S’il y a une chose (parmi quelques autres) de salutaire qui puisse advenir à l’Algérie en 2025, c’est bien de voir la culture renaître enfin de ses cendres.
Sur le plan culturel, l’année 2024 a été quelque peu mitigée en ce sens qu’il y a, certes, eu quelques moments forts à même de marquer les esprits, notamment le retour du Festival d’Oran du film arabe, mais pas que, mais en même temps, cette année a vu certains festivals, surtout ceux de l’été, annulés ou tout au moins reportés. Pourtant, l’engouement que porte le public pour les sorties culturelles n’est pas une vue de l’esprit.
On en veut pour preuve cette époque, pas si lointaine (celle de la pandémie, pour ne pas la citer) où, alors que tout était sens dessus dessous, les repères mis à sac à cause de la crise sanitaire, seule la culture résistait à Oran, avec l’organisation de plusieurs événements par semaine, et à chaque fois à guichets fermés.
Nous étions alors entre deux vagues pandémiques, et on sentait, chez tout un chacun, une volonté farouche de profiter tout son saoul, ne rien rater de ce que proposaient les théâtres, les cinémas ou les instituts culturels étrangers. Mue par un véritable enthousiasme, Oran a même fait l’expérience d’ouvrir la culture au secteur privé, et ce, par la réception, en 2020, d’un théâtre, en 2022 d’un multiplexe, en 2023 d’un complexe de cinéma et enfin en 2024 d’une nouvelle salle de spectacles, adjacente, d’ailleurs, du premier théâtre privé.
Les mois et les ans ont beau passer et ces établissements sont toujours là, carburant à tous crins, fidélisant un public qui ne rate aucune de leur soirée. Hélas, les prix affichés ne sont pas à la portée de tout le monde, et c’est là où le bât blesse. Entendons-nous bien : il n’est pas question de faire là leur procès. Il faut bien qu’il y ait retour sur investissement, qu’on rentabilise les lieux et qu’on paye les artistes.
En revanche, il est nécessaire que l’administration se décarcasse de sa bureaucratie et libère les initiatives afin que toutes les franges de la société puissent profiter de telles sorties. Même topo pour ce qui est du septième art : si on n’a pas les chiffres officiels du nombre d’entrées de films algériens sortis dernièrement (Algiers, Frantz Fanon, La Dernière reine, etc.), on sait en revanche, de la bouche même du gérant du premier multiplexe d’Oran, dans une déclaration qu’il avait faite lors des assises du cinéma en mars 2023, que pour la seule année 2022, ce sont 100 000 spectateurs qui ont foulé le sol de son multiplex.
On imagine d’ici le sursaut cinématographique sans précédent que connaîtra le pays si ces multiplexes étaient amenés à «foisonner» ici et là, sans être confinés en des centres commerciaux périphériques et qu’ils bourgeonnent non pas seulement à Alger et Oran, mais à travers tout le pays…