Dommages causés aux infrastructures à Ghaza : 18,5 milliards de dollars partis en fumée

07/04/2024 mis à jour: 06:56
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Photo : D. R.

Un rapport conjoint de la Banque mondiale et de l’Organisation des Nations unies estime les dommages causés aux infrastructures critiques à Ghaza jusqu’à la fin janvier à pas moins de 18,5 milliards de dollars.

Le rapport fait remarquer que ce montant correspond à 97% du PIB combiné de la Cisjordanie et de la bande de Ghaza en 2022.

Etant toujours provisoire, puisque la guerre continue contre la population de Ghaza et qu’il est difficile aujourd’hui d’établir un bilan exact des dommages et des dégâts, ce rapport d’évaluation, rendu public ce début avril, s’appuie sur des données collectées à distance en tentant de mesurer l’ampleur des préjudices causés aux infrastructures physiques essentielles entre octobre 2023 et fin janvier 2024.

«Le coût des dommages, des pertes et des besoins qui sera établi dans le cadre d’une évaluation RDNA devrait être sensiblement plus élevé que les estimations du rapport d’évaluation provisoire publié aujourd’hui», ont tenu à préciser les auteurs du rapport.

Le bilan préliminaire, qui est déjà très lourd, fait état d’une destruction quasi totale de tous les secteurs vitaux. «Si les destructions touchent tous les secteurs de l’économie, le logement représente à lui seul 72% du coût total des dégâts, devant les infrastructures de service public, comme l’eau, la santé et l’éducation (19%), et les dégâts causés aux bâtiments commerciaux et industriels (9%)», précise le document de la Banque mondiale.

Et de noter que pour «plusieurs des secteurs évalués, les taux de destruction semblent se stabiliser du fait que la majorité des actifs matériels ont déjà été endommagés ou détruits».

Selon la même source, il faudra plusieurs années pour parvenir à déblayer les tonnes de gravats, dont le volume a atteint à ce jour pas moins de 26 millions de tonnes.

Plus qu’une guerre menée contre l’économie de Ghaza, un drame humain touche toute la population ghazaouie. «Plus de la moitié d’entre eux est proche de la famine, tandis que l’ensemble de la population souffre d’insécurité alimentaire et de malnutrition aiguës.

Plus d’un million de personnes sont sans logement et 75% de la population a été déplacée», rapporte la même source.

«Black-out total»

La santé physique et mentale des Ghazaouis est durement touchée. «Les effets cumulés du conflit sur la santé physique et mentale touchent plus durement les femmes, les enfants, les personnes âgées et les handicapés, avec des répercussions à vie sur le développement des plus jeunes», lit-on dans le document conjoint de la BM et de l’ONU.

L’accès de la population aux soins, aux médicaments et à des traitements vitaux est très restreint, note le rapport en précisant que pas moins de 84% des équipements de santé ont été détruits ou endommagés par la guerre. Le peu d’équipements qui fonctionnent encore manquent d’eau et d’électricité.

La détresse des Ghazaouis est telle que «les capacités de production du système d’approvisionnement en eau et d’assainissement, en état de quasi-effondrement, sont tombées à moins de 5% de leur niveau habituel, et les habitants ne disposent que d’une quantité d’eau limitée pour assurer leur survie».

Ceci sans parler du système éducatif complètement effondré et la non-scolarisation de la totalité des enfants. La guerre n’a épargné aucune vie ni aucun secteur.

Le rapport d’évaluation fait également référence à l’ampleur des dégâts ciblant les réseaux électriques et installations solaires photovoltaïques.

«La bande de Ghaza est soumise à un black-out quasiment total depuis la première semaine du conflit… alors que 92% des routes principales détruites ou endommagées et des infrastructures de communication gravement détériorées, l’acheminement de l’aide humanitaire est devenu très difficile», déplore le rapport. 

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