Donald Trump a prévu de nommer des proches à des postes-clés de sa future administration, avec notamment des tenants d’une ligne dure face à la Chine, à l’image de l’influent sénateur de Floride, Marco Rubio, pressenti comme prochain chef de la diplomatie américaine.
Marco Rubio plaide également en faveur d’un renforcement des sanctions américaines contre l’Iran, face à la montée en puissance de son programme nucléaire.
Un autre «faucon», le représentant de Floride, Michael Waltz, est lui pressenti pour occuper le poste de conseiller à la sécurité nationale, selon plusieurs médias américains. Ancien combattant des forces spéciales, il est aussi connu pour ses critiques envers la Chine.
Les deux hommes seraient des architectes-clés de la politique étrangère de Trump, qui a promis de mettre fin aux guerres en Ukraine et au Proche-Orient, et d’éviter tout nouvel engagement militaire des Etats-Unis.
Lundi, Donald Trump a choisi Elise Stefanik, une représentante de l’Etat de New York âgée de 40 ans, pour le poste d’ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies.
«Elise est une combattante de l’Amérique d’abord, incroyablement forte, tenace et intelligente», a justifié le républicain de 78 ans qui se prépare à revenir à la Maison-Blanche en janvier. Elue au Congrès en 2014 à seulement 30 ans, Elise Stefanik s’est peu à peu affirmée parmi les soutiens les plus ardents de Donald Trump. Elle a fait parler d’elle au plan national par sa défense impétueuse de D. Trump lors de sa première procédure en destitution en 2019, puis a refusé de certifier la présidentielle remportée en 2020 par Joe Biden.
Plus récemment, en décembre 2023, elle a été la protagoniste d’une séquence devenue virale sur les réseaux sociaux, où on la voit interroger de façon extrêmement tendue Claudine Gay, la présidente de l’Université Harvard, à propos de slogans pro-palestiniens entendus sur le campus. Mme Gay a ensuite démissionné. Elise Stefanik a accusé mi-octobre l’ONU de «croupir dans l’antisémitisme».
L’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Danny Danon, a d’ailleurs félicité lundi Mme Stefanik. «A l’heure où la haine et les mensonges remplissent les salles de l’ONU, votre clarté morale résolue est plus nécessaire que jamais», a-t-il écrit.
Dans la vie politique américaine, le poste d’ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations unies sert souvent de tremplin vers des fonctions plus élevées, comme en témoignent les parcours de Madeleine Albright, secrétaire d’Etat sous Bill Clinton, Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale sous Barack Obama, ou encore George Bush père, qui devint président.
Le président élu a aussi désigné Lee Zeldin, un autre de ses proches, pour diriger l’Agence de protection de l’environnement (EPA). «Il va s’assurer d’une prise de décisions rapides et justes de déréglementation qui vont permettre de doper la force des entreprises américaines, tout en conservant les plus hautes normes environnementales», a justifié le futur président républicain.
Lee Zeldin est aussi un ancien représentant de l’Etat de New York. «Nous allons restaurer la prédominance énergétique des Etats-Unis, revitaliser notre industrie automobile pour ramener des emplois aux Américains et faire des Etats-Unis le leader mondial de l’intelligence artificielle. Ceci en préservant l’accès à une eau et un air propres», a écrit l’élu sur X.
Le vainqueur de la présidentielle devrait enfin nommer directeur adjoint de son cabinet Stephen Miller, un de ses proches conseillers depuis l’époque de sa première campagne réussie pour la Maison-Blanche.
Stephen Miller a notamment été l’un des architectes du décret présidentiel interdisant l’entrée sur le territoire américain aux ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane, l’un des épisodes les plus controversés de la présidence Trump.
Donald Trump a manifesté sa volonté de contourner les processus de confirmation, par les sénateurs, des personnes qu’il nomme et ce malgré le fait que les républicains ont repris le contrôle de la chambre haute du Congrès.
Il compte pour cela utiliser une clause qui permet au président de faire des nominations temporaires lorsque le Sénat n’est pas en session. «Tout sénateur républicain intéressé par le poste convoité du chef de la majorité au Sénat des Etats-Unis doit être d’accord avec (cette clause), sans laquelle nous ne serons pas en mesure d’avoir des personnes confirmées à temps», a écrit D. Trump, qui sera reçu aujourd’hui à la Maison-Blanche par Joe Biden.
Le 45e et bientôt 47e président américain a procédé jeudi à sa première grande nomination, en choisissant une femme, Susie Wiles, pour diriger son cabinet.
Mme Wiles a été l’architecte de la campagne électorale victorieuse du républicain, qui a remporté 312 grands électeurs contre 226 pour Kamala Harris. Après avoir repris le contrôle du Sénat, les républicains sont également donnés favoris pour remporter avec une courte avance la Chambre des représentants, mais dans certaines circonscriptions, notamment en Californie, le dépouillement n’est toujours pas achevé.
Un «tsar» des frontières pour s’occuper de l’immigration
Par ailleurs, Donald Trump a annoncé confier le dossier brûlant du contrôle de l’immigration aux frontières à Tom Homan, un tenant de la ligne dure. Nommé à la tête de l’agence responsable du contrôle des frontières et de l’immigration (ICE), il sera chargé de mettre en application la promesse du candidat de réaliser la plus grande opération d’expulsion de migrants illégaux de l’histoire des Etats-Unis. Surnommé «Le tsar des frontières», il a déclaré lors de la Convention nationale républicaine, en juillet : «J’ai un message pour les millions d’immigrants illégaux que Joe Biden a autorisés dans notre pays : vous feriez mieux de commencer à faire vos valises maintenant.»
Il a déjà dirigé l’ICE lors du précédent mandat de Donald Trump (2017-2021). Sous cette première présidence Trump, près de 4000 enfants migrants ont été séparés de leurs parents, placés en détention. Tom Homan a été policier, a travaillé au service de naturalisation et d’immigration, et servi au sein de la patrouille frontalière. Barack Obama l’a placé au poste de directeur associé exécutif de l’ICE.
Au cours de sa campagne, D. Trump s’est déchaîné à plusieurs reprises contre les migrants clandestins qui, selon lui, «empoisonnent le sang» de son pays, et a promis de réinstaurer une politique de séparation des familles à la frontière.
Il s’est engagé à lutter contre les gangs de migrants en utilisant l’Alien Enemies Act de 1798, qui permet au gouvernement fédéral de rassembler et d’expulser les étrangers appartenant à des pays ennemis, dans le cadre d’une campagne d’expulsion massive qu’il a baptisée «Opération Aurora». «Nous avons vu ce qui s’est passé lorsque l’Europe a ouvert ses portes au djihadisme», a-t-il déclaré le 1er mai lors d’un grand rassemblement dans le Wisconsin, un des Etats-clés de l’élection. «Regardez Paris, regardez Londres, ces villes sont méconnaissables.» Et devant ses partisans chauffés à blanc, il a ajouté : «Je vais m’attirer beaucoup d’ennuis avec les gens de Paris et de Londres, mais vous savez quoi, c’est la réalité. Elles sont méconnaissables (…) Je ne laisserai jamais cela arriver aux Etats-Unis d’Amérique.»
Donald Trump envisage de remettre en place des mesures de son administration précédente, comme les Protocoles de protection des migrants (PPM), surnommés Remain in Mexico (Rester au Mexique), qui obligent les demandeurs d’asile à attendre au Mexique que leur demande d’asile soit examinée. Il veut, en outre, restreindre l’accès au statut protégé (TPS) dont bénéficient temporairement les ressortissants de pays comme l’Ukraine, le Venezuela, Haïti, le Nicaragua ou le Soudan, et qui leur permet de résider aux Etats-Unis transitoirement de façon légale. Il suspendrait également la protection accordée pour raisons humanitaires à des Afghans, par exemple.
Donald Trump compte suspendre le programme de réinstallation des réfugiés, en plus de mettre fin aux permis de travail pour les demandeurs d’asile.
Le nombre d’arrivées illégales aux Etats-Unis a fortement augmenté durant le mandat de Joe Biden, passant de 1,9 million en 2021 à 2,9 millions en 2024, selon les statistiques du Département de la sécurité intérieure. Le ministère de la Sécurité intérieure a estimé, dans un rapport publié en avril, que 11 millions d’immigrants se trouvaient de manière non autorisée aux Etats-Unis en janvier 2022. Le Migration Policy Institute, organisme qui travaille sur la question migratoire, livre pour sa part une estimation à 11,3 millions de personnes à mi-2022.
Les migrants en situation irrégulière représentent 3,3% des habitants des Etats-Unis et au moins 8,3 millions d’entre eux sont des travailleurs, selon l’institut de recherche Pew Research Center. La plupart des migrants sans papiers se concentrent dans six Etats : la Californie, le Texas, la Floride, New York, le New Jersey et l’Illinois. Cependant, le Pew Research Center avertit que ce panorama peut avoir changé au cours des deux dernières années, en raison de trois facteurs qui ne sont pas pris en considération dans les statistiques officielles.
A savoir le chiffre record de plus de 2 millions d’arrestations à la frontière avec le Mexique, l’augmentation de plus d'un million de demandes d’asile et l’arrivée de 500 000 migrants bénéficiant de permis humanitaires (parole) en provenance de Cuba, du Venezuela, d’Haïti et du Nicaragua.