Face à l’accélération des événements, certaines voix ont mis en garde contre un chaos similaire à celui observé après la chute des régimes en Irak ou en Libye, exprimant les craintes d’un vide de pouvoir et appelant plutôt à la prudence.
A la suite de l’attaque rapide lancée par l’opposition syrienne qui a surpris le monde, et de l’annonce par les dirigeants de l’armée syrienne, hier, de la fin des 24 ans de règne de Bachar Al Assad, les réactions internationales se sont enchaînées.
Face à l’accélération des événements, certaines voix ont mis en garde contre un chaos similaire à celui observé après la chute des régimes en Irak ou en Libye, exprimant les craintes d’un vide de pouvoir et appelant plutôt à la prudence. D’autres ont tenté d’expliquer les raisons politiques derrière ces développements soudains.
La Syrie se trouve plus que jamais à un carrefour décisif. Des régions entières, notamment sous contrôle kurde ou islamiste, pourraient refuser de se soumettre à un pouvoir central. La chute de Bachar Al Assad marque la fin d’une ère, mais ouvre également la porte à de nouvelles incertitudes pour la Syrie et la région.
«Le président Biden et les membres de son équipe suivent de près les événements extraordinaires en Syrie et sont en contact permanent avec les partenaires régionaux», a annoncé la Maison-Blanche dans un communiqué. Quant au président élu des Etats-Unis, Donald Trump, il a écrit sur la plateforme X : «Assad est parti.
La Russie, dirigée par Vladimir Poutine, n’a plus aucun intérêt à le protéger.» Il a ajouté : «La Russie et l’Iran sont actuellement dans un état de faiblesse, le premier à cause de l’Ukraine et de la mauvaise conjoncture économique, et l’autre à cause d’Israël et de son succès dans la bataille.»
«Une nouvelle scène»
L’Iran n’avait dans l’immédiat pas commenté la chute de son allié Bachar Al Assad après une offensive fulgurante des rebelles. Le dernier commentaire de la diplomatie iranienne appelait samedi «le gouvernement syrien et les groupes d’opposition légitimes» à entamer des négociations.
Cette déclaration au Qatar du ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, avait semblé marquer un changement de ton de l’Iran. Téhéran n’avait jusqu’alors jamais évoqué d’«opposition» en Syrie, mais des «terroristes». La dernière apparition publique entre Bachar Al Assad et un responsable iranien remonte au 1er décembre, lorsque le chef de la diplomatie Abbas Araghchi s’était rendu à Damas.
Une visite qui visait à cette époque de «réitérer le soutien de Téhéran à Al Assad». Bachar Al Assad s’est rendu à dix reprises en Iran depuis son arrivée à la présidence syrienne en 2000. Sa dernière visite remonte à mai 2024, peu après l’accident d’hélicoptère du défunt président iranien, Ebrahim Raïssi. L’Iran a été engagé militairement en Syrie durant la guerre civile syrienne, elle n’a cependant jamais officiellement annoncé de «déploiement de troupes dans le pays».
Le ministère turc des Affaires étrangères a appelé toutes les parties syriennes à agir avec sagesse et vigilance, après avoir annoncé la fuite du président syrien Bachar Al Assad et la prise de contrôle de la capitale, Damas, par l’opposition.
Il a déclaré que «la Turquie s’était réveillée face à une nouvelle scène avec l’effondrement du régime syrien», estimant que «le gouvernement syrien aurait dû profiter de la période de calme pour ouvrir la voie au processus politique». Il a ajouté que la Syrie a atteint un stade où le peuple syrien sera en mesure de façonner l’avenir de son pays, appelant la nouvelle administration syrienne à être globale et à «s’abstenir de tout désir de vengeance».
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré hier que le président syrien Bachar Al Assad avait quitté le pays après des négociations avec les parties en conflit et avait donné des instructions sur la nécessité d’un transfert pacifique du pouvoir. Il a confirmé qu’Al Assad avait abandonné son poste de président et transféré le pouvoir.
Il a souligné que la Russie «n’avait pas participé à ces négociations» et a appelé toutes les parties concernées à «s’abstenir de recourir à la violence et à résoudre toutes les questions de gouvernance en Syrie par des moyens politiques». Il a poursuivi : «La Russie est en contact avec toutes les factions de l’opposition syrienne», soulignant que «les bases militaires russes en Syrie sont en état d’alerte maximale et ne sont actuellement exposées à aucune menace sérieuse pour leur sécurité».
L’agence de presse officielle citant des sources gouvernementales a affirmé «l’importance du maintien de la sécurité et de la stabilité en Syrie» et le fait que des initiatives sont en cours pour «renforcer la sécurité et la stabilité dans la région», sans divulguer aucun accord officiel.
Abdallah II, roi de Jordanie a souligné la nécessité de «protéger la sécurité de la Syrie, de ses citoyens et des réalisations de son peuple, et de travailler avec diligence et rapidité pour imposer la stabilité et éviter tout conflit susceptible de conduire au chaos».
Le ministère chinois des Affaires étrangères a espéré que la Syrie «retrouvera la stabilité dès que possible». «Après 14 ans de guerre brutale et la chute du régime dictatorial, le peuple syrien peut aujourd’hui saisir une occasion historique de construire un avenir stable et pacifique», a déclaré le chef de l’ONU Antonio Guterres. Il a également appelé à «éviter la violence en cette période sensible, tout en protégeant les droits de tous les Syriens, sans distinction».