Faisant face à une grave crise humanitaire : Ghaza panse ses plaies

11/02/2025 mis à jour: 14:55
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Si la trêve à Ghaza a permis l’acheminement de l’aide humanitaire, la situation reste précaire pour les habitants de l’enclave. Hier, un neuvième contingent d’évacuations médicales était  censé quitter Ghaza en vertu de l’accord de cessez-le-feu. 

Cinquante patients, chacun accompagné de trois proches, soit un total de 200 personnes, devaient franchir la frontière via le poste de Rafah en direction de l’Egypte ou d’autres destinations médicales. Cependant, le processus de sélection, supervisé par l’armée d’occupation israélienne, s’est avéré ardu.,Les conditions météorologiques viennent encore compliquer la situation. 

Les précipitations hier ont provoqué des inondations, rendant les routes impraticables et entravant les déplacements des habitants, en particulier ceux qui regagnent leurs quartiers dans le nord. A Cheikh Radwan, l’un des districts les plus affectés par les bombardements, des familles tentent de déblayer les décombres et de réhabiliter tant bien que mal leurs logements endommagés.

En tout et pour tout, et selon le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, plus de 10 000 camions d’aide avaient franchi les frontières de Ghaza depuis le début du cessez-le-feu, le 19 janvier. Ces convois transportent vivres, médicaments et tentes pour tenter de soulager les souffrances d’une population exsangue. Cependant, ces efforts restent insuffisants face aux besoins colossaux de la population. 

Selon Farhan Haq, porte-parole adjoint du Secrétaire général de l’ONU, plus de 500 000 personnes ont regagné le nord de Ghaza depuis la trêve. La demande en eau potable, denrées alimentaires et soins médicaux explose, tandis que de nombreux habitants n’ont d’autre choix que de creuser parmi les décombres pour récupérer des matériaux réutilisables. Le porte-parole adjoint a en outre indiqué que les partenaires humanitaires ont examiné plus de 30 000 enfants de moins de cinq ans pour détecter la malnutrition depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Parmi eux, 1150 cas de malnutrition aiguë ont été identifiés, dont 230 cas de malnutrition aiguë sévère.

Précarité alarmante

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé avoir reçu 63 camions de fournitures médicales, réapprovisionnant partiellement ses entrepôts à Ghaza. Par ailleurs, plus de 100 patients ont déjà été évacués vers l’Egypte pour des soins d’urgence depuis l’entrée en vigueur de la trêve. 

Dans un effort pour renforcer les capacités de secours, cinq nouvelles ambulances ont été introduites dans l’enclave. Néanmoins, l’ensemble du réseau sanitaire est dans un état lamentable, après des mois de bombardements israéliens visant particulièrement les  hôpitaux et cliniques. Il reste néanmoins quelques lueurs d’espoir permettant aux Palestiniens de Ghaza de tenir le coup : vingt-deux boulangeries, soutenues par le Programme alimentaire mondial (PAM), ont repris leur production. Par ailleurs, des compléments alimentaires ont été distribués à plus de 80 000 enfants et femmes enceintes ou allaitantes, tandis que l’Unicef continue de surveiller l’état nutritionnel des nourrissons.

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a également apporté son soutien aux agriculteurs locaux en distribuant près de 100 tonnes d’aliments pour bétail, une aide pour tenter de relancer la production agricole dans certaines zones moins touchées, sachant néanmoins que certaines terres sont désormais incultivables. L'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) alerte sur la précarité alarmante dans laquelle vivent de nombreuses familles, contraintes de s'abriter sous des tentes défraîchies ou des abris de fortune qui n'offrent qu'une protection dérisoire contre les températures glaciales. 

Dans la ville de Deir el-Balah, au centre de l'enclave, et dans le nord, qui a subi un siège prolongé de l'armée d’occupation israélienne, les conditions de vie sont déplorables. Les conséquences sanitaires sont déjà visibles. Les soignants constatent une recrudescence de maladies dermatologiques et de pathologies infectieuses, en particulier autour des hôpitaux, où l'accumulation des ordures constitue un véritable foyer épidémique. Les déplacements dans la ville sont devenus un calvaire. Entre les rues inondées et la boue omniprésente, les habitants tentent d'avancer tant bien que mal, portant avec eux leurs biens les plus essentiels, tels que de l'eau et quelques provisions.

Tess Ingram, porte-parole de l'Unicef, souligne le traumatisme profond qui touche les enfants. Elle alerte dans une vidéo postée sur X : «Ils reviennent dans des quartiers où tout a disparu : plus d'eau, plus de soins de santé, plus rien de ce dont ils ont besoin pour survivre.» Aujourd’hui, l'ONG Handicap international craint des milliers de victimes futures à Ghaza du fait des dizaines de milliers des munitions non explosées se trouvant dans les ruines du territoire palestinien. Sachant que traditionnellement, entre 9 et 13% de ces munitions n'explosent pas, des dizaines de milliers de ces bombes, missiles, roquettes... se trouvent encore sur place, prêtes à se déclencher en cas de mauvaise manipulation. Simon Elmont, un expert en déminage d'Handicap international affirme que les accidents vont alors se multiplier, des centaines, sinon des milliers d'incidents au cours desquels des personnes peuvent être blessés, et malheureusement parfois mortellement.  

Dans un communiqué, Handicap international a qualifié la grande quantité de munitions non explosées de menace majeure pour la population de Ghaza.     
 

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