Aussi bien les médias israéliens, américains que britanniques ont évoqué une «lueur d’espoir» tout en restant prudents, alors que l’administration Biden sortante et celle de Trump qui la remplacera font la course pour s’approprier, chacune de son côté, un cessez-le feu, avant le 20 janvier.
Alors que le mouvement de résistance palestinienne Hamas exprimait, hier en début d’après-midi, son «engagement envers notre peuple déterminé et patient et envers nos prisonniers héroïques dans les prisons», en réaffirmant que «la liberté» de ces derniers est proche, le ministre des Affaires étrangères israélien, Gidéon Sa’ar, a évoqué des avancées dans les pourparlers pour un accord de cessez-le-feu à Ghaza, en contrepartie de la libération des otages israéliens et des détenus palestiniens. «Des progrès ont été réalisés, nous constatons quelques avancées dans les négociations», a déclaré le ministre, lors d’une conférence de presse commune, ajoutant : «Israël veut un accord sur les otages.
Israël travaille avec nos amis américains pour parvenir à un accord sur les otages, et nous saurons bientôt si l’autre partie veut la même chose.» Sur le calendrier de cet éventuel accord, le ministre israélien est resté très prudent en affirmant : «Il y a des progrès, j’ai dit que ça avait l’air bien mieux que précédemment… mais je ne veux pas en dire plus, car je me rends compte qu’il y a des familles qui sont sensibles à chaque mot et à chaque phrase.» Il a également souligné que son pays travaille aussi bien avec l’administration Biden, en fin de mandat, qu’avec la nouvelle, qui entrera en fonction le 20 janvier, avant de conclure : «J’espère que dans peu de temps, nous verrons des choses se produire, mais cela reste à prouver.»
Une déclaration qui intervient alors que des médias britanniques, israéliens et américains ont fait état d’une avancée importante dans les pourparlers pour un cessez-le feu durant la nuit du dimanche à lundi derniers. La presse israélienne était majoritairement unanime à affirmer qu’«une avancée a été réalisée dans la nuit de dimanche à lundi» et qu’«un accord de cessez-le-feu potentiel était apparemment proche dans le cas où il est approuvé» par le Hamas.
Les détails de cet éventuel accord ont été convenus et les médiateurs attendent l’approbation finale du Hamas, a révélé la chaîne israélienne Channel 12, reprise hier par les médias locaux, en précisant que cette mouture est similaire à l’accord en trois étapes discuté au mois de mai dernier, qui porte sur la libération, dans une première étape des enfants, des femmes, des personnes âgées de plus de 50 ans et/ou handicapées, et ce, à titre humanitaire.
Au 16e jour du cessez-le feu, ont expliqué les mêmes médias, commenceront les négociations pour la libération des hommes en âge de porter les armes, alors que la troisième étape porte sur l’après-guerre, c’est-à-dire la gouvernance et la reconstruction de Ghaza. Citant, un responsable impliqué dans les négociations à Doha, la radio militaire israélienne a fait état de progrès prudents, tout en précisant que la direction prise par ces négociations semble positive.
Un accord avant la fin du mandat de Biden
Pour la chaîne hébraïque Channel 13 : «Si le Hamas répond rapidement, tous les détails pourront être finalisés en quelques jours (…). Israël a parcouru un long chemin dans les négociations.» Abondant dans le même sens, l’agence de presse américaine Associated Press a évoqué «des progrès significatifs dans la nuit de dimanche à lundi» pour aboutir à un accord. Selon le média, trois responsables reconnaissent, sous le couvert de l’anonymat, car étant non autorisés à parler des pourparlers, que «des progrès ont été réalisés et affirment que les prochains jours seront cruciaux pour mettre fin à la guerre génocidaire contre Ghaza».
Reprise par de nombreux médias israéliens, l’agence américaine a expliqué que «l’un des trois responsables et un responsable du Hamas ont déclaré qu’il restait encore un certain nombre d’obstacles à surmonter (…). Une personne au courant des discussions a déclaré qu’une avancée avait été réalisée dans la nuit (de dimanche à lundi) et qu’un projet d’accord était sur la table.
Les négociateurs israéliens et du Hamas vont maintenant soumettre le projet à leurs dirigeants respectifs pour approbation finale», a indiqué cette personne. Selon cette source, les médiateurs du Qatar ont fait pression sur le Hamas pour qu’il accepte l’accord, tandis que l’envoyé spécial du président américain élu Donald Trump, Steve Witkoff, faisait pression sur les Israéliens.
AP, qui a cité un responsable égyptien, sans le nommer, confirme lui aussi «les progrès enregistrés durant la nuit de dimanche à lundi, dans les négociations mais, a-t-il averti, il faudra probablement attendre encore quelques jours», et que «les deux parties souhaitaient parvenir à un accord avant l’investiture de Donald Trump le 20 janvier».
Dans son édition d’hier, Axios, un site américain d’information, a été plus prolifique en détails. «Si un accord est trouvé, la première phase pourrait inclure la libération de 33 otages, certains encore en vie et d’autres morts», a-t-il écrit, en précisant qu’«environ 98 otages sont toujours détenus par le Hamas à Ghaza, parmi lesquels sept Américains. Selon les services de Renseignement israéliens, environ la moitié des otages seraient encore en vie, dont trois Américains».
Pour le média, la première phase devrait également inclure un cessez-le-feu à Ghaza pour une période de six à sept semaines et la libération de centaines de prisonniers palestiniens. Il a rappelé les propos de John Kirby, porte-parole de la Maison-Blanche, tenus vendredi dernier, faisant état de «progrès» dans les négociations et la possibilité d’un accord sur la libération des otages de Ghaza et un cessez-le-feu «avant le 20 janvier tout en restant prudent, en affirmant que davantage de compromis sont nécessaires».
Allant dans le même sens, l’agence de presse britannique Reuters a annoncé hier, sur la base de déclarations d’un «responsable informé des négociations, sans le citer, le médiateur qatari a remis à Israël et au Hamas un projet final d’accord de cessez-le-feu et de libération d’otages destiné à mettre fin à la guerre à Ghaza». Les «avancées» dont parlent les médias américains, britanniques et israéliens ont été précédées, dimanche dernier, par des discussions (par téléphone) entre le président américain sortant, Joe Biden, et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu.
C’est ce qu’a indiqué la Maison-Blanche, dans son communiqué, diffusé après l’entretien entre les deux responsables. L’administration Biden, qui a été un des soutiens militaires le plus important et le plus puissant de la guerre contre Ghaza, a expliqué que ses dirigeants «s’efforcent à parvenir à un accord pour la libération des otages et un cessez-le-feu à Ghaza avant que Joe Biden ne quitte ses fonctions le 20 janvier».
Elle a déclaré que «Biden et Netanyahu ont discuté des efforts en cours pour parvenir à un accord visant à mettre fin aux combats dans l’enclave palestinienne et à libérer les otages restants (…)», précisant que le président américain «a souligné la nécessité immédiate d’un cessez-le-feu à Ghaza et du retour des otages avec une augmentation de l’aide humanitaire rendue possible par un arrêt des combats dans le cadre de l’accord».
La Maison-Blanche a, par ailleurs, rappelé que son allié Netanyahu a «remercié» l’administration Biden, «pour son soutien de longue date à Israël et le soutien extraordinaire des Etats-Unis à la sécurité et à la défense nationale d’Israël».
Plus tôt, le conseiller à la sécurité de Biden, Jake Sullivan, a déclaré, à la chaîne américaine CNN que «les parties étaient très très proches de parvenir à un accord, mais qu’elles devaient encore le franchir jusqu’à la ligne d’arrivée».
De son côté, le Premier ministre Israélien a écrit, dans un communiqué, avoir «informé Biden des progrès réalisés dans les négociations et du mandat donné à la délégation de sécurité de haut niveau actuellement à Doha afin de faire avancer un accord sur les otages».
Le journal britannique The Guardian a révélé, pour sa part, qu’un «responsable proche des négociations de cessez-le-feu a remis hier, lundi, à Israël et au Hamas un projet final d’accord» en expliquant que cela «serait intervenu après une percée de minuit dans les pourparlers auxquels participait l’envoyé du président américain élu Donald Trump, Steve Witkoff», précisant également que des responsables de l’administration sortante Biden y auraient également participé. Pour le journal, citant la même source sans la nommer, «les prochaines 24 heures seront cruciales pour parvenir à l’accord».
Toutes les informations diffusées hier et avant-hier se recoupent pour laisser entrevoir une lueur d’espoir pour la fin cette guerre génocidaire menée par Israël à Ghaza, sans interruption et intensément depuis plus de 15 mois, tuant plus de 46 000 Palestiniens auxquels il faut ajouter plus de 10 000 disparus, et blessant plus de 100 000 autres dans une ville rasée à près de 80% à coups de bombardements et avec des bulldozers.
Smotrich : «Nous n’en ferons pas partie»
Certains ministres du gouvernement extrémiste de Netanyahu se sont déjà exprimés contre un éventuel accord. Le premier a été celui des Finances, Bzalel Smotrich, de l’extrême droite, qui a déclaré que son parti, le «sionisme religieux ne fera pas partie» de l’accord de cessez-le-feu en cours, qualifié d’ailleurs de «catastrophe pour la sécurité nationale d’Israël».
Connu pour ses positions violentes et racistes à l’égard des Palestiniens, Smotrich a rejeté toute participation à de qu’il a appelé une reddition, en disant : «Nous ne participerons pas à un accord de reddition qui inclurait la libération des terroristes, l’arrêt de la guerre et la dissolution des acquis qui ont été achetés au prix de beaucoup de sang, et l’abandon de nombreux otages (…).
C’est le moment de continuer de toutes nos forces à occuper et à nettoyer toute la bande de Ghaza, de prendre enfin le contrôle de l’aide humanitaire du Hamas et d’ouvrir les portes de l’enfer sur Ghaza jusqu’à ce que le Hamas capitule complètement et que tous les otages soient rendus.»
Pendant ce temps, le Hamas, a prédit dans un communiqué publié en début d’après-midi «une liberté proche» pour les détenus palestiniens. «Nous renouvelons notre engagement envers notre peuple déterminé et patient et envers nos prisonniers héroïques dans les prisons et nous affirmons que leur liberté est proche.» S. T.