Alors que 14 membres du congrès des associations et des groupes juifs exigent sa libération immédiate : Le sort de Mahmoud Khalil encore incertain

13/03/2025 mis à jour: 06:59
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Un manifestant brandit une pancarte en soutien à l’étudiant palestinien Mahmoud Khalil

Quatorze membres démocrates du Congrès américain ont condamné, dans une lettre adressée au secrétaire de la Sécurité intérieure, «la violation des droits constitutionnels»  de l’étudiant palestinien Mahmoud Khalil, arrêté dimanche, placé en détention par les services américains de l’immigration et des douanes et menacé d’expulsion,  en raison de sa participation, il y a près d’une année, aux manifestations de solidarité des campus universitaires américains avec Ghaza. 

Pour les signataires, «Khalil a été arrêté sans mandat judiciaire ni aucune accusation officielle» et «privé de l’accès effectif à son avocat et aux visites». Ce qui constitue, selon les rédacteurs de la lettre, «une violation de ses droits  constitutionnels». 

De ce fait, ils ont «exigé sa libération immédiate». Lundi dernier, soit 24 heures après l’arrestation de Khalil,  le président Donald Trump a écrit sur son compte X : «Conformément à mes ordres exécutifs précédemment signés, l’ICE a fièrement appréhendé et détenu Mahmoud Khalil, un étudiant étranger radical pro-Hamas sur le campus de l’université de Columbia. Il s’agit de la première arrestation d’une longue série. Nous savons qu’il y a d’autres étudiants à Columbia et dans d’autres universités du pays qui se sont engagés dans des activités pro-terroristes, antisémites et anti-américaines. 

L’administration Trump ne le tolérera pas.»  Des arrestations d’étudiants étrangers qui ont pris part au mouvement de solidarité avec Ghaza et qui ont participé à la révolte de la majorité des campus universitaires ont été signalées. Dans un communiqué, la député démocrate Rashida Tlaib  a qualifié l’arrestation de Khalil d’«agression contre la liberté d’expression et une tentative de criminalisation de l’opposition» avant d’appeler  à sa «libération immédiate». Lui emboîtant le pas, la députée démocrate  Alexandria Ocasio-Cortez a mis en garde, dans un communiqué diffusé sur la toile, contre ce qu’elle a qualifié de «précédent dangereux».  
 

Les accusations de «soutien au Hamas» sans aucune preuve 

L’avocate de Khalil, Amy Greer, a déclaré dans un communiqué, que «l’étudiant est titulaire d’une résidence permanente, d’une carte verte et marié à une Américaine». Elle a affirmé qu’il a été arrêté dimanche dernier, bien qu’il soit présent aux Etats-Unis en tant que résident permanent détenteur de la carte verte, qui lui a été annulée, et «marié à une américaine». Le secrétaire d’Etat,  Marco Rubio, a publié la photo de Khalil sur son compte X en écrivant : «Nous annulerons les visas des partisans du mouvement Hamas en Amérique ou leurs cartes vertes, afin qu’ils puissent être expulsés.» 

La décision de s’en prendre aux militants de la cause palestinienne a été prise par le président Donald Trump, dès son investiture, à travers la signature d’un décret exécutif, portant sur la «lutte contre l’antisémitisme», qui permettra à l’administration Trump de faire la chasse aux étudiants étrangers pro-palestiniens. 

Dès son arrestation, Khalil, âgé de 29 ans, diplômé d’un master en affaires internationales et publiques de l’université Columbia, qui avait servi de négociateur entre l’administration de cette université et les étudiants manifestants qui avaient installé au sein du campus des campements de soutien à Ghaza,  un message a été posté sur le compte X de la Maison-Blanche dans lequel on pouvait lire : «Shalom, Mahmoud». Khalil devait être déféré, hier fin de journée,  devant le juge du tribunal fédéral de Manhattan, après que la justice, a suspendu, lundi dernier, son expulsion. 

Pour Donald Trump, Khalil «soutenait le Hamas», mais dans le dossier judiciaire, aucune preuve n’a été présentée par son administration sur les faits qui lui sont reprochés.  Le juge détient le pouvoir d’ordonner  la libération de Khalil s’il estime que ses droits ont été violés, mais cela ne risque pas de le préserver d’une procédure  d’une expulsion, du fait que l’affaire va se poursuivre devant un tribunal d’immigration. 

L’arrestation de Khalil a provoqué, lundi dernier, une importante manifestation dans les rues de New York. Depuis le début de la semaine, au moins six autres étudiants ayant pris  part au mouvement de soutien à Ghaza, dans les campus, ont été arrêtés. 

Dans une lettre de soutien, des groupes juifs libéraux, à l’image de Jewish Voice for Peace, Bend the Arc et IfNotNow,  qui ont soutenu les manifestations estudiantines en solidarité avec Ghaza, ont dénoncé, lundi dernier, l’arrestation de Mahmoud Khalil, la qualifiant de décision «autoritaire».  

Plusieurs autres groupes de juifs libéraux, rejoints par un large éventail de politiciens démocrates, ont exprimé leurs «inquiétudes» quant aux implications juridiques de la détention et de la tentative d’expulsion d’un résident légal des Etats-Unis en raison de ses activités de protestation. 

Les groupes de juifs libéraux, comme J Street U, la branche universitaire du lobby libéral, ont déclaré dans un communiqué, qu’ils «n’approuvaient ni les actions ni les positions de Khalil », mais qu’ils étaient «consternés par le dangereux précédent créé par son arrestation. Notre communauté peut et doit défendre les droits constitutionnels de tous, même de ceux avec qui nous sommes en profond désaccord».  

 

«Trump exploite l’antisémitisme pour saper la démocratie»

Pour le Jewish Council for Public Affairs (JCPA), New York Jewish Agenda (NYJA), New Jewish Narrative et le Nexus Project, «l’administration Trump exploite les inquiétudes légitimes autour de l’antisémitisme pour saper la démocratie». Dans un communiqué, le Nexus Project a mis en garde contre «les dérives autoritaires du gouvernement fédéral et son mépris apparent des procédures régulières, qui ne font qu’accroître l’insécurité des juifs». De son côté, la NYJA a affirmé que «ce type d’action autoritaire est incompatible avec notre vision des droits des immigrés et d’une démocratie pluraliste». 

Il y a deux jours, la procureure générale de l’Etat de New York, Letitia James, s’est déclarée «extrêmement préoccupée par l’arrestation et la détention de Mahmoud Khalil,  résident permanent légal d’origine palestinienne». Une réaction suivie par de nombreuses autres émanant de responsables démocrates et de personnalités médiatiques. Sur la Toile, de nombreuses pétitions électroniques exigeant «la libération immédiate» de Khalil ont obtenu des milliers de signatures,  alors que plus de 2 millions de militants ont signé une autre pétition dans laquelle, ils dénoncent son «arrestation et les efforts des autorités locales de New York pour l’expulser des Etats-Unis», malgré sa présence légale via sa «résidence permanente».

Pétition qui a permis à Khalil d’arracher la suspension de l’expulsion, en attendant l’examen de la décision de son incarcération.  Pour de nombreux défenseurs des droits de l’homme et de la liberté d’expression,  l’administration Trump «utilise ses pouvoirs de contrôle de l’immigration pour réprimer les critiques contre Israël», présenté comme «une entité usurpatrice et néonazie sioniste». Pour le Conseil des relations américano-islamiques,  «la décision illégale du département de la Sécurité intérieure d’arrêter Khalil, uniquement en raison de son activisme pacifique contre le génocide est une attaque flagrante contre la garantie de la liberté d’expression du Premier Amendement, les lois sur l’immigration et les conditions humanitaires des Palestiniens».  Salima Tlemçani

 

 

 

Des ex-détenus racontent les traitements inhumains  

Des ex-détenus palestiniens ont dénoncé les traitements inhumains et les violences qui leur ont été infligés dans les prisons sionistes ou par des colons, devant un panel d’experts des Nations unies à Genève, rapportent des médias mercredi. Des Palestiniens témoignaient mardi devant la Commission d’enquête indépendante des Nations unies (COI) sur la situation dans les territoires  palestiniens occupés, créée par le Conseil des droits de l’homme. Les violences infligées par les forces sionistes sont devenues «une politique généralisée», a déclaré l’avocate palestinienne Sahar Francis. «J’ai été humilié et torturé» et «j’étais comme un sac de boxe», a confié Said Abdel Fattah, un infirmier de 28 ans arrêté en novembre 2023 près de l’hôpital al-Chifa de Ghaza où il travaillait. L’interrogateur «n’arrêtait pas de me frapper (...) Je saignais de partout. J’avais l’impression que mon âme quittait mon corps», a-t-il affirmé. aussi, Mohamed Matar, un habitant de Cisjordanie, témoigne devant la Commission des heures de torture qu’il a subies aux mains d’agents de sécurité intérieure et de colons sionistes. Soumis à 12 heures de violence, M. Matar a imploré: «Tirez-moi une balle dans la tête !» «Je ne pensais pas qu’il existait sur Terre des gens avec un tel degré de laideur, de sadisme et de cruauté», a-t-il dit aux journalistes après son témoignage. Dans le même contexte, la Commission des affaires des prisonniers et des ex-prisonniers palestiniens a mis en garde contre la maltraitance et les  conditions inhumaines qu’endurent les détenus palestiniens dans la prison de Megiddo de l’occupation sioniste. De même pour la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture et autres peines ou traitements cruels, Alice Jill Edwards, qui a relevé, récemment, que l’occupation sioniste a infligé aux détenus palestiniens tous les traitements inhumains et dégradants.   

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