Agression contre le Liban : Des raids israéliens meurtriers et des négociations indirectes

05/11/2024 mis à jour: 03:02
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Les raids de l'armée sioniste ne cesse d'endeuillir le pays du Cèdre

Depuis un mois, le Liban est en proie à un déluge de feu. L’armée d’occupation israélienne, après des semaines de bombardements intensifs, poursuit son agression militaire contre le pays du Cèdre.

 Au-delà des ruines et des champs de bataille, des négociations indirectes pour un cessez-le-feu seraient en cours, selon des sources médiatiques, entre les dirigeants israéliens et le Hezbollah. Ces pourparlers pourraient constituer une lueur d’espoir pour l’instauration d’une paix fragile, conditionnée à la mise en œuvre de la résolution 1701 de l’ONU. Mais l’histoire récente démontre que parvenir à une telle application est loin d’être un défi simple.

Adoptée en 2006 à la fin de la guerre entre Israël contre le Liban, la résolution 1701 avait pour objectif de rétablir un cessez-le-feu durable, en délimitant une zone de sécurité dans le sud du Liban. Celle-ci devait être libre de toute armée autre que celles des Forces armées libanaises (FAL) et de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). Pourtant, 18 ans plus tard, la réalité sur le terrain est bien différente : la résolution n’a jamais pu être pleinement appliquée, les tentatives répétées se heurtant à des obstacles juridiques, militaires et politiques. 

La Finul, avec près de 10 000 soldats, est chargée de maintenir la paix aux côtés des FAL. Cependant, les partisans du Hezbollah pointent l’impuissance de la Finul face aux multiples incursions israéliennes au sud du Liban,  qui renforcent leur conviction qu’une présence armée est indispensable pour protéger le territoire. La tâche des FAL dans la région est complexe. Elles bénéficient d’un appui international qui pourrait théoriquement renforcer leurs capacités opérationnelles. Cependant, Israël veille à conserver son «avantage militaire qualitatif» dans la région, ce qui se traduit par une opposition farouche à toute tentative des FAL d’acquérir des armes avancées. 

Ce veto israélien, soutenu par les Etats-Unis, limite la capacité des FAL à se doter de matériels tels que des véhicules blindés ou des systèmes de défense aérienne. Cette situation alimente le discours du Hezbollah, qui affirme qu’il ne pourra envisager de céder la défense nationale aux FAL tant qu’elles ne seront pas suffisamment équipées pour protéger le Liban de manière autonome.La guerre actuelle met en lumière les fractures profondes au sein du paysage politique libanais. La présence de forces armées indépendantes du pouvoir central, telles que le Hezbollah, reflète les faiblesses institutionnelles de l’Etat libanais. 

Chaque tentative d’implémentation de la résolution 1701 nécessite une coordination serrée entre des parties qui, de facto, n’ont pas les mêmes intérêts. A Beyrouth, les factions politiques s’opposent régulièrement, certaines appuyant le Hezbollah et d’autres soutenant des appels à un renforcement du contrôle étatique dans le sud du pays. Ce contexte politique tendu complique la tâche des FAL. 


Exode massif

Dans les faits, le nouveau chef du Hezbollah, Naöm Qassem, s'est dit mercredi prêt à un cessez-le-feu avec Israël sous «conditions», mais a estimé qu’aucun projet sérieux n’était sur la table pour mettre fin à la guerre. 

Le déluge de feu qui frappe actuellement le Liban a poussé des centaines de milliers de personnes à fuir leur foyer. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), environ 472 000 personnes ont traversé la frontière libano-syrienne depuis le 23 septembre, principalement des résidents du sud fuyant les bombardements israéliens. Parmi eux, 32 829 sont des Libanais, tandis que 216 369 sont des Syriens qui avaient trouvé refuge au Liban. 

Cet exode massif ajoute une dimension humanitaire dramatique au conflit, avec des civils contraints de fuir des zones pilonnées quotidiennement.

La quête d’une solution au sud du Liban apparaît ainsi comme un exercice d’équilibrisme délicat. Pour que la résolution 1701 trouve enfin sa pleine application, il faudra plus qu’un simple cessez-le-feu. La réussite d’un tel projet nécessite l’adhésion unanime des acteurs locaux – Israël, le Hezbollah et le gouvernement libanais – mais aussi le soutien résolu de la communauté internationale, en particulier des Etats-Unis, de l’Union européenne et des pays contribuant aux forces de la Finul.

 En attendant, le Liban continue de subir le feu des forces d’occupation israéliennes. Le pays a connu hier une nouvelle nuit de violence, marquée par une série de raids israéliens touchant diverses régions du pays. Selon l’agence nationale de l’information NNA, des frappes aériennes dans la ville de Machghara, située dans la vallée de la Bekaâ, ont causé des pertes humaines et une destruction considérable. La violence n’a pas épargné le sud et l’est du Liban, avec des attaques israéliennes rapportées dans les localités de Jebchit, Tefahta, Khiam, Burdj al Mouluk, Jouaiya, Halousiya, Deir Qanoun en Nahr et  Qlaileh, et la zone entre Roumine et Aazze.

La situation critique des infrastructures sanitaires a de nouveau été mise en lumière après des frappes sur des installations hospitalières déjà sous pression. Le ministère libanais de la Santé publique a confirmé qu’un raid près de l’hôpital gouvernemental de Tebnine, dans le sud du Liban, a gravement endommagé l’établissement, blessant au moins dix personnes (sept à l’intérieur des murs de l’hôpital et trois à l’extérieur). Dans la ville de Baalbek, un autre hôpital gouvernemental a également subi des dégâts matériels, alors même que la structure accueillait de nombreux patients et blessés.

 L’Organisation mondiale de la santé a rappelé le lourd bilan des frappes israéliennes sur le personnel médical depuis le début de la guerre. Depuis le 17 septembre, au moins 85 travailleurs de la santé ont perdu la vie et 51 autres ont été blessés alors qu’ils exerçaient leur mission en zone de conflit. 

En plus des pertes humaines et de la destruction, l’escalade de la violence a provoqué un exode massif. Le groupe armé libanais a annoncé avoir tiré des roquettes et des missiles en direction de plusieurs cibles israéliennes, notamment une unité de surveillance aérienne israélienne dans la base militaire de Meron ainsi que les localités d’Ayelet Hashahar, Sha’al, Hatzor et Dalton. Plus tôt dans la soirée, le Hezbollah a même revendiqué pour la première fois une attaque contre une base aérienne israélienne située dans la ville de Haïfa.  Amel Blidi

 

 

 

Des personnalités accusent la chaîne BBC de favoriser Israël

Plus de 230 personnalités de l’industrie des médias, dont 101 employés de la BBC, accusent le radiodiffuseur britannique de «biaiser» la couverture de l’agression contre les peuples palestinien et libanais en faveur de l’entité sioniste, rapportent plusieurs médias internationaux. Dans une lettre adressée au directeur général de la BBC, Tim Davy, 237 personnalités dont une centaine d’employés du média ont accusé la chaîne de favoriser la partie sioniste dans la couverture de l’agression criminelle contre les peuples palestinien et libanais, a rapporté le quotidien britannique The Independent, seul média a avoir eu accès au document et dont l’information a été relayée par plusieurs médias internationaux. Les signataires de la lettre ont reproché à la BBC de ne pas avoir appliqué ses propres normes éditoriales, en manquant aux règles élémentaires du journalisme basées sur «l’équité et l’impartialité», appelant le radiodiffuseur public à «s’engager à nouveau en faveur de l’équité, de l’exactitude et de l’impartialité dans ses reportages sur le bande de Ghaza». La lettre signée entre autres par la baronne Sayeeda Warsi, l’actrice Juliet Stevenson, l’historien William  Dalrymple, le Dr Catherine Happer, maître de conférences en sociologie et directrice des médias à l’Université de Glasgow, la directrice du Centre de surveillance des médias, Rizwana Hamid, et l’animateur John Nicolson appelle également la BBC à mettre en œuvre un certain nombre d’engagements éditoriaux, notamment rappeler que l’entité sioniste ne permet pas aux journalistes étrangers d’accéder à Ghaza, signaler le manque de preuves lorsqu’il s’agit d’informations 
distillées par l’entité sioniste, préciser lorsqu’un acte (ignoble, ndlr) est commis par l’entité criminelle et rappeler le contexte d’avant-octobre 2023. Dans une déclaration à The Independent, un signataire employé de la BBC a déclaré : «J’ai des collègues qui ont quitté la BBC ces derniers mois, parce 
qu’ils pensent que nos reportages sur (l’entité sioniste) et la Palestine ne sont pas sincères. Beaucoup d’entre nous se sentent paralysés par la peur.»
 

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