Cisjordanie et de faire main basse sur ses lieux saints.

Qualifiant le gouvernement Netanyahu de «gang», Omert écrit dans le quotidien Haaretz : «L’objectif suprême du duo de ministres de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et des Finances, Bezalel Smotrich, n’est pas l’occupation de la Bande de Ghaza. Ghaza n’est que le chapitre d’introduction, la plateforme que ce gang veut construire comme fondation sur laquelle sera mené le véritable combat qu’ils envisagent : la bataille pour la Cisjordanie et le Mont du Temple», allusion à l’Esplanade des mosquées, où se trouve le Dôme du Rocher.

«Le but ultime de ce gang est de ‘‘purger’’ la Cisjordanie de ses habitants palestiniens, et de nettoyer le Mont du Temple de ses fidèles musulmans», répète Ehud Olmert. D’après certaines estimations, 700 000 colons israéliens sont déjà installés dans près de 300 colonies illégales en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.

Dans son hystérie belliqueuse, Israël élargit ses attaques contre le Liban. Hier, des avions de chasse de l’Etat hébreu ont bombardé pour la première fois la région de Baalbek, dans la plaine de la Bekaa, contrôlée par le Hezbollah, à l’est du Liban. Selon l’AFP, deux raids israéliens ont ciblé deux bâtiments, «un dépôt du Hezbollah et l’autre un bâtiment relevant de la formation islamiste pro-iranienne aux abords de la ville de Baalbek».

Ces frappes ont fait deux morts parmi les combattants du Hezbollah. Elles ont été déclenchées en représailles à un tir de missile sol-air du mouvement de résistance chiite libanais qui a détruit un drone israélien de type Hermes 450 à Iqlim Ettoufah, au Sud-Liban, près de la frontière avec Israël.

Un soldat américain s’immole en criant «Free Palestine»

A noter pour finir, ce geste de révolte à la fois courageux et désespéré d’un soldat américain. Pour exprimer son indignation face à ce qui se passe à Ghaza, Aaron Bushnell, jeune militaire de 25 ans servant dans l’armée de l’air américaine, s’est immolé dimanche devant l’ambassade d’Israël à Washington en criant «Free Palestine». Il est mort hier de ses brûlures.

L’information a été donnée par plusieurs médias américains avant d’être confirmée par le Pentagone. Peu avant de passer à l’acte, «il a publié un message sur son compte Facebook accompagné d’un lien vers un flux Twitch qui a depuis été supprimé», précise le magazine Newsweek sur son site web. Bushnell a écrit : «Beaucoup d’entre nous aiment se demander : que ferais-je si j’étais en vie pendant l’esclavage ?

Ou pendant le Jim Crow South (les lois Jim Crow instituaient la ségrégation raciale au sud des Etats-Unis à partir de 1877, ndlr) ? Ou pendant l’apartheid ?

Que ferais-je si mon pays commettait un génocide ? La réponse est que vous le faites. Maintenant.» Réagissant au geste héroïque d’Aaron Bushnell, la juriste palestinienne Rima Hassan a posté ce message sur le réseau X : «Aaron Bushnell, membre de l’US Air Force, s’est immolé devant l’ambassade d’Israël à Washington en criant ‘‘Free Palestine’’.

Il a indiqué ne pas vouloir être complice du génocide en cours. ‘‘Je suis sur le point de m’engager dans un acte de protestation extrême. Mais comparé à ce que les gens ont vécu en Palestine aux mains de leurs colonisateurs, ce n’est pas extrême du tout.

C’est ce que notre classe dirigeante a jugé normal’’.» Le message de la militante palestinienne est accompagné d’une photo du soldat américain en tenue militaire dévoré par les flammes. Paix à ton âme, Aaron ! 
 

 

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