Dès 8h30, les armes devront se taire à Ghaza, et les trois premiers otages seront libérés cet après-midi par le Hamas, en échange de 95 prisonniers palestiniens. Un moment tant attendu, mais enfin arrivé, sur fond d’intensification par Israël de son offensive militaire, qui a fait passer la barre du nombre de Palestiniens tués à 47 000, des portés disparus à plus 11 000 et celle des blessés à plus de 110 000. Cette première phase devra permettre l’entrée en grande quantité de l’aide humanitaire et préparer la deuxième phase, dont les pourparlers devront avoir lieu au 16e jour.
Aujourd’hui, un cessez-le-feu entrera enfin en vigueur dès 8h30, heure de Ghaza (6h30 GMT), après 470 jours d’une guerre aussi dévastatrice que meurtrière, qui a fait, jusqu’à hier en fin de journée, près de 47 000 morts, plus de 10 000 autres encore sous les décombres et plus de 110 000 blessées. Tant attendue, cette trêve de 42 jours entre dans le cadre d’un accord entre le mouvement de la résistance Hamas et l’entité sioniste, sous l’égide d’une médiation américaine, qatarie et égyptienne, et annoncé mercredi dernier.
Dans un message diffusé hier sur son compte X (anciennement Twitter), Ajed Al Ansari, porte-parole du ministère des Affaires étrangères qatari, et après avoir confirmé l’heure exacte de l’entrée en exécution du cessez-le feu, a appelé à «la prudence». «Nous conseillons aux habitants de prendre leurs précautions, de faire preuve de la plus grande prudence et d’attendre les directives des sources officielles.» Avant de préciser : «Un calendrier a été coordonné par les parties à l’accord et les médiateurs.»
Durant cette première journée de la trêve, les avions de combat et de reconnaissance israéliens ne survoleront pas Ghaza durant 12 heures, et dans l’après-midi, vers 16h (heure locale), trois otages femmes seront libérées par le Hamas et remises aux équipes du Comité de la Croix-Rouge international (CICR), en contrepartie de la libération par Israël de 95 prisonniers palestiniens, en plus de 600 camions d’aide humanitaire par jour, à travers les points de passage frontaliers, notamment de Rafah ; le retrait de l’armée israélienne du corridor de Philadelphie, qui relie l’enclave à la frontière égyptienne, mais aussi de celui de Netzarim, qui connecte le nord au sud de Ghaza, et par la suite le retour des déplacés vers leurs zones d’habitation.
«Nous avons chaque détail de cet accord. Nous sommes assez confiants qu’il sera prêt à être mis en œuvre dimanche», a déclaré à la presse américaine Brett McGurk, conseiller à la Maison-Blanche, précisant qu’après le retour des trois otages, «l’accord prévoit la libération de quatre autres otages femmes après sept jours, suivie de la libération de trois autres otages tous les sept jours par la suite».
La libération des otages dépend de celle des prisonniers palestiniens
Pour le Hamas, et dans un communiqué diffusé hier, «le mécanisme de libération des otages israéliens dépendra du nombre de Palestiniens libérés par Israël». Et de préciser que «la liste des prisonniers palestiniens à libérer serait publiée un jour avant l’échange, conformément aux termes de son accord de cessez-le-feu conclu avec Israël mercredi».
En fait, les trois premiers otages devant être libérés aujourd’hui, par le Hamas, font partie d’une liste de 33 femmes, enfants de moins de 19 ans, malades, blessés et personnes âgées de plus de 50 ans, devant être relâchés, dans un cadre humanitaire, tout au long des 42 jours de cette première étape de l’accord. Les 30 restants seront libérés chaque samedi, par petits groupes, jusqu’à la fin de la première phase, en échange d’un total de 1167 prisonniers palestiniens, arrêtés après l’attaque du 7 octobre 2023, mais n’ayant pas été impliqués dans cette opération.
Parmi les élargis, 737 sont condamnés à des lourdes peines, allant jusqu’à la perpétuité, dont 345 appartiennent au mouvement Hamas, 229 au Fatah (qui dirige l’Autorité palestinienne), 67 au mouvement du Jihad islamique 19 au Front populaire démocratique, 5 sont des prisonniers indépendants et un seul du mouvement Fida. Les termes des échanges ont été négociés entre les deux parties. En échange de chacun des otages libérés (en vie), 30 détenus palestiniens quitteront les prisons israéliennes.
En contrepartie des neuf otages malades, Israël doit libérer 110 autres détenus palestiniens, en échange de chacune des femmes soldats, il devra libérer 50 autres prisonniers palestiniens. Toujours durant cette période, le Hamas va relâcher les deux otages Avera Mengistu et Hisham Al Sayed, détenus à Ghaza depuis plus de dix ans, en échange de la libération par Israël, pour chacun des otages, 30 prisonniers palestiniens, en plus des 47 Palestiniens libérés dans le cadre de l’accord Gilad Shalit de 2011 puis remis en détention. Enfin, pour la restitution des corps des otages décédés, durant cette première étape, Israël devra libérer plus de 1000 détenus de Ghaza.
Si tout se passe bien, au 16e jour de cette phase, les deux parties reprendront les pourparlers pour s’entendre sur la 2e étape, de 42 jours, qui devra aboutir à la fin de la guerre par l’instauration d’un cessez-le-feu permanent, suivie d’une troisième, pour la reconstruction. Il faut dire que le vote de cet accord par le cabinet élargi du Premier ministre israélien n’a pas été très facile, après plus de six heures de débats, a indiqué la presse israélienne.
Dans son communiqué, diffusé très tard dans la nuit de vendredi à samedi, le bureau du Premier ministre a annoncé que «le gouvernement a approuvé le cadre pour le retour des otages. Le cadre pour la libération des otages entrera en vigueur dimanche». Jusqu’à la dernière minute de cette adoption (précédée par celle unanimement favorable du cabinet de sécurité), les ministres messianiques de l’extrême droite israélienne, y compris au sein du parti Likoud, de Netanyahu, se sont opposés fermement à la fin de la guerre. Mais, la majorité des membres du cabinet, soit 24 ministres, l’ont approuvé.
Les 8 ayant voté contre sont, selon les médias israéliens, trois membres du parti de Netanyahu, David Amsalem et Amichai Chikli, et Shlomi Karhi (a voté par procuration étant absent), mais aussi Itamar Ben-Gvir, auxquels se sont joints Bezalel Smotrich, Orit Strock et Ofer Sofer, membres du parti d’extrême droite sionisme religieux. Ils peuvent aller devant la Haute Cour de justice pour contester la libération des prisonniers palestiniens dits «de sécurité», puisque, après l’approbation de l’accord, le ministre de la Justice a publié la liste de 735 concernés devant être libérés durant la première phase de l’accord.
Ce communiqué entre dans la procédure qui permet de contester la décision devant la Haute Cour, sans toutefois avoir la garantie d’obtenir gain de cause. La haute juridiction a de tout temps rejeté les demandes de ce genre. Le communiqué du ministre de la Justice a évoqué un premier groupe de 95 prisonniers palestiniens devant être libérés aujourd’hui à partir de 16h, au moment où les trois premiers otages israéliens seront libérés par le Hamas et dont les noms devaient être remis 24 heures avant.
23 morts en 24 heures
Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Ghaza a annoncé samedi qu’au moins 23 personnes avaient été tuées dans le territoire palestinien au cours des dernières 24 heures, à la veille de l’entrée en vigueur d’un accord de trêve après plus de 15 mois de guerre. Cela porte à plus de 46 899 morts le bilan des hostilités avec Israël, indique un communiqué du ministère. Selon le texte, 110 725 personnes ont été blessées dans la bande de Ghaza depuis l’attaque du mouvement palestinien en Israël ayant déclenché la guerre le 7 octobre 2023.