Le dossier des essais nucléaires est remis au-devant de la scène, ces derniers temps, dans le sillage de la détérioration des relations algéro-françaises.
Cette question s’est invitée à plusieurs reprises au Parlement et a été évoquée intensément par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, les présidents des deux chambres parlementaires, en l’occurrence Brahim Boughali pour l’Assemblée populaire nationale (APN) et Salah Goudjil au nom du Sénat, ainsi que par des représentants de l’Exécutif.
D’ailleurs, la ministre de l’Environnement et de la Qualité de la vie, Nadjiba Djilali, a estimé que «la responsabilité de la France dans les préjudices causés par ses essais nucléaires dans le sud du pays devrait être inscrite dans la législation environnementale nationale». L’Algérie n’a jamais cessé de réclamer à la France de traiter ses déchets et de décontaminer les sites de ses essais qui empoisonnent encore les régions du Sud.
Un appel qui sera réitéré à l’occasion d’un colloque qui se tiendra prochainement dans la ville d’Adrar et qui sera dédié aux essais nucléaires français dans le sud du pays, et ce, à l’initiative de la deuxième chambre du Parlement via la commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la formation professionnelle. Sous le thème «Essais contre l’humanité et l’environnement», cette manifestation devra intervenir le 13 février, coïncidant avec le 65e anniversaire de la première explosion atomique française à Reggane.
«La France doit assumer ses responsabilités»
A cet effet, un comité préparatoire de cet important événement a été installé. Il multiplie les réunions avec le président de l’Hémicycle. La dernière en vue date de dimanche où les deux parties ont passé en revue les derniers préparatifs, mettant l’accent sur l’état de préparation des structures d’accueil et les moyens logistiques nécessaires et pour que les activités de cette manifestation se déroulent dans les meilleures conditions.
Faut-il rappeler que le premier essai nucléaire de la France dans le sud de l’Algérie a eu lieu le 13 février 1960, près de Reggane, à 1800 km au sud d’Alger, en plein désert, sur un point zéro situé à Hamoudia. L’armée française l’a surnommé Gerboise bleue, du nom du rat du désert que l’on trouve en Afrique.
Trois autres essais atmosphériques, c’est-a-dire à l’air libre sur le même site suivront jusqu’à fin 1961, avant d’être suivis, de 1962 à 1966, par treize essais souterrains, effectués plus au sud, dans le massif montagneux du Hoggar, à proximité d’In Ekker, dans des galeries en colimaçon censées minimiser l’impact. Lors du débat et du vote du projet de loi relatif à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets, Mme Djilali a soutenu que la revendication de l’Algérie exigeant de la France d’assumer sa responsabilité historique dans l’élimination des déchets des explosions nucléaires réalisées dans le sud du pays pendant la période coloniale sera inscrite de manière «claire et explicite» dans la législation environnementale nationale.
Pour la ministre, l’auteur de cette catastrophe environnementale provoquée par les explosions nucléaires, qui constituent «une autre violation à l’encontre de notre pays et de notre peuple», doit «assumer pleinement ses responsabilités historiques, morales et juridiques dans l’élimination de ces déchets radioactifs et reconnaître l’énorme préjudice qu’il a causé à notre pays et aux populations d’Adrar, de Reggane, d’In Ekker et d’autres régions».
Salah Goudjil a également demandé à l’ancienne puissance coloniale d’assumer ses responsabilités historiques à travers le «nettoyage» et la «décontamination» des sites ayant abrité ces essais nucléaires dans le Sahara. Une décontamination réclamée, pour rappel, par le président de la République qui avait accusé le France de refuser de décontaminer les sites où elle a effectué des expériences nucléaires et chimiques en Algérie.