Différend sur le barrage du Nil : L’Ethiopie, l’Egypte et le Soudan reprennent les négociations

24/09/2023 mis à jour: 17:07
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Le méga-barrage sur le Nil est au cœur d’un conflit régional depuis que l’Ethiopie a commencé sa construction en 2011

L’Ethiopie a annoncé hier avoir entamé une deuxième série de négociations avec l’Egypte et le Soudan au sujet du méga-barrage controversé construit par Addis- Abeba sur le Nil, rapporte l’AFP. Projet qui a alimenté des tensions depuis plus d’une décennie entre les trois pays.

«Le deuxième cycle de la négociation tripartite entre l’Ethiopie, l’Egypte et le Soudan concernant (...) l’exploitation annuelle du Grand barrage éthiopien de la Renaissance (GERD) a débuté le 23 septembre 2023 à Addis-Abeba», a déclaré le ministère éthiopien des Affaires étrangères sur X (anciennement Twitter).

«L’Ethiopie s’est engagée à trouver une solution négociée et à l’amiable dans le cadre du processus trilatéral en cours», a-t-il ajouté. 

Addis-Abeba a fait état le 10 septembre de la fin du remplissage du Gerd, suscitant la condamnation immédiate du Caire, qui a dénoncé l’illégalité de la démarche.

L’Egypte et le Soudan considèrent le gigantesque barrage, qui a coûté 4,2 milliards de dollars, comme une menace pour leur approvisionnement en eau. Ils ont demandé à plusieurs reprises à Addis-Abeba de cesser de le remplir jusqu’à ce qu’un accord soit conclu sur ses modalités de fonctionnement. 

Ce barrage est au cœur d’un conflit régional depuis que l’Ethiopie a commencé sa construction en 2011. Le président égyptien, Abdel Fattah Al Sissi, et le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, ont convenu en juillet de finaliser un accord dans les quatre mois.

Des négociations entre les trois pays, interrompues depuis avril 2021, ont repris le 27 août au Caire dans le but de parvenir à un accord «tenant compte des intérêts et des préoccupations des trois pays», a affirmé le ministère égyptien de l’Eau et de l’Irrigation, Hani Sewilam. «Il est important de mettre un terme aux mesures unilatérales», a-t-il ajouté.

L’Egypte considère le barrage comme une menace existentielle, car elle dépend du Nil pour 97% de ses besoins en eau. 

Le Caire observe que ce projet priverait de 130 milliards de mètres cubes, chaque année, le lit aval du Nil, et exige ainsi une gestion concertée, à l’exemple de celle partagée entre la Mauritanie, le Mali, la Guinée et le Sénégal autour du fleuve Sénégal. En trente ans, les précipitations ont chuté de 22% dans le pays, selon la Banque mondiale.

Intérêts divergents

L’Ethiopie veut garder le contrôle exclusif du barrage et a accusé l’Egypte, en février dernier, d’armer les combattants rebelles du Tigré. Le barrage est au cœur des plans de développement de l’Ethiopie. En février 2022, Addis- Abeba a annoncé qu’il a commencé à produire de l’électricité pour la première fois. 

A pleine capacité, l’immense barrage hydroélectrique, long de 1,8 kilomètre et haut de 145 mètres, doit produire plus de 5000 mégawatts. Cela doublerait la production d’électricité de l’Ethiopie, à laquelle seule la moitié des 120 millions d’habitants du pays a actuellement accès. 

De leur côté, les Nations unies estiment que l’Egypte pourrait «manquer d’eau d’ici 2025» et que certaines régions du Soudan, où le conflit du Darfour était essentiellement lié à l’accès à l’eau, sont de plus en plus vulnérables à la sécheresse en raison du changement climatique. La position de Khartoum a varié ces dernières années. 

Après plusieurs mois de front commun avec l’Egypte, en 2022, le dirigeant soudanais, le général Abdel Fattah Al Burhane, s’est dit, en janvier dernier, «d’accord sur tous les points» avec Abiy Ahmed à propos du Gerd. Sachant qu’Addis-Abeba et Khar-toum sont en conflit sur le triangle d’Al Fashaga, une région fertile à la frontière entre les deux pays.

Entre-temps, le Soudan voit le Gerd utile pour réduire l’ampleur des inondations provoquées chaque année par les crues du Nil.

Mais le pays est ravagé, depuis mi-avril, par un conflit entre deux généraux : Abdel Fattah Al Burhan, qui dirige l’armée, et Mohamed Hamdane Daglo dit «Hemeti», chef des Forces de soutien rapide (RSF) et numéro deux de la junte au pouvoir.

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