L'invasion de Rafah aura lieu dans quelques jours. Netanyahu en a fait l’annonce publiquement, au lendemain de la décision prise par le Congrès américain d’octroyer à Israël la somme de 26 milliards de dollars, s’ajoutant à celle débloquée, il y a trois mois, de 14 milliards de dollars.
Le Premier ministre israélien est donc définitivement persuadé que les Etats-Unis sont fondamentalement derrière lui et que les quelques remontrances qui lui ont été faites, çà et là, ne servent qu' à calmer les esprits de ceux qui, notamment au sein du clan Biden, sont quelque peu irrités par l’arrogance de Netanyahu. Les Etats-Unis n’ont pas hésité à réunir autour d’eux une coalition de pays pour stopper les drones et missiles de l’Iran tirés en direction d’Israël en représailles à l’assassinat à Damas de plusieurs responsables iraniens.
Ils ont usé de leur droit de veto aux Nations unies pour bloquer la résolution présentée par l’Algérie visant à hisser le statut de la Palestine au rang d’Etat membre et non plus de simple observateur. Une revendication partagée par pratiquement toute la communauté internationale, y compris au sein de l’Occident allié, dont la France et le Japon, dont Netanyahu a eu l’outrecuidance de convoquer leurs ambassadeurs pour les sermonner.
Il peut donc lancer ses chars Merkeva contre la population de Ghaza sans souci quelconque, et passer à la seconde phase qui consiste à s’approprier l’enclave et l’intégrer dans le projet sioniste du Grand Israël toujours avec l’aide active et massive de Washington. Jamais donc l’alliance stratégique entre les deux pays n’est allée aussi loin. Les Américains se sont montrés totalement insensibles au coût humain terrifiant de la guerre à Ghaza, qui est de 34 000 morts, dont les deux tiers sont des femmes et des enfants, 60 000 blessés et la destruction de plus de 70% des infrastructures.
Cela fait partie de leurs gènes de ne pas se soucier des vies humaines dans les guerres qu'ils mènent directement ou indirectement dans le monde. L’histoire le montre aisément, ne serait-ce que depuis un siècle, Hiroshima et Nagasaki au Japon rasées par la bombe atomique, le Sud-Est asiatique, au Vietnam notamment, bombardé par le napalm, l’Amérique latine, la Yougoslavie, l’Afghanistan, l’Irak, etc. par les missiles guidés. Lorsqu’ils ne sont pas intervenus militairement, les Etats-Unis ont usé de soutiens financiers ou logistiques massifs aux gouvernements alliés ou aux mouvements d’opposition à ces derniers. Ils se sont engagés dans plus de 200 conflits dans le monde avec l’obsession de le dominer et d’imposer leurs valeurs qu’ils présentent comme universalistes et démocratiques.
Leur souci majeur est de défendre leurs intérêts économiques et géostratégiques ainsi que d’imposer un ordre international à diriger par eux-mêmes, avec, par moments, une sous-traitance européenne. L’outil qu’ils ont mis en place, en l’occurrence les Nations unies, a été perverti par l’usage inconsidéré et abusif du droit de veto. Ils n’ont pas hésité à geler leur quote-part dans le financement de l’organisme humanitaire l’Unrwa sur pression de Tel-Aviv, alors qu' il prenait en charge des millions de réfugiés palestiniens.
De ce fait, leur implication totale dans la guerre menée à Ghaza est logique, inscrite dans leur philosophie politique, voire leur culture, bien qu’elle ne fasse pas toujours l’unanimité au sein de la population américaine, notamment sa jeunesse abreuvée par d’authentiques valeurs démocratiques et humaines. Washington ne s’est guère soucié de l’embrasement de la région, persuadé que le soutien à Tel-Aviv est la priorité des priorités dans le monde et que, quoi qu'il arrive, il a les moyens de tout gérer, y compris des débordements majeurs, notamment ceux liés à l’usage du nucléaire.
Aussi, il n’y a pas de doute que l’attaque massive israélienne prévue en direction de Rafah recevra le plein soutien des Etats-Unis qui se contenteront, comme d’habitude, de quelques remontrances en direction du gouvernement Netanyahu et de l’envoi d’un peu d’aide humanitaire à une population en pleine souffrance et prise au piège. Le génocide pourra se poursuivra sous la nouvelle pluie de dollars votée par le Congrès américain.