- Comment s’annonce, selon vous, la saison estivale 2023 ?
De prime abord, il faut situer les éléments de base : l’offre touristique et hôtelière algérienne est vraiment en deçà de la demande. Elle compte entre 20 000 et 25 000 lits tout au plus en balnéaire et la demande se chiffre en millions et du coup, on a 4 à 5 millions d’Algériens qui voyagent vers d’autres destinations. Ils se rendent principalement en Tunisie (destination la plus accessible) et ceux qui ont des visas Schengen peuvent passer de l’autre côté de la Méditerranée (Espagne Italie), d’autres partent en Turquie.
Il y a un déséquilibre flagrant, s’ajoute à cela un manque d’offre en transport aérien en haute saison (le pic) entre ceux qui viennent de l’étranger vers l’Algérie (binationaux, communauté nationale à l’étranger) et ceux qui souhaitent partir d’ici pour quelques semaines de vacances.
Nous nous retrouvons dans une confrontation offre-demande très élevée et les prix deviennent intouchables pour certaines bourses moyennes algériennes. Sur le bassin méditerranéen, l’un des premiers espaces d’accueil du tourisme international, la demande est de 350 à 400 millions d’arrivées, l’Espagne, l’Italie, la France sont les premières destinations au niveau mondial, à cela s’ajoutent la Grèce, Malte, Chypre, la Croatie et Turquie. L’offre algérienne, par rapport à cet ensemble-là, est pratiquement inexistante.
- Y a-t-il d’autres facteurs qui influent sur la saison estivale ?
Cela se rajoute à un deuxième déséquilibre en transport notamment pour la communauté nationale établie à l’étranger qui souhaite se rendre en Algérie, autant les compagnies aériennes ont fait des efforts pour retrouver leur niveau d’avant le Covid avec le lancement des vols de Volotéa, Vueling, Transavia et le renforcement du programme d’Air Algérie. En revanche, sur les traversées maritimes, la demande est complètement déséquilibrée au départ de Gènes, de Marseille, de Sète ou Alicante et Almería, on a de très forte demande qu’on n’arrive pas à satisfaire parce que le système de réservation de certaines compagnies est complètement obsolète.
Elles n’arrivent pas encore à se structurer sérieusement pour répondre d’une manière efficace et efficiente à la demande de la communauté nationale établie à l’étranger. Nous, en tant qu’opérateurs, nous ne pouvons pas proposer des produits de qualité notamment pour ceux qui souhaitent venir avec leur famille et leur véhicule en Algérie.
- L’Algérie a donc beaucoup à faire pour améliorer et structurer son offre touristique, notamment en haute saison...
Absolument. A la partie logistique (transport et hébergement), il faut ajouter le stress hydrique en haute saison, beaucoup de nos villes se retrouvent à sec avec des problèmes d’alimentation en eau. Il faut ajouter la problématique de l’hygiène, il faut faire un grand effort pour éviter tous les problèmes liés à la santé publique (démoustication).
Il faut peut-être réfléchir à terme à étaler ses vacances, on est un pays ensoleillé (250 jours par an), pourquoi ne pas arriver à une saison estivale jusqu’à fin septembre tout en incitant les hôteliers à offrir des tarifs attractifs à partir du 1er septembre. Il faut faire aussi plus d’efforts en termes de préparation avec une prise en charge sérieuse de nos plages et de nos villes côtières et une animation permanente.