Alors que le génocide contre Ghaza boucle son 6e mois : Martin Griffiths condamne une «trahison de l’humanité»

07/04/2024 mis à jour: 03:24
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Martin Griffiths, chef humanitaire de l’ONU, a précisé qu’il resterait en poste jusqu’au mois de juin pour organiser la transition - Photo : D. R.

Le Hamas affirme qu’il «ne renoncerait pas» à ses exigences pour un cessez-le-feu avec Israël, tout en annonçant l’envoi d’une délégation aux discussions du Caire.

Un nouveau round de négociations débutera aujourd’hui au Caire en vue d’un cessez-le-feu à Ghaza, où l’entreprise génocidaire israélienne est entrée hier dans son 183e jour.

Des négociateurs américain, israélien et du Hamas sont attendus au Caire ce week-end pour une énième tentative de parvenir à une trêve associée à une libération d’otages dans la bande de Ghaza. Selon des médias américains, le chef de la CIA, Bill Burns, se rend au Caire pour rencontrer le chef du Mossad israélien, David Barnea, ainsi que des responsables égyptiens et qataris.

Ces pourparlers interviennent dans un contexte bien particulier, très défavorable à Israël dont les tueries continues accentuent son isolement sur la scène internationale.

Israël se retrouve désormais dans une situation bien différente : enlisé à Ghaza, divisé au niveau national, isolé au niveau international et de plus en plus en désaccord avec Washington, son allié le plus proche, sans occulter non plus le risque d’une guerre régionale qui reste réel, selon Associated Press.

Sur le terrain, malgré l’assaut militaire féroce d’Israël, le Hamas est toujours debout, même s’il a été affaibli, souligne l’agence de presse américaine.

Le président américain, Joe Biden, qui perd patience face à la folie meurtrière du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a appelé ce dernier «à conclure un accord sur les otages» israéliens enlevés pendant l’opération «Déluge d’Al Aqsa» menée par les factions palestiniennes le 7 octobre dernier.

Joe Biden a aussi demandé au Qatar et à l’Egypte, les médiateurs avec les Etats-Unis, d’«obtenir du Hamas qu’il s’engage à accepter un accord», a dit un haut responsable américain sous le couvert de l’anonymat.

Quant au mouvement de résistance palestinien Hamas, il a indiqué hier qu’il «ne renoncerait pas» à ses exigences pour un cessez-le-feu avec Israël, tout en annonçant l’envoi d’une délégation aux discussions prévues au Caire.

«Les demandes de notre population et de nos forces nationales sont un cessez-le-feu complet, un retrait des forces d’occupation de Ghaza, le retour des déplacés dans leurs quartiers, une liberté de mouvement, assistance et abri pour la population.

Et un sérieux accord d’échange d’otages», selon un communiqué du Hamas. Une source du Hamas a affirmé à Al Jazeera qu’une délégation du mouvement «se rendra au Caire demain (aujourd’hui, ndlr)» à la suite d’une invitation égyptienne pour «discuter de l’évolution de l’accord de cessez-le-feu».

Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et les médiateurs ont eu d’«intenses contacts au cours des dernières heures pour reprendre les négociations au Caire», a ajouté cette source.

Rappelons qu’après une première et dernière trêve d’une semaine fin novembre, qui a permis l’échange de prisonniers israéliens et palestiniens, plusieurs séries de négociations indirectes entre les protagonistes, via des médiateurs internationaux, ont eu lieu.

Selon un dernier bilan du ministère de la Santé palestinien, 46 morts supplémentaires ont été recensés ces dernières 24 heures à Ghaza, où l’armée d’occupation a commis, vendredi et hier, quatre nouveaux massacres. Le nombre de victimes de l’agression israélienne, depuis le 7 octobre, s’élève à 33 173 morts et 75 815 blessés, a rapporté hier l’agence palestinienne Wafa.

Des sources palestiniennes continuent d’alerter l’opinion publique internationale sur les atrocités commises par l’armée d’occupation qui continue de cibler les hôpitaux et les personnels médicaux. «Nous recevons des dizaines de morts et de blessés chaque jour, alors que les capacités d’accueil sont dépassées», a déclaré à Al Jazeera le porte-parole de l’hôpital des Martyrs d’Al Aqsa, à Ghaza.

De son côté, le porte-parole de l’Unicef, James Elder, a affirmé hier que plus de 600 000 enfants de Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, souffrent de la faim et sont menacés d’une attaque israélienne.

À Rafah, l’enfance en souffrance

L’Unicef a également publié, sur son compte X, une vidéo d’Elder sur la souffrance des enfants qui tentent de survivre à Rafah sous les attaques israéliennes après que 1,5 million de personnes y ont été déplacées.

Elder a, d’après l’agence Wafa, rappelé que les enfants et les familles fuyant les attaques israéliennes ont été informés qu’ils devaient se rendre à Rafah et qu’ils seraient en sécurité là-bas, soulignant que malgré cela, des attaques brutales ont été perpétrées contre eux.

«Rafah est une ville pour les enfants, il y a 600 000 enfants, mais ils sont menacés d’une attaque militaire, ils sont bloqués à Rafah, ils n’ont pas d’endroit sûr où aller», a-t-il souligné.

Il a mentionné que les mères et les pères essaient chaque jour de donner de l’espoir à leurs enfants malgré la peur et la faim, Elder a déclaré que le mot «espoir» risquait d’être supprimé du dictionnaire à Ghaza.

Selon le Bureau central palestinien des statistiques, les forces d’occupation tuent environ 4 enfants chaque heure dans la bande de Ghaza, et 43 349 enfants vivent sans leurs parents ou sans l’un d’eux, en raison de l’agression israélienne continue sur Ghaza depuis le 7 octobre dernier.

Il importe de noter que les enfants constituent 44% du total des personnes tuées à Ghaza, soit 14 350 morts.

En outre, le patron du Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), Martin Griffiths, a demandé hier que «des comptes soient rendus pour cette trahison de l’humanité» représentée par l’agression israélienne contre Ghaza.

Ce haut responsable des Nations unies, sur le départ, dénonce aussi le fait que, malgré «l’indignation mondiale», «si peu a été fait pour y mettre fin, laissant la place à une si grande impunité».

«Pour les habitants de Ghaza, les six derniers mois de guerre n’ont apporté que mort, dévastation et désormais la perspective imminente d’une famine honteuse, créée par l’homme», a-t-il écrit dans un communiqué, à la veille des six mois de guerre exactement.

Sur place, rappelle Martin Griffiths, «personne n’est en sécurité, il n’y a nulle part où aller pour se protéger». Mais, dit-il, «ces six mois de guerre ne doivent pas seulement être un moment de souvenir et de deuil, cela doit aussi provoquer une réaction collective afin que des comptes soient rendus pour cette trahison de l’humanité».

Griffiths a, fin mars, annoncé sa démission «pour raison de santé» de son poste de secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence des Nations unies.

Il doit rester à son poste jusqu’en juin. Ces derniers mois, il avait multiplié sans relâche les appels à laisser entrer l’aide humanitaire à Ghaza, dénonçant les entraves des autorités israéliennes.

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