Les discussions ont porté sur la façon de contribuer à «reconstruire la Syrie en tant qu’Etat unifié, indépendant et sûr pour tous ses citoyens, où le terrorisme n’a pas sa place, où sa souveraineté ne sera pas violée et où son intégrité territoriale ne sera pas attaquée, d’où que ce soit», ont déclaré les Etats participants.
L’Arabie Saoudite a accueilli ce dimanche une importante conférence internationale sur la Syrie qui a rassemblé les chefs de la diplomatie de plusieurs pays occidentaux et du Moyen-Orient ainsi que des représentations d’organisations internationales influentes, à l’instar du Conseil de coopération du Golfe. Cette réunion s’inscrit «dans le prolongement des réunions ministérielles organisées par le Royaume hachémite de Jordanie dans la ville d’Aqaba le 14 décembre 2024», indique un communiqué diffusé à l’issue de cette réunion.
Selon ce texte, une vingtaine de pays ont pris part à ce conclave. Parmi les Etats arabes représentés, outre la Syrie et le pays hôte, à savoir l’Arabie Saoudite, figurent l’Egypte, le Qatar, l’Irak, la Jordanie, ou encore les Emirats arabes unis. Côté européen, notons la participation de l’Allemagne, de la France, de l’Espagne, de la Grande-Bretagne et de l’Italie. Signalons également la présence de la Turquie, le «parrain» de HTS – Hayat Tahrir Al Sham.
Autre participation notable : celle des Etats-Unis, ainsi que «le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe et l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie», ajoute le communiqué.
«À l’écoute des différentes composantes du peuple syrien»
Résumant l’objet de cette conférence, le communiqué final indique que les Etats participants ont «examiné les mesures à prendre pour soutenir le peuple syrien frère et lui apporter toute l’aide et l’appui nécessaires en cette étape importante de son histoire». Les discussions ont porté en outre sur la façon de contribuer à «reconstruire la Syrie en tant qu’Etat unifié, indépendant et sûr pour tous ses citoyens, où le terrorisme n’a pas sa place, où sa souveraineté ne sera pas violée et où son intégrité territoriale n’est pas attaquée, d’où que ce soit», indiquent les Etats participants.
Le document final est revenu sur les grands thèmes qui ont été abordés au cours de cette réunion en insistant sur deux volets-clés : la reconstruction politique et la reconstruction économique de la Syrie. Les deux sont au cœur du processus transitionnel mené par Hayat Tahrir Al Sham et son chef, Ahmad Al Sharaa. Longtemps, cette organisation, un avatar de Jabhat Al Nosra, a été considérée comme proche de Daech et d’Al Qaïda et classée par conséquent comme une organisation terroriste. Aussi, les représentants des Etats ayant pris part à cette réunion du 12 janvier ont-ils insisté sur la nécessité pour HTS de se démarquer clairement de son référent idéologique et d’entamer un processus transitionnel inclusif tenant compte de l’ensemble du spectre ethnique et confessionnel syrien.
En contrepartie, l’Arabie Saoudite et ses alliés travaillent à la levée des sanctions internationales qui continuent à peser sur la Syrie malgré la chute du régime de Bachar Al Assad. «Les participants à la réunion ont discuté de leur soutien à un processus de transition politique en Syrie dans lequel toutes les forces politiques et sociales syriennes sont représentées», relève le communiqué, appelant les nouvelles autorités à être à l’écoute «des différentes composantes du peuple syrien».
Les ministres des Affaires étrangères des pays arabes et européens réunis à Riyad ont également encouragé Ahmad Al Sharaa et son équipe à prêter l’oreille aux «préoccupations des différentes parties par le dialogue». En retour, le nouveau gouvernement peut compter, lui a-t-on assuré, sur «la fourniture d’avis et de conseils dans le respect de l’indépendance et de la souveraineté de la Syrie, en tenant compte du fait que l’avenir de la Syrie est l’affaire du peuple syrien», ont affirmé les Etats participants.
La réunion de Riyad a été également l’occasion de dénoncer les frappes israéliennes contre la Syrie et l’occupation de la zone tampon attenante au Golan occupé par l’entité sioniste au mépris du droit international. Les participants se sont dits en effet «préoccupés par l’incursion d’Israël dans la zone tampon avec la Syrie et dans les localités voisines du mont Hermon et de la province de Quneitra, soulignant l’importance de respecter l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie», peut-on lire dans le communiqué.
Levée des sanctions économiques
L’hôte de cette rencontre, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal Bin Farhan Al Saoud, a plaidé pour la levée des sanctions internationales qui continuent à peser sur la Syrie. «La réunion avait pour but de coordonner les efforts visant à soutenir la Syrie et à obtenir la levée des sanctions à son encontre, en saluant la décision des Etats-Unis de publier la licence générale 24 concernant les exemptions liées aux sanctions à l’encontre de la Syrie», a-t-il déclaré.
Le chef de la diplomatie saoudienne a appelé aussi à «lever les sanctions unilatérales imposées à la Syrie». «Le maintien des sanctions imposées à l’ancien régime entravera les aspirations du peuple syrien au développement, à la reconstruction et à la stabilité», a-t-il estimé. Faisal Bin Farhan a exhorté, par ailleurs, la communauté internationale à «commencer d’urgence à fournir toutes les formes de soutien humanitaire et économique» au gouvernement syrien. Il a également appelé à «restaurer et à consolider les capacités de l’Etat» à Damas et à «créer un environnement propice au retour des réfugiés syriens».
De son côté, le nouveau ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad Al Chaibani, a mis l’accent, à l’issue de la réunion de Riyad, selon des propos rapportés par l’agence Sana, sur «le lourd héritage de corruption administrative et financière et les structures institutionnelles obsolètes laissés par le régime déchu».
M. Al Chaibani a affirmé avec énergie que «la nouvelle administration syrienne est pleinement engagée à réaliser des progrès dans le domaine des droits de l’homme et à garantir la justice et l’égalité pour tous les citoyens syriens, indépendamment de leurs affiliations politiques, religieuses ou ethniques». Et de poursuivre : «Dans la nouvelle administration syrienne, nous considérons que la large participation de toutes les communautés à la vie politique et sociale est un droit constitutionnel pour chaque Syrien, et nous appelons chacun à contribuer activement à la construction de la future Syrie.»
«L’inclusion de toutes les communautés syriennes est au cœur de notre engagement en faveur de la réconciliation nationale et de la justice transitionnelle, afin de créer une nouvelle Syrie fondée sur les valeurs d’égalité, de partenariat et de respect mutuel», a-t-il assuré. «Nous affirmons notre engagement total en faveur de la justice transitionnelle et notre détermination à demander des comptes à toutes les personnes impliquées dans les massacres, la torture systématique et celles qui ont utilisé des armes chimiques contre notre peuple, et nous nous emploierons à les traduire en justice et à veiller à ce qu’elles répondent de leurs actes», a martelé Assaad Al Chaibani.
Ghaza : L’émir du Qatar rencontre des responsables du Hamas et des émissaires américains
L’émir du Qatar a rencontré hier des émissaires américains et une délégation du Hamas pour discuter d’un accord de trêve à Gaza entre Israël et le mouvement de résistance palestinien, a annoncé son Bureau, rapporte l’AFP. «Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani a reçu aujourd’hui dans son bureau au palais de Lusail la délégation du (...) Hamas pour les négociations sur la trêve dans la bande de Gaza», a indiqué le bureau dans un communiqué, précisant que cette délégation était dirigée par le principal négociateur du Hamas, Khalil al-Hayya.
Le dirigeant qatari a également rencontré Steve Witkoff, l’envoyé désigné pour le Moyen-Orient du président américain élu Donald Trump, et Brett McGurk, l’envoyé en poste du président Joe Biden pour la région, selon la même source. Ils ont «examiné les développements dans la bande de Ghaza (...) ainsi que les derniers progrès dans les négociations pour la trêve».
Peu après, la Maison Blanche a indiqué dans un communiqué que M. Biden avait discuté avec Cheikh Tamim des «négociations à Doha pour un accord de cessez-le-feu et de libération des otages». «Nous sommes proches d’un accord et nous pouvons y parvenir cette semaine», a également dit lundi le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, en référence aux discussions sur un cessez-le-feu à Gaza. «Je ne fais pas de promesse ou de prédiction, mais c’est à portée de main», a-t-il ajouté à propos d’un accord qui s’accompagnerait d’une libération des otages détenus dans la bande de Gaza.
Sous l’égide du Qatar, de l’Egypte et des Etats-Unis, les discussions ont repris en janvier pour parvenir à un cessez-le-feu à Ghaza, accompagné de la libération des otages retenus dans le territoire palestinien. Une seule trêve d’une semaine avait été conclue fin novembre 2023, et avait permis la libération d’une centaine d’otages. Des négociations avaient déjà eu lieu à Doha en décembre, mais n’ont pas abouti.