Très prochainement, le lecteur aura l’occasion de découvrir un pan de vie et une belle tranche du parcours artistique de l’une des icônes de la chanson chaâbie, en l’occurrence Amar Zahi, de son vrai nom Zaï.
Difficile en effet de fouiner et de récolter des informations en agrémentant le récit d’anecdotes sur celui qui a de tout temps refusé d’être mis sous les feux de la rampe, et ce, pour des raisons que seul lui connaît. L’artiste, altruiste, selon ses amis proches, était très apprécié par les amateurs de la chanson chaâbie.
«C’est un choix qu’on se doit de respecter», confient nombre de ceux qui l’ont côtoyé de près ou de loin, durant son enfance, lorsqu’il était invité à fouler les scènes des salles d’Alger et d’ailleurs, ou quand une famille du quartier ou un ami le sollicitait pour animer une soirée de mariage, voire une circoncision d’un des mioches d’ouled el houma.
L’auteur Saïd Saad (ex-journaliste à l’APS) qui a, à son actif, plusieurs romans, dont Les rescapés de Pula et l’histoire romancée de son dernier-né La Gloire des vaincus, a osé, après moult hésitations, se lancer dans l’écriture des morceaux de vie de l’enfant de Ighil Bouanes (commune de Iboudrarène). Il a franchi le pas, en allant recueillir des témoignages sur un pan de la vie de l’interprète que d’aucuns aimaient appeler «Oulid Ronvalé» (relatif au bd Rampe Valée), actuel Louni Arezki.
L’ouvrage sur la biographie de Zahi, qui sortira des presses des éditions El Qobia est intitulé Amar Zahi, la légende de la chanson chaâbie. C’est un véritable travail de recherche qu’a entrepris l’auteur pour préparer l’ouvrage, riches en illustrations, anecdotes et témoignages bouleversants. Le récit historique raconte l’enfance de Amar Zaï, son arrivée à Alger en 1949, son adolescence ainsi que ses premiers pas dans la musique sous l’influence de son ami d’enfance et voisin de la Rampe Valée, Boualem Bellemou.
Dans la préface confiée à Lounis Ait Aoudia, président de l’Association des amis de la Rampe Valée et un des amis d’enfance de Amar Zahi, on peut lire : «(…), l’auteur a privilégié la narration méthodique d’un récit subjuguant qui retrace par l’écoute et la collecte de témoignages l’immense talent de Amar Zahi». Et de mettre en évidence plus loin «l’art inné de l’artiste qui a marqué de son empreinte indélébile le style ‘zahien’ dans le renouveau de la chanson châabie».
Rappelons que Amar Zahi a entamé sa carrière dans les années 1960, avec la chansonnette, en interprétant les textes du compositeur Mahboub Bati, jusqu’aux pièces du melhoun (poésie populaire) dont il exhume les trésors, en passant par l’andalou. L’artiste aura imposé un style fait d’improvisations, de virtuosité musicale et d’interprétation qui lui vaudra le surnom de «Soltane Lehwa» (roi des airs musicaux).
La lecture attrayante et captivante de l’exaltant itinéraire artistique de Amar Zahi, s’appuyant sur une compilation de témoignages, emmène le lecteur à la découverte d’un interprète réservé, mais très apprécié, qui a enrichi, sa vie durant, le patrimoine musical populaire en immortalisant les fameux textes des Sidi Lakhadar Ben Khlouf, panégyriste du dernier sceau des prophètes et prince des poètes du melhoun, Ibn Messaieb, El Maghraoui, Mustapha Ben Brahim et autre Mohamed Benguitoun pour ne citer que ceux-là…