Est-ce le début de la fin de l’impunité pour Israël après l’émission du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre Benyamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant ?
La CPI a retenu les chefs d’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité contre les deux dirigeants israéliens. Une première pour la Cour pénale internationale contre des dirigeants du camp occidental.
D’ores et déjà, certaines capitales occidentales, à l’instar de Washington, ont qualifié cette décision d’absurde et se disent opposées à son application, comme a tenu à le préciser le président américain, Joe Biden. Tandis qu’à Londres, Paris ou Berlin on adopte un ton réservé, dans d’autres, comme à Budapest, le président Victor Orban s’est dit non seulement carrément opposé à la décision de la CPI, mais également prêt à accueillir le Premier ministre israélien en visite officielle et qu’il ne respecterait pas le mandat d’arrêt international.
Dans ce contexte occidental, partagé entre opposition à la décision de la Cour pénale internationale et posture de réserve, la seule fausse note, si l’on peut dire, vient de l’Irlande et de la Slovénie, qui se disent pour l’heure prêtes à appliquer l’exécution du mandat d’arrêt international. Tandis qu’en Israël, comme il fallait s’y attendre, tout le monde crie à l’injustice, alors les ordonnateurs du génocide contre Ghaza et contre le Liban font preuve d’une agressivité et d’un acharnement sans limite dans l’exécution de leur entreprise d’extermination des Palestiniens. Une fois de plus, dans le discours victimaire habituel, Netanyahu et les suprémacistes, racistes de son gouvernement que sont Bélazel Smotrich et Itamar Ben Gvir, entre autres, invoquent l’antisémitisme et parlent «d’antisémitisme global» qui aurait submergé toutes les institutions internationales, aussi bien la Cour internationale de justice, les organisations des Nations unies, telles que l’UNRWA qui s’occupe des réfugiés palestiniens et, maintenant la Cour pénale internationale.
Depuis le 7 octobre dernier, le déroulé du discours victimaire se développe de manière continue, renforcé par la complaisance des pays occidentaux, qui préfèrent regarder ailleurs et parler de manière insultante du droit d’Israël à se défendre. Alors qu’il mène depuis plus de 400 jours une guerre génocidaire contre les Palestiniens de Ghaza et une agression sauvage contre le Liban depuis deux mois. Une entreprise de nettoyage ethnique qui aura fait plus de 40 000 victimes dans la bande palestinienne, soumise à des bombardements sans discontinuité de près de 75 000 tonnes d’explosifs, soit l’équivalent de plusieurs bombes d’Hiroshima.
Dans les accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, requis contre Netanyahu et son ancien ministre de la défense, la CPI a retenu celui de génocide, tel qu’il a été formulé par la Cour internationale de justice au début de l’année, et surtout le recours à l’arme de la famine contre les populations. En empêchant l’accès des vivres et des médicaments à Ghaza, les dirigeants de l’entité sioniste ne cherchent en réalité qu’à accélérer l’extermination des Ghazouis dans l’objectif de réoccuper leur territoire et de l’annexer.
Et ce mépris du droit international et des Conventions de Genève. Il s’agit, en d’autres termes, d’un véritable génocide doublé d’une agression coloniale, comme l’a reconnu l’Organisation des Nations unies en août dernier. Aujourd’hui, les pays occidentaux qui entretiennent des liens étroits avec Israël, puissance colonisatrice et guerrière, sont placés devant leurs responsabilités de suspendre toute aide envers l’entité sioniste sans quoi ils s’exposeraient au risque d’être complices de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et de génocide. C’est en substance ce qu’avait déclaré l’ONU, en août dernier, et ce que vient de confirmer de manière indirecte la CPI.
Une situation qui semble difficile à assumer pour une bonne partie des pays occidentaux, notamment ceux qui n’ont pas reconnu ou se refusent à reconnaître l’Etat de Palestine. Alors que d’une manière hypocrite et unanime ils admettent que la solution au Proche Orient passe par la création de deux Etats.
Par Réda Bekkat