En 2011, de nombreux Syriens ont décidé de prendre le chemin de l’exil, quand Bachar Al Assad a réprimé dans le sang les manifestants qui demandaient son départ pendant la période des Printemps arabes.
Maintenant que Bachar Al Assad est tombé, les millions de réfugiés syriens, celles et ceux qui ont fui sa tyrannie en ces années de plomb, caressent l’espoir de rentrer chez eux et revoir le pays qui les a vus naître.
Cela dit, de l’avis des experts, le retour au bercail de ces réfugiés n’est pas une mince affaire et ne fait pas l’unanimité, certaines catégories de Syriens, à l’image des chrétiens, des druzes ou même des kurdes, préfèrent temporiser et y aller avec des pincettes.
C’est que les nouveaux maîtres de Damas, ceux du HTS (Hayat Tahrir El Sham) avec à leur tête l’islamiste patenté Abou Mohammed Al Joulani, n’inspirent pas confiance à tout le monde. S’ajoute à cela la problématique du manque d’infrastructures dans le pays, fortement mises à mal durant les conflits et bombardements qui ont sévi ces 13 dernières années.
Si, en effet, les infrastructures de base font défaut, il est difficile d’envisager le retour, en l’espace de quelques jours ou de quelques semaines, de centaine de milliers, voire de millions de réfugiés syriens, éparpillés à l’heure actuelle un peu partout à travers plusieurs pays du monde.
Autre problématique, et non des moindres, l’insécurité en territoire syrien, où les différents fractions armées continuent de se combattre malgré la chute de la dynastie Al Assad, qui a régné sans partage sur le pays pendant plus de 53 années.
Tout cela a de quoi mettre de l’eau dans le vin des réfugiés, particulièrement ceux qui ont trouvé refuge en des pays sûrs. Pour rappel, c’est en 2011 que de nombreux Syriens ont décidé de prendre le chemin de l’exil quand Bachar Al Assad a réprimé dans le sang les manifestants qui demandaient son départ pendant la période des Printemps arabes.
Méfiance
Le nombre d’exilés a atteint son paroxysme, quelques années plus tard, avec l’apparition du groupe terroriste Daech, qui a voulu instaurer, en territoire syrien, un Etat islamique dans les règles de la charia. Les réfugiés se sont alors comptés en millions et ont trouvé refuge d’abord en Turquie (près de 2 millions) mais aussi en Allemagne, en Jordanie, en Egypte, en Irak, au Liban ainsi que dans d’autres pays.
Leur nombre à ce point élevé a fait d’eux la plus grande population au monde de réfugiés, tant et si bien que même dans des pays plutôt éloignés géographiquement de la Syrie, à l’image de l’Algérie, des dizaines de milliers de réfugiés syriens y ont trouvé refuge aux cours des années 2014 et 2015.
Rappelons aussi que les réfugiés qui se sont établis au Liban, suite à la dernière agression israélienne à l’encontre du pays du Cèdre, ont dû, par dépit, retourner dans leur propre pays pour fuir les bombardements.
Certains, à peine en territoire syrien, ont été arrêtés et emprisonnés sur le champ. Aussi, si les réfugiés syriens se réjouissent légitimement de la chute de celui qui leur a mené la vie dure durant toutes ces années, il est tout aussi légitime, pour beaucoup d’entre eux, de se montrer méfiants vis-à-vis du nouvel homme fort de la Syrie, surtout quand on sait que pour les islamistes, la démocratie est considérée comme «kofr». La question qui se pose alors : avec la nouvelle donne et tous ces imbroglios, les réfugiés syriens retrouveront-ils le chemin de Damas ?