Visite d’un ministre français au Sahara occidental : L’Algérie dénonce une «atteinte grave à la légalité internationale»

19/02/2025 mis à jour: 01:13
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Rachida Dati, ministre de la Culture française

Un nouvel épisode vient assombrir les relations algéro-françaises. Le ministère algérien des Affaires étrangères a vivement réagi à la récente visite de Rachida Dati, membre du gouvernement français, au Sahara occidental. 

Dans un communiqué publié hier par le ministère des Affaires étrangères, Alger dénonce une «atteinte grave à la légalité internationale» et un «mépris manifeste» de la part d’un pays siégeant en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.

Cette visite, perçue comme une validation tacite du «fait accompli marocain» dans ce territoire en quête d’autodétermination, est fermement condamnée par l’Algérie. Rappelant que le processus de décolonisation du Sahara occidental demeure inachevé, le gouvernement algérien insiste sur la nécessité de respecter le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, un principe fondamental du droit international.

«La visite d’un membre du gouvernement français au Sahara occidental est d’une gravité particulière. Elle est condamnable à plus d’un titre. Elle traduit un mépris insigne de la légalité internationale de la part d’un membre permanent du Conseil de sécurité», lit-on dans le communiqué. «Elle aide à la consolidation du fait accompli marocain au Sahara occidental, territoire où un processus de décolonisation reste inachevé et où l’exercice d’un droit à l’autodétermination demeure inaccompli», ajoute la même source.


Alger voit dans ce déplacement un alignement préoccupant de la France sur les positions marocaines, ce qui, selon le communiqué, ternit davantage son image sur la scène internationale. «La visite malvenue du membre du gouvernement français renvoie l’image détestable d’une ancienne puissance coloniale solidaire d’une nouvelle», affirme le texte, soulignant ainsi une prise de position jugée anachronique et contraire aux principes défendus par l’ONU. 

«Négation du peuple sahraoui»

L’Algérie considère ainsi que la France se «disqualifie davantage en s’isolant sur la question du Sahara occidental, alors que les Nations unies œuvrent à une résolution pacifique du conflit sur la base du respect du droit international. Cette posture risque d’accroître les tensions entre Alger et Paris, dans un contexte où les relations bilatérales sont déjà marquées par de nombreuses crispations diplomatiques». 

Pour Alger, seule une approche respectueuse des principes du droit international pourra aboutir à une solution juste et durable pour le peuple sahraoui. Il est à souligner que la ministre française, connue pour être proche du royaume chérifien, a fait son voyage, lundi 17 février, dans le jet privé d’une compagnie marocaine, dans les localités de Tarfaya, Laâyoune et Dakhla. 

Cette visite fait suite à la lettre adressée à Mohammed VI le 30 juillet 2024, où le président français, Emmanuel Macron, reconnaissait la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, réaffirmant cette position devant le Parlement marocain durant sa visite d’Etat à Rabat, en octobre. 

Par ce geste, l’Algérie considérait, dans un communiqué, que la France prend «fait et cause pour la négation du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et se démarque de tous les efforts patients et persévérants déployés par les Nations unies» pour «parachever la décolonisation du Sahara occidental». 

Il ajoute que la France a pris sa décision «avec beaucoup de légèreté et une grande désinvolture, sans en mesurer lucidement toutes les retombées potentielles». Lors de sa visite, la ministre française a rapidement adopté la terminologie d’usage du Makhzen pour désigner le territoire sahraoui, se félicitant de la marocanité de ce qui est appelé les «provinces du Sud», confirmant ainsi son alignement sur la position marocaine. 

Selon le journal Le Monde, il s’agit du deuxième responsable français à fouler le territoire sahraoui. Le 7 janvier 1994, le ministre français de l’intérieur Charles Pasqua s’était envolé vers Laâyoune, mais c’était pour discuter contrats avec son homologue saoudien, le prince Nayef Ben Abdelaziz Al Saoud. Sa visite de quelques heures avait provoqué la «consternation» du Front Polisario et la gêne du ministère français des Affaires étrangères.

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