Agression contre la Bande de Ghaza : Israël dévoile son plan du «jour d’après»

06/01/2024 mis à jour: 01:23
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Photo : D. R.

La réunion pour l’examen du plan de planification de l’administration de Ghaza post-agression s’est terminée par un échange de propos «virulents» entre les ministres et les hauts gradés de l’armée israélienne, selon Times of Israël.

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a entamé jeudi une tournée au Proche-Orient, la quatrième depuis le début de l’agression israélienne contre la Bande de Ghaza.

La Turquie est la première étape de cette tournée qui l’amènera en Israël, en Cisjordanie occupée, en Jordanie, au Qatar, aux Emirats arabes unis, en Arabie Saoudite et en Egypte. Ce périple au Proche-Orient du diplomate américain, qui se révèle être périlleux, s’étalera jusqu’au 10 janvier.

Il devrait lui permettre de discuter des «mesures spécifiques que les parties peuvent prendre, notamment de la manière dont elles peuvent user de leur influence auprès des autres pays de la région afin d’éviter une escalade», a indiqué le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller.

«Il n’est dans l’intérêt de personne – ni d’Israël, ni de la région, ni du monde – que ce conflit s’étende au-delà de Ghaza», a-t-il ajouté, attestant les craintes américaines quant aux répercussions que risquent d’induire les récents événements qu’a connus la région. Anthony Blinken doit s’attendre ainsi à des discussions difficiles lors de cette nouvelle tournée.

La position américaine est délicate : les Etats-Unis sont le premier soutien militaire d’Israël, rejettent un cessez-le-feu à Ghaza à l’ONU, restent sourds aux appels visant à mettre fin au génocide perpétré contre les civils palestiniens et continuent de livrer armes et munitions à une armée qui cumule crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Mises en échec dans la Bande de Ghaza, où leur enlisement se poursuit face aux combattants du Hamas et du Jihad islamique, les forces d’occupation ont «externalisé» cette semaine le conflit.

Cela fait craindre un embrasement généralisé dans la région. Les ingrédients sont là : assassinat du numéro 2 du Hamas, Salah Al Arouri, dans la banlieue sud de Beyrouth, ainsi que l’arrestation en Turquie d’un réseau d’individus agissant pour le compte du Mossad israélien.

A cela s’ajoutent l’assassinat, jeudi, d’un commandant de la coalition Hachd Al Chaabi et d’un membre du mouvement Al Nujaba en Irak, dans une attaque au drone mené par les Américains, la double explosion qui a fait 89 morts en Iran et revendiquée par le groupe Etat islamique (Daech), outre la poursuite des attaques de navires marchands par les Houthis du Yémen, et ce, malgré la création d’une coalition militaire en mer Rouge sous le houlette des Américains.

«Au vu de son échec et du nombre élevé de soldats tués, il (Israël, ndlr) veut exporter la crise à l’étranger. Il veut élargir le cercle de l’agression (…)», a noté Khaled Mechaal, ancien président du Hamas, dans un communiqué repris par l’agence turque Anadolu.

Des «entités palestiniennes» en charge de la gestion

Quelques heures avant l’arrivée de Blinken à Ankara, dans le cadre de sa tournée, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a dévoilé son premier plan au sujet de l’«après-guerre» à Ghaza.

Un plan qui prévoit la poursuite des opérations militaires à Ghaza jusqu’au retour des «otages», le démantèlement des capacités militaires et de gouvernance du Hamas et «l’élimination» des menaces militaires, a soutenu Gallant, avant de l’exposer en réunion du cabinet de sécurité.

Après quoi, devrait s’amorcer une nouvelle phase, celle du «jour d’après», selon les dirigeants israéliens. «Il n’y aura pas de présence civile israélienne dans la Bande de Ghaza après l’atteinte des objectifs de la guerre», a-t-il aussi déclaré, précisant que «(…) des entités palestiniennes seront en charge de la gestion (…)».

Selon la presse israélienne, l’administration de Ghaza s’effectuera dans l’«après» suivant un schéma tribal excluant l’Autorité palestinienne et le mouvement Hamas.

Lundi dernier, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, avait appelé à un retour de colons juifs à Ghaza après la «guerre» et à «encourager» la population palestinienne à émigrer, suivant ainsi un appel similaire de son collègue d’extrême droite, Bezalel Smotrich, a rapporté Times of Israël. 
Ces divergences révèlent des fissures réelles au sein de l’Exécutif israélien.

D’ailleurs, la réunion pour l’examen du plan de planification de l’administration de Ghaza post-agression s’est terminée par un échange de propos «virulents» entre les ministres et les hauts gradés de l’armée israélienne, a révélé hier le même quotidien, signalant que les députés de droite ont dénoncé les plans de l’armée israélienne visant à enquêter sur ses propres «erreurs».

Alors que la réunion se déroulait tard dans la nuit, des informations ont en effet circulé selon lesquelles Halevi formait une commission d’anciens responsables de la Défense pour enquêter sur les «échecs» de l’armée dans la période précédant les attaques du Hamas du 7 octobre sur le sud d’Israël.

Enquête au sein de l’armée israélienne

Des politiciens de droite, dont certains membres du Likoud, le parti du Premier ministre Netanyahu, se sont attaqués au chef d’état-major de l’armée israélienne au sujet du timing de l’enquête et de la participation d’un ex-ministre de la Défense, à savoir Shaul Mofaz, qui a supervisé le retrait israélien de Ghaza en 2005. Selon les médias israéliens, qui citent des participants anonymes, Netanyahu a mis fin à la réunion au bout de trois heures.

En réaction à l’annonce du plan israélien, le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammed Shtayyeh, a, dans un entretien hier au Financial Times, plaidé en faveur d’une «solution politique pour l’ensemble de la Palestine» et non simplement de Ghaza.

«Les gens commencent à parler du jour d’après, de l’Autorité palestinienne qui gouvernerait à nouveau Ghaza», mais Israël «veut séparer politiquement la Bande de Ghaza de la Cisjordanie», a-t-il déclaré. Et d’ajouter : «(...) Je ne pense pas qu’Israël va quitter Ghaza très bientôt, je crois plutôt qu’Israël va créer sa propre administration civile qui fonctionnera sous l’autorité de son armée d’occupation.

Par conséquent, la question du jour d’après n’est pas claire (pour le moment).» Pour sa part, la présidence palestinienne a fermement rejeté hier ce plan. Elle a, dans un communiqué relayé par l’agence Wafa, affirmé «la position palestinienne claire et inébranlable qui donne la priorité à la fin de l’agression israélienne contre Ghaza et la Cisjordanie».

Elle a également souligné l’importance d’un horizon politique basé sur la légitimité internationale, l’initiative de paix arabe, la fin de l’occupation et la reconnaissance de l’Etat de Palestine, avec El Qods comme capitale. Elle a ainsi rejeté sans équivoque tout projet allant au-delà de ces paramètres, les jugeant «catégoriquement inacceptables».

 

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