Cisjordanie occupée : Israël accélère son plan d’annexion

13/02/2025 mis à jour: 13:02
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Selon Philippe Lazzarini, commissaire général de l’Unrwa, au moins 40 000 Palestiniens ont été contraints de fuir leurs foyers depuis le début de l’année

Les opérations militaires israéliennes se multiplient, s’intensifient et redessinent le territoire déjà fragmenté de Cisjordanie. Ce qui autrefois était une occupation sauvage et brutale se révèle aujourd’hui sous son vrai jour : un plan d’annexion à marche forcée.

Dans la nuit de mardi à hier, l’armée d’occupation israélienne a mené une nouvelle série d’attaques ciblées en Cisjordanie occupée. A Huwara, au sud de Naplouse, des soldats ont agressé trois étudiants aux abords d’une école, les laissant avec des blessures et des ecchymoses. 

A El Khader, au sud de Bethléem, des enfants ont inhalé des gaz lacrymogènes après que les forces d’occupation israéliennes ont lancé des grenades assourdissantes et des bombes à gaz dans l’enceinte de leur établissement scolaire. Ces violences du quotidien s’accompagnent de vastes opérations militaires dans plusieurs villes et camps de réfugiés, où arrestations arbitraires et destructions d’infrastructures deviennent la norme.

A El Arroub, au nord d’Hébron, un déploiement massif de troupes a entraîné l’arrestation de plus de 25 Palestiniens, parmi lesquels d’anciens prisonniers. Le centre de santé de l’Unrwa, pris d’assaut par les soldats israéliens, a été transformé en base militaire après la destruction d’une partie de son matériel médical. 

Une maison voisine d’une route coloniale a été rasée sous prétexte de sécurité, tandis que les incursions militaires s’étendent à Ramallah, Naplouse et Tulkarem. A Jénine, l’armée d’occupation israélienne poursuit son siège de l’hôpital gouvernemental, bloquant l’accès aux soins pour des dizaines de blessés.

A cela s’ajoute les déplacements forcés en Cisjordanie. Selon Philippe Lazzarini, commissaire général de l’Unrwa, au moins 40 000 Palestiniens ont été contraints de fuir leurs foyers depuis le début de l’année. «Les habitants sont pris au piège d’un cycle infernal de déplacements, de peur et de destruction», déclare-t-il, évoquant une situation humanitaire en pleine dégradation. 

Le camp de réfugiés de Nur Shams, sous siège depuis plusieurs jours, illustre cette réalité : Israël y mène une campagne de terreur, usant d’armes de pointe et de frappes aériennes pour vider la zone de ses habitants.

Les forces d'occupation sionistes ont ordonné, hier, aux habitants du camp de Nur Shams, en Cisjordanie occupée, de l'évacuer immédiatement, en utilisant les haut-parleurs de la mosquée du camp, a rapporté l'agence de presse Wafa.

Manœuvres législatives

Les forces d'occupation ont déployé leurs véhicules et des patrouilles à pied aux entrées du camp et de ses quartiers, au milieu de tirs nourris de balles réelles et de bombes assourdissantes pour semer la peur et la panique parmi les résidents.

Les personnes déplacées ont décrit la situation du camp comme étant très difficile, avec des maisons et des magasins démolis et des rues rasées au bulldozer, des soldats de l'occupation faisant des descentes barbares dans les maisons et brisant tout à l'intérieur, battant les jeunes, expulsant les personnes âgées sans leur permettre de prendre leurs affaires, en particulier leurs vêtements, et saisissant leurs téléphones portables, selon le bureau du comité des services du camp de Nur Shams.

Et comme si cela n’était pas suffisant, les manœuvres législatives israéliennes accélèrent un processus de colonisation rampante. Le 31 janvier dernier, une loi a été adoptée autorisant les colons israéliens à acheter directement des terres en Cisjordanie, sans passer par l’Administration civile de l’armée d’occupation. 

Cette mesure entérine la transformation de terres palestiniennes en propriétés israéliennes, rendant toute restitution pratiquement irréalisable en cas de règlement politique futur.

Dans le même temps, aux Etats-Unis, un groupe de parlementaires républicains pousse pour un changement terminologique à connotation politique. Un projet de loi propose d’abandonner le terme «Cisjordanie» au profit de «Judée et Samarie», un nom à forte résonance juive qui vise à asseoir les visées israéliennes sur ce territoire occupé depuis 1967. 

Cette initiative est appuyée par la formation d’un lobby pro-colonisation au sein du Congrès américain, renforçant encore davantage le soutien inconditionnel de Washington à la politique expansionniste de Tel-Aviv.

Les nouvelles mesures israéliennes s’inscrivent dans une stratégie globale d’annexion de la Cisjordanie. Au total, près de 2749 nouvelles unités de colonies sont prévues en seulement six semaines, une accélération qui menace définitivement la création d’un Etat palestinien.

 

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