Durant 15 mois de la guerre génocidaire contre Ghaza : L’administration Biden a fourni 22 milliards de dollars d’aide à Israël

09/01/2025 mis à jour: 05:14
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Photo : D. R.

L’administration Biden a  fourni  plus de 22 milliards de dollars d’aide militaire à Israël, afin de soutenir la guerre génocidaire contre la population de Ghaza, mais aussi les autres guerres menées contre le Liban, la Syrie, l’Iran et le Yémen.

En une année et deux mois, l’aide militaire accordée par l’administration Biden à Israël a atteint des niveaux exceptionnels en dépassant la somme de 22 milliards de dollars, alors qu’au début de cette semaine, à quelques jours de la fin du mandat de Joe Biden, ce dernier a notifié, au Congrès, un nouvel accord d’armement avec l’entité sioniste d’un montant de 8 milliards de dollars, comprenant des missiles air-air, des bombes de 227 kg et d’autres armes.

Un accord qui risque de passer comme une lettre à la poste, eu égard à  la nouvelle composante du Congrès, majoritairement pro-israélienne et dont le président a annoncé, mardi dernier, la tenue d’un vote, la semaine prochaine, d’un projet de loi sanctionnant les magistrats de la Cour pénale internationale (CPI), qui avaient émis des mandats d’arrêt internationaux contre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant,  pour des crimes de guerre et contre l’humanité à Ghaza, sous prétexte que la juridiction n’a aucune autorité sur Israël ni sur les Etats-Unis. 

Allié indéfectible de l’Etat hébreu, Washington, et ce, dès le début de la guerre contre Ghaza, n’a ménagé aucun effort pour le soutenir militairement, politiquement et diplomatiquement. Dans une déclaration sous le couvert de l’anonymat,  au site américain Axios, un responsable américain a expliqué : «Le Président a clairement indiqué qu’Israël avait le droit de défendre ses citoyens, conformément au droit international et au droit international humanitaire, et de dissuader l’Iran et ses organisations mandatées d’attaquer Israël. Nous continuerons à fournir les capacités nécessaires à la défense d’Israël.»

Dans une analyse des coûts de la guerre, réalisée par l’Institut Watson pour les affaires internationales et politiques, de l’université Brown aux USA, Washington a dépensé au moins 17,9 milliards de dollars en aide militaire à Israël depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, alors qu’au mois d’août 2024, alors que toutes les organisations internationales des droits de l’homme et les experts onusiens dénonçaient un génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, pour lesquels la CPI a lancé des mandats d’arrêt contre les dirigeants de l’Etat hébreu, la presse israélienne annonce, en citant un communiqué du ministère de la Défense de son pays, la réception de 50 000 tonnes d’armes et d’équipements américains.

«Sans les armes US, Israël n’aurait pas tenu»

A en croire les statistiques Sipri (Institut international de recherche sur la paix) de Stockholm, le volume des armes américaines en Israël a connu une hausse importante en moins d’une année. Il  était de 69% de 2019 jusqu’en début du mois d’octobre  2023, avant de progresser rapidement, juste après le 7 octobre,  pour atteindre, en moins d’une année, les  78%.

Une évolution qui démontre combien l’armée israélienne reste dépendante de l’armement américain. Dans son étude sur les coûts de la guerre, l’Institut Watson a révélé, en octobre 2024, que durant une année de guerre contre Ghaza, l’administration Biden a fourni à Israël 17,9 milliards de dollars d’aide militaire. Depuis,  ce soutien n’a pas arrêté, puisque l’Etat hébreu a bénéficié d’un contrat de 5,2 milliards de dollars portant sur l’acquisition d’avions de combat F-15, auprès de Boeing, financé par l’administration américaine.

Ce qui porte le montant total de l’aide américaine, depuis le 7 octobre 2023, à plus de 22 milliards de dollars, a révélé le site américain Mondoweiss. Mieux encore. L’étude de l’Institut Watson sur les coûts de la guerre a estimé à au moins 4,8 milliards de dollars les dépenses liées aux opérations militaires US au Moyen-Orient en soutien à Israël, montant qui, selon Mondoweiss, doit être revu à la hausse  du fait que Washington a poursuivi ses bombardements contre le Yémen et déployé le système de défense aérienne Thaad en Israël.

Pour le journal israélien de gauche Haaretz, citant un responsable de l’armée de l’air sous le couvert de l’anonymat, «sans l’aide américaine, Israël ne serait pas en mesure de poursuivre ses opérations à Ghaza plus de quelques mois». Cette aide militaire soutenue a donc permis non seulement de prolonger la guerre génocidaire à Ghaza, mais aussi de mener des opérations militaires en Cisjordanie occupée, et de lancer parallèlement d’autres guerres au Liban, en Syrie, en Iran et au Yémen, a écrit Mondweiss. 

Pour ce média, en tant que puissant allié d’Israël, l’administration Biden «fournit des équipements militaires de pointe, notamment des missiles du système de défense Iron Dome, des bombes guidées avec précision, des hélicoptères de transport lourd CH-53, des hélicoptères de combat AH-64 Apache et des véhicules blindés».

Le même média a rappelé aussi qu’un «accord d’aide militaire de 38 milliards de dollars, signé en 2016 pour dix ans, reste en vigueur et alloue 3,8 milliards de dollars par an au financement militaire et à la défense antimissile». Selon la même source, en 2024, «des mesures d’urgence supplémentaires ont été approuvées, dont 14,1 milliards de dollars en février et des livraisons d’armes d’une valeur de 2,5 milliards de dollars en mars.

A ce jour, les Etats-Unis ont approuvé plus de 100 contrats d’armement avec Israël, malgré les critiques croissantes concernant l’utilisation d’armes dans des zones peuplées et le contrôle limité du Congrès». Faisant fi de toutes les critiques et les craintes de poursuite auprès des tribunaux internationaux,  pour complicité dans le génocide, l’administration Biden n’a pas fléchi un instant.

Mieux encore. Le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, a dans un entretien accordé au New York Times, il y a quelques jours, rejeté l’idée d’un génocide en cours à Ghaza et a préféré parler plus du bilan de l’administration Biden dans la région. Mais la dernière décision de livraison d’armes a soulevé un tollé au sein des organisations de défense des droits de l’homme.

«Si le président Biden est bien celui qui a approuvé cette nouvelle vente d’armes de 8 milliards de dollars, alors c’est un criminel de guerre qui mérite d’être incarcéré dans une cellule à La Haye aux côtés de Netanyahu», a déclaré, à Mondweiss,  le directeur exécutif national du Conseil des relations américano-islamiques, basé aux USA, Council on American–Islamic Relations (CAIR), Nihad Awad, ajoutant : «Mais Antony Blinken, Brett McGurk, Jake Sullivan et d’autres collaborateurs prennent ces décisions inconsidérées en tant que présidents fantômes, alors toute personne dotée d’une conscience au sein de l’administration devrait dénoncer maintenant leurs abus de pouvoir.»

«La poursuite des transferts d’armes rendra les Etats-Unis complices»

Amnesty International avait averti que les Etats-Unis « étaient au courant de l’utilisation illégale par le gouvernement israélien d’armes d’origine américaine, y compris dans le cadre de crimes de guerre, et sera complice de nouvelles violations commises avec ces armes». Dans son communiqué signé par Paul O’Brien, directeur exécutif de l’organisation aux USA, on peut lire : «Assez, c’est assez.

Le gouvernement américain a reçu de nombreuses preuves provenant d’experts du monde entier selon lesquelles des armes d’origine américaine ont été utilisées dans des crimes de guerre et des homicides illégaux par le gouvernement israélien. La poursuite des transferts d’armes rendra les Etats-Unis complices des violations du droit international commises avec ces armes.»

Le responsable d’Amnesty International a expliqué que les recherches de l’organisation «ont montré à plusieurs reprises que le gouvernement israélien utilise des armes fournies par les Etats-Unis pour commettre de graves violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme, ainsi que de la loi et de la politique américaines.

La Cour internationale de justice a jugé que le risque de génocide à Ghaza était plausible et même dans leur propre évaluation, les Etats-Unis ont déterminé qu’il était raisonnable d’évaluer que les forces israéliennes avaient utilisé des armes américaines pour violer le droit humanitaire international (…) A la lumière de ces conclusions, dans un premier temps, le président Biden doit mettre fin à la complicité des Etats-Unis avec les graves violations du droit international par le gouvernement israélien et suspendre immédiatement le transfert d’armes au gouvernement israélien».

O’Brien n’a pas cesser d’avertir  qu’avec «des milliers de vies civiles en jeu chaque jour, le gouvernement américain et les entreprises américaines se retrouvent vulnérables à la responsabilité et à la culpabilité en raison de leur complicité». Pour lui, «il est maintenant temps de suspendre de toute urgence tous les transferts d’armes vers le gouvernement israélien et de faire pression en faveur d’un cessez-le-feu permanent».

Mais depuis, les cargaisons militaires se sont multipliées, et chacune avec une technologie plus avancée en matière de destruction et d’assassinats massifs de civils désarmés. Toutes les conventions internationales liées à la lutte contre le génocide mettent les Etats signataires ou non, devant leur responsabilité en cas de complicité à travers le soutien militaire, politique ou diplomatique, des auteurs de ce crime international.

Ils encourent des poursuites en tant qu’Etat, devant la CIJ et en tant que personne devant les tribunaux internationaux. Il suffit de traquer les criminels de guerre et leurs complices à travers le monde, comme le font aujourd’hui de nombreuses ONG internationales et des avocats au niveau international pour que justice soit rendue.  S. T.

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