Aviation civile. 37 pays pèsent plus de 80% du marché africain : Carnet de route de Boeing pour améliorer la visibilité du continent

12/02/2025 mis à jour: 14:40
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Connectivité intra-africaine limitée, coûts de voyage élevés, réglementations fragmentées, financement limité des aéronefs et infrastructures aéronautiques sous-développées, des obstacles et tant d’autres ayant, des décennies durant, limité le commerce, le tourisme ainsi que l'intégration économique et sociale du continent que le constructeur aéronautique  américain Boeing œuvre à lever pour aider le secteur de l'aviation civile à s’épanouir et à prospérer.

 C’est ce que laissera entendre Henok Teferra Shawl, directeur général de Boeing Afrique dans un document publié il y quelques jours. Tel qu'envisagée dans le cadre du marché unique du transport aérien africain SAATM, la libéralisation du marché du transport aérien en Afrique, «n'est pas seulement un objectif à atteindre, c'est une nécessité économique. Un ciel africain unifié, étayé par le plan d'action conjoint prioritaire (JPAP), promet de réduire les coûts de voyage pour les passagers, d'améliorer la connectivité ainsi que de catalyser la croissance économique et les échanges culturels à travers le continent», soutient le responsable. 

Toutefois, tient-il à préciser, le succès de cette initiative demeure tributaire du soutien actif et de la collaboration des gouvernements, des compagnies aériennes et des constructeurs aéronautiques tels que Boeing. Pour leur part, les constructeurs aéronautiques ont la responsabilité de contribuer à résoudre les problèmes posés par «l'engagement politique, les partenariats, le renforcement des capacités et la technologie. Nous sommes fiers de notre rôle, non seulement en tant que fournisseurs de flotte, mais aussi en tant que catalyseurs de l'écosystème et des compétences dont l'industrie aéronautique africaine a besoin pour prospérer».

 Saluant les progrès significatifs déjà réalisés dans la filière ; trente-sept pays africains, représentant plus de 80% du marché de l'aviation du continent, ayant rejoint l'initiative SAATM, le représentant du constructeur américain se réjouira également de la mise en place de cadres réglementaires essentiels, notamment pour assurer une concurrence loyale et la protection des consommateurs, ainsi que des programmes de développement des compétences des professionnels de l’aviation et les améliorations des normes de sécurité, désormais alignés sur les normes internationales. Malgré toutes ces avancées notables, il estime néanmoins, que «pour libérer tout le potentiel de l'initiative SAATM, des efforts soutenus sont nécessaires pour relever les défis persistants tels que les coûts opérationnels élevés, les lacunes en matière d'infrastructures et les politiques protectionnistes. Boeing s'engage à apporter une contribution significative à cet égard». 

Et pour que l’Afrique puisse se doter d’un écosystème de l'aviation plus unifié et plus efficace, la collaboration de ses partenaires s’avère plus que nécessaire, voire vitale. «Les constructeurs aéronautiques s'associent aux gouvernements et aux organismes régionaux pour mettre en évidence les avantages d'un marché du transport aérien libéralisé». 


 DES AVANCÉES SIGNIFICATIVES, MAIS… 

A titre d'exemple, étaye-t-il, «Boeing participe activement au groupe de l'industrie aéronautique africaine. Ce groupe encourage un plus grand nombre de pays à s'engager dans le SAATM et à travailler à l'harmonisation des normes réglementaires». 

La sécurité aérienne est un autre domaine de collaboration sur lequel insistera M. Shawl. Et pour cause : aux dernières statistiques de l’Association internationale du transport aérien (IATA), lorsque la proportion mondiale d’accidents avec perte de cellule est d’un pour 5 millions de vols, en Afrique, cette proportion est d’un accident pour 270 000 vols. Autrement dit, si l’Afrique, qui abrite 18% de la population mondiale, ne représente que 3% des activités de transport aérien (fret et passagers combinés), elle y concentre, toutefois, au moins 17% des accidents. 


POUR UNE INDUSTRIE PLUS ROBUSTE, SûRE ET PERFORMANTE 

Comment Boeing et les autres géants mondiaux du transport aérien comptent-ils aider leurs clients africains à améliorer la sécurité opérationnelle en vue de réduire les incidents et accidents dans les airs comme au sol ? «Les constructeurs aéronautiques, dont Boeing, aident les pays africains à respecter les normes internationales fixées par l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) et contribuent à renforcer la sécurité aérienne régionale en travaillant en étroite collaboration avec les compagnies aériennes et des organisations telles que l'Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA)», souligne le même responsable. S’agissant, par ailleurs, de la modernisation de la flotte, le représentant de Boeing en Afrique, constructeur auprès duquel, faut-il le rappeler, l’Algérie avait passé commande, au printemps 2023, de 8 aéronefs de type B 737-9 max (module 170-210 sièges), estime que dans ce domaine-clé dans lequel les fabricants d'avions peuvent avoir un impact significatif, «les partenariats avec les compagnies aériennes africaines permettent de renouveler les flottes avec des appareils économes en carburant et polyvalents, conçus pour répondre aux besoins opérationnels spécifiques du continent». Modernisées, soutiendra-t-il, «les flottes réduisent les coûts d'exploitation et les émissions et rendent le transport aérien plus compétitif, plus accessible et plus durable, un facteur essentiel pour le succès du marché unique du transport aérien en Afrique». 


Pour ce qui est du renforcement des compétences africaines exerçant et évoluant dans l’aéronautique, l’avionneur américain a tracé une feuille de route pour les besoins de programmes de formation pour les pilotes, les ingénieurs, la direction des compagnies aériennes et les autres professionnels de l'aviation, essentiels pour soutenir la croissance rapide du secteur et améliorer l'expérience des passagers. «Les constructeurs aéronautiques, grâce à leur expertise et à leurs ressources, sont bien placés pour dispenser des formations de niveau international et partager les meilleures pratiques - et nous sommes le fer de lance de ces efforts», se félicite son représentant. L’objectif majeur assigné à toutes ces initiatives, étant, selon lui, de doter la main d'œuvre africaine du secteur de l'aviation des compétences nécessaires en vue de garantir une industrie robuste, sûre et performante. 

L'amélioration des infrastructures est l’autre axe sur lequel s’appuie Boeing pour mener à bon port l’initiative du Marché unique du transport aérien africain (SAATM) : «En fournissant des conseils et des analyses fondées sur des données, les constructeurs aéronautiques peuvent contribuer à la modernisation des aéroports et des systèmes de gestion du trafic aérien. Cela permet de s'assurer que l'infrastructure est prête à gérer l'augmentation prévue du trafic aérien, ce qui renforce la sécurité et facilite des opérations plus fluides et plus efficaces sur tout le continent», souligne M. Shawl. 

Pour lui, «la réalisation complète du SAATM permettra des déplacements sans encombre en même temps que la croissance économique, en favorisant l'unité et en positionnant l'Afrique comme un acteur compétitif dans l'industrie mondiale de l'aviation». 

Par la voix de son représentant en Afrique, Boeing applaudit, dans la foulée, la coopération et les efforts «de la Commission de l'Union africaine et de son agence de mise en œuvre, la Commission africaine de l'aviation civile, des gouvernements nationaux, des autorités de l'aviation civile, de la Banque africaine de développement, de l'Association des compagnies aériennes africaines, des compagnies aériennes et des constructeurs d’avions dans le cadre du plan d'action conjoint prioritaire en faveur du SAATM». 

Vision destinée à assurer la renaissance de l'aviation en Afrique et la réalisation de la vision de l'Union africaine, l'Agenda 2063 : «Une Afrique intégrée, prospère et pacifique, animée par ses citoyens et représentant une force dynamique sur la scène mondiale.» 

Enquête réalisée par Naïma Benouaret

 

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