Brahim Djelouadji, professionnel du tourisme et des voyages, apporte dans cet entretien un éclairage sur les effets néfastes de la baisse de la fréquence des voyages vers l’Algérie du fait de la pandémie. Il indique que des compagnies low cost ont profité de la situation pour engranger des bénéfices sur le dos des ressortissants algériens désirant se rendre en Algérie. Le professionnel des voyages plaide, entre autres, pour l’augmentation de l’offre de transport de manière significative et l’autorisation pour les agences d’organiser des vols charters et plus de fréquences pour le maritime afin d’absorber la pression du grand rush de l’été.
- Depuis mars 2020, avec l’apparition de la pandémie, rentrer en Algérie est devenu un véritable défi pour les ressortissants algériens vivant à l’étranger. Quel bilan faites-vous de ces deux dernières années de gestion des voyages à destination de l’Algérie par le secteur du transport ?
Le tourisme fait partie des secteurs les plus touchés par la pandémie de Covid-19, qui a des impacts sur les économies.
On est passés de 6,5 millions de passagers en 2019 à 600 000 en 2021 entre la France et l’Algérie, soit une baisse de 14%. Pour le transport maritime, on est à 390 000 passagers, alors que la demande est estimée à plus de 1 million de passagers par an.
Le coronavirus a eu l’effet d’un véritable séisme pour les agences de voyages et de tourisme, contraignant plus de 1000 agences à baisser rideau en Algérie. Celles qui résistent ont enregistré des pertes de 5 à 10 millions de dinars. Plus de 10 000 travailleurs du secteur sont actuellement à l’arrêt forcé.
- Le président Tebboune vient d’exiger des compagnies aérienne et maritime nationales de revoir à la baisse les tarifs des billets pour soulager les ressortissants algériens désirant passer leurs vacances en Algérie. Qu’en avez-vous pensé ?
Nous avons appris avec beaucoup de joie la décision du président de la République qui s’est penché sur cet épineux problème des transports et qui touche notre communauté nationale installée à l’étranger, car beaucoup de pseudo compagnies low cost étrangères se sont sucrées sur le dos du passager algérien, vendant des billets Paris-Alger à plus de 1200 euros !
Nous estimons que l’Etat doit retrouver ses missions principales d’agent régulateur et incitateur pour redynamiser le secteur et créer les conditions favorables pour l’investissement national ou étranger dans le domaine du transport, ce qui permettrait la diversification de l’offre et, par conséquent, une saine compétition entre les différents opérateurs.
Cela va les obliger à proposer des prix plus attractifs et de bonnes qualités de service.
- Comment appréhendez-vous justement cette prochaine saison estivale ? Pensez-vous que les conditions sont réunies pour une bonne prise en charge des voyageurs dont le flux promet d’être très important cet été ?
Les professionnels du voyage vivent sous tension cette troisième année depuis la pandémie. Les informations contradictoires n’aident pas à la sérénité, on est à la fin avril et nous ne connaissons pas encore les programmes d’été, alors qu’antérieurement à cette date, on est en fin de commercialisation des ventes ce qui donnait de la visibilité aux compagnies de transport pour prévoir les vols supplémentaires et rotations des ferries...
- Quelles sont à votre avis les mesures à prendre pour ne plus tomber dans la gestion en catastrophe du grand rush de l’été ?
On doit revenir aux capacités et programmes d’avant la Covid-19 et augmenter l’offre de transport d’une manière significative, accorder les autorisations aux opérateurs de voyages d’organiser des vols charters et des fréquences plus importantes pour le maritime afin d’absorber cette forte pression de la demande due en grande partie au cumul des demandes insatisfaites sur les trois dernières années.
Propos recueillis par Nadjia Bouaricha