A l’heure où les lignes géopolitiques se redessinent, l’Afrique aspire à occuper la place qui lui revient dans l’architecture institutionnelle mondiale. C’est dans ce contexte que l’Algérie a réitéré son engagement en faveur d’une réforme profonde et équitable du système multipartite.
A New York, Bakhta-Selma Mansouri, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Affaires africaines, a pris la parole lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur l’amélioration de la gouvernance mondiale. Son plaidoyer portait sur une refonte des institutions internationales pour une meilleure représentation des nations du Sud, en particulier des pays africains. Lors de son allocution, Mme Mansouri a mis en exergue les défis qui secouent l’ordre international. Conflits armés, crises humanitaires, instabilités économiques, terrorisme et criminalité transnationale constituent autant de menaces pesant sur la paix et la sécurité mondiales.
La diplomate algérienne a dénoncé l’érosion de la confiance dans les institutions onusiennes et la persistance des pratiques de deux poids deux mesures dans la gestion des conflits internationaux. «Ces défis s’accompagnent de violations croissantes des règles du droit international et de la Charte de l’ONU, de la marginalisation du rôle des organisations continentales, notamment l’Union africaine (UA), ainsi que des tentatives d’imposer des doubles standards dans la gestion des conflits actuels», a ajouté la secrétaire d’Etat lors du débat de haut niveau.
Soulignant la marginalisation des organisations continentales, notamment de l’UA, elle a plaidé pour une réforme inclusive et équitable du système de gouvernance mondiale. «Il est inadmissible que l’injustice historique infligée à l’Afrique persiste, le continent représentant plus que le quart des pays membres de l’ONU, alors qu’il demeure privé de toute représentation permanente au sein du Conseil de sécurité, et même sa représentation non permanente reste limitée», a-t-elle insisté. «L’Algérie est profondément convaincue que l’attachement au système multipartite est la meilleure voie à même de faire face à ces défis communs.
Cependant, ce système traverse une phase de turbulences sans précédent, en raison de l’accentuation de la polarisation internationale et de l’érosion de la confiance dans les institutions onusiennes», a affirmé Mansouri pour qui la réforme du système multipartite est désormais «une nécessité impérieuse qui ne saurait être ajournée, pour que cette réforme soit globale, juste et équilibrée».
Dans son intervention, la secrétaire d’Etat a structuré son argumentaire autour de cinq axes. En premier lieu, elle a souligné la nécessité de préserver et de renforcer le rôle central des Nations unies, en particulier par une représentation plus équitable au sein du Conseil de sécurité. Le continent africain, qui compte plus du quart des Etats membres de l’ONU, demeure sous-représenté, une situation jugée inacceptable par l’Algérie.
«Rôle prépondérant» de la CIJ
Le deuxième axe concerne l’activation du rôle de l’Assemblée générale de l’ONU, en renforçant ses prérogatives afin d’assurer une prise de décision plus démocratique. Le quatrième point soulevé par la diplomate porte sur l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité, notamment en matière de transparence et d’équité dans l’accès aux documents.
Elle a évoqué, à ce titre, l’initiative algérienne ayant conduit à l’adoption de la note 507, garantissant une consultation plus équitable des documents du Conseil. Enfin, Mme Mansouri a insisté sur la nécessité d’une coopération accrue entre l’ONU et les organisations régionales, en particulier l’UA. Selon elle, les décisions africaines doivent bénéficier d’un soutien sans réserve du Conseil de sécurité, afin de favoriser des solutions endogènes aux crises du continent, à l’abri de toute ingérence extérieure.
Mme Mansouri a également plaidé pour une révision du fonctionnement des institutions de Bretton Woods, afin de garantir une plus grande participation des pays en développement aux décisions ayant un impact direct sur leur avenir. L’intervenante a salué «le rôle prépondérant» de la CIJ dans la garantie de la justice et le renforcement de la souveraineté du droit, en veillant à rendre justice au peuple palestinien et à élever la voix de la vérité, exhortant la Cour «à persévérer sur cette voie, notamment en ce qui concerne les menaces persistantes d'exode forcé auxquelles la population de Ghaza est sujette».
Attaf plaide pour une meilleure représentation de l’Afrique
Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a salué, hier à Maputo, la qualité de la coopération entre l’Algérie et le Mozambique au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Lors d’une audience avec le président mozambicain, Daniel Francisco Chapo, il a réaffirmé l’attachement des deux nations à une meilleure représentation du continent africain dans les instances de gouvernance mondiales. Ahmed Attaf a également mis en avant l’évolution des relations bilatérales entre les deux pays, s’appuyant sur des valeurs communes de justice, de liberté et de solidarité. Les discussions ont notamment porté sur la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine, la gestion des missions de paix sur le continent et l’aspiration des Etats africains à un rôle important au sein des institutions financières internationales.