Zelensky déplore la frilosité de ses partenaires occidentaux : La solitude de Kiev

26/02/2022 mis à jour: 03:56
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Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky

Qui est prêt à combattre avec nous ? Je ne vois personne. Qui est prêt à donner à l’Ukraine la garantie d’une adhésion à l’OTAN ? Tout le monde a peur», a dénoncé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, alors que les soldats russes étaient aux portes de Kiev. 

Zelensky estime que l’Ukraine est «laissée seule» face à l’armée russe. Il disait cela dans un discours vidéo prononcé tôt hier matin et diffusé sur les réseaux sociaux, à travers le compte de la Présidence ukrainienne. Il apparaissait vêtu d’un simple pull vert militaire, le visage fermé, le ton grave. 

Le président ukrainien est persuadé qu’il est la «cible n° 1» des Russes. «Selon des informations en notre possession, l’ennemi m’a identifié comme la cible n°1. Et ma famille comme la cible n°2», a-t-il déclaré. «Ils veulent détruire politiquement l’Ukraine en éliminant son chef d’Etat», insiste-t-il

L’ancienne vedette de séries télé ukrainiennes a tenu à faire savoir, d’après une transcription rapportée par plusieurs médias internationaux : «Je reste dans la capitale. Ma famille est également en Ukraine. Mes enfants sont en Ukraine. Les membres de ma famille ne sont pas des traîtres, ils sont des citoyens ukrainiens. Je n’ai cependant pas le droit de dire où ils se trouvent exactement

Selon d’autres passages que l’on peut consulter sur le site de RT France (anciennement Russia Today France), le président ukrainien a clairement fait part, dans cette même allocution, de sa disponibilité à négocier : «Nous avons entendu (que Moscou voulait) parler d’un statut neutre pour l’Ukraine (...). Nous n’avons pas peur de la Russie, nous n’avons pas peur de nous engager dans des discussions avec la Russie, nous n’avons peur de discuter avec personne de garanties de sécurité pour notre Etat, nous n’avons pas peur de discuter d’un statut neutre.»

Zelensky ne se sent pas suffisamment soutenu et il l’a fait savoir, déplorant la «lenteur» de la riposte occidentale. S’adressant aux citoyens européens désireux de prêter main forte à son pays, il assène, selon des propos rapportés par l’AFP : «Si vous avez une expérience du combat et que vous ne voulez plus regarder l’indécision de vos responsables politiques, vous pouvez venir dans notre pays pour défendre l’Europe.» 

Et de renchérir : «Comment allez-vous vous-mêmes vous défendre si vous êtes si lents à aider l’Ukraine ? Annuler les visas pour les Russes ? Déconnexion (du réseau interbancaire) Swift ? Isolement total de la Russie ? Rappel d’ambassadeurs ? Embargo sur le pétrole ? Aujourd’hui, tout doit être sur la table, car c’est une menace pour nous tous, toute l’Europe.»

Des négociations sans Zelensky

Alors que le chef de l’Etat ukrainien attend manifestement plus de ses alliés, notamment sur le plan militaire, afin de repousser l’offensive russe, les sanctions «massives» annoncées contre Moscou sont à caractère principalement économique. Biden a d’ailleurs clairement laissé entendre qu’il ne s’engagerait pas militairement dans le conflit. 

Le président américain a certes assuré dans une allocution qu’il défendrait «le moindre pouce de territoire de l’OTAN». Mais il n’est pas prêt à envoyer des troupes en Ukraine, se limitant à renforcer le contingent américain stationné en Allemagne de 7000 hommes supplémentaires.

Volodymyr Zelensky, qui se sent donc plus que jamais menacé et personnellement pris pour cible, a trouvé refuge dans un bunker aménagé dans l’enceinte du palais présidentiel. 

Il sait qu’il n’est pas à l’abri des forces russes. Celles-ci semblent décidées à «décapiter le gouvernement ukrainien et y installer à la place un gouvernement favorable à Moscou», assurent des sources militaires occidentales citées par l’AFP.

Si sur le terrain, la partie semble amplement tourner en faveur des Russes, Poutine s’est dit prêt à engager des négociations avec les Ukrainiens à Minsk, capitale de la Biélorussie. 

«Réagissant aux propos du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui s’est déclaré prêt à discuter du statut de neutralité de l’Ukraine, plus tôt ce 25 février, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a annoncé que Vladimir Poutine était prêt à envoyer une délégation en vue de discuter avec la partie ukrainienne, deux jours après le début de l’intervention militaire russe», peut-on lire sur le site de RT France. 

A savoir cependant avec quelle délégation Poutine serait disposé à dialoguer. Ce qui est certain, c’est que ce ne sera pas avec des pro-Zelensky à en juger par sa nouvelle charge, hier, contre l’ancien comédien. 

S’adressant aux militaires ukrainiens, le président russe les a exhortés, dans un nouveau discours télévisé prononcé hier, à renverser Zelensky. «Prenez le pouvoir entre vos mains. Il me semble qu’il sera plus facile de négocier entre vous et moi», a-t-il martelé. Il a qualifié Volodymyr Zelensky et ses ministres de «clique de toxicomanes et de néonazis, qui s’est installée à Kiev et a pris en otage tout le peuple ukrainien», d’après l’AFP. 

Poutine a d’ailleurs indiqué à maintes reprises que l’un des objectifs de l’offensive russe est la «dénazification» de l’Ukraine, allusion à des groupes d’extrême droite qui se seraient incrustés dans l’armée. 

Autant dire que les jours de Volodymyr Zelensky à la tête de l’Etat ukrainien sont véritablement comptés. 

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