France: la réforme des retraites validée, l'opposition ne désarme pas

16/04/2023 mis à jour: 18:15
AFP
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L'impopulaire réforme des retraites et sa mesure phare, le recul de l'âge de départ à 64 ans, ont été validées vendredi par le Conseil Constitutionnel français, au grand dam des oppositions et des syndicats, déterminés à continuer à combattre ce projet emblématique du président Macron. La décision a été accueillie par des huées, de la consternation ou de la colère lors de rassemblements dans toute la France, qui ont parfois débouché sur des manifestations sauvages émaillées de dégradations. "Certains disent que la mobilisation faiblit, moi je crois qu'elle se radicalise", a estimé Raji Aletcheredji, 24 ans, du syndicat Solidaires. A Paris, plusieurs centaines de personnes se sont réunies en cortèges sauvages. Dans la soirée, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a confirmé l'arrestation de "quelques dizaines de personnes" et une "trentaine de mises à feu de poubelles". A Rennes, dans l'ouest de la France, la porte d'un poste de police a été brièvement incendiée. Et à Marseille, dans le sud, le trafic ferroviaire a été suspendu en raison de la présence de manifestants sur les voies. A Paris, retranché derrière des barrières anti-émeutes, le Conseil constitutionnel était sous bonne garde. Toute manifestation aux abords de son siège, dans une aile du Palais Royal, est interdite jusqu'à samedi matin. La Comédie française voisine a annulé ses représentations de vendredi. Les neuf "Sages" du Conseil, gardien des institutions, ont validé l'essentiel du texte, censurant certains aspects secondaires de la réforme, et rejeté un projet de référendum demandé par la gauche. Cette décision, à laquelle l'exécutif et les syndicats étaient suspendus depuis plusieurs semaines, ouvre la voie à la promulgation rapide de la loi. Elle est censée clore une crise qui dure depuis plus de trois mois. Mais réunie en soirée, l'intersyndicale a appelé le président à ne pas promulguer la réforme. Elle a souligné que la censure par le Conseil de six articles de la loi (notamment sur l'emploi des seniors) rendait le texte, "déjà injuste", "encore plus déséquilibré". "Ce soir, il n'y a ni vainqueur ni vaincu", a tweeté de son côté la Première ministre Elisabeth Borne. Le président Emmanuel Macron avait pour sa part, avant même la décision du Conseil, invité les syndicats à le rencontrer mardi, dans l'optique de restaurer le dialogue. Mais ces gestes d'apaisement pourraient tourner court. Les syndicats ont fait savoir qu'ils ne rencontreraient pas l'exécutif avant le 1er mai, fête du Travail pour laquelle ils appellent à "une journée de mobilisation exceptionnelle". Et les oppositions ont immédiatement promis de poursuivre le combat.

Craintes d'éruption sociale

"La lutte continue", a réagi le patron de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, tandis que la cheffe de file de l'extrême droite Marine Le Pen estimait que "le sort politique de la réforme des retraites n'est pas scellé". Le chef du Parti communiste Fabien Roussel a appelé l'exécutif à "ne pas promulguer" cette loi. "Je crains l'éruption sociale, je crains aujourd'hui le débordement", a-t-il mis en garde. Certaines manifestations ont été marquées par des violences, surtout depuis le passage en force du gouvernement, qui a utilisé en mars une disposition constitutionnelle (dite 49.3) pour faire adopter le projet sans vote. Le président du parti de droite traditionnelle LR, Eric Ciotti, a pour sa part appelé "toutes les forces politiques" à "accepter" la décision du Conseil constitutionnel. Rassemblés sur le parvis de l'Hôtel de ville à Paris, des centaines d'opposants ont accueilli cette décision par des huées. "On va continuer bien sûr, on va amplifier les manifestations, avec ou sans l'intersyndicale. Le temps va jouer pour nous. Macron sera obligé de reculer", assurait John Barlou, 37 ans. La contestation, qui agite le pays depuis mi-janvier, s'était essouflée lors des dernières journées d'action, notamment jeudi, la 12e. Mais la colère reste vive même si l'exécutif espère, avec cette décision, reprendre la marche de ce second quinquennat de M. Macron, sérieusement entravé. Les décisions du Conseil ne sont pas susceptibles de recours. La France est l'un des pays européens où l'âge de départ à la retraite est le plus bas, mais avec des systèmes très différents. L'exécutif justifie son projet par la nécessité de répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population, mais les opposants le jugent "injuste", notamment pour les femmes et les salariés aux métiers pénibles. 

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