Visite du representant onusien dans les camps sahraouis : Le Front Polisario réitère son attachement au droit à l’autodétermination

07/04/2025 mis à jour: 13:40
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Staffan de Mistura reçu par Brahim Ghali, président de la République sahraouie - Photo : D. R.

Le peuple sahraoui continue de réclamer son droit à l’autodétermination, tout en dénonçant la poursuite des crimes commis par l’occupant marocain dans la dernière colonie d’Afrique.

L’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, a achevé samedi soir sa visite dans les Camps de réfugiés sahraouis. Elle porte sur la réalité et les perspectives du processus de paix parrainé par les Nations unies dans la dernière colonie d’Afrique. Au cours de sa visite de deux jours, qui s’inscrit dans le cadre de la préparation de son briefing qu’il tiendra devant le Conseil de sécurité onusien à la mi-avril, il a rencontré les responsables sahraouis, à leur tête le président de la République sahraouie, Brahim Ghali.

Lors de sa rencontre samedi avec  Staffan de Mistura, au siège de la présidence sahraouie, Brahim Ghali a réitéré l’«attachement du Front Polisario aux revendications légitimes du peuple sahraoui et la poursuite de son combat jusqu’à obtenir gain de cause et arracher son indépendance», selon des propos recueillis hier par l’APS.

Dans une déclaration aux médias à l’issue de la rencontre entre MM. Ghali et de Mistura, le représentant du Front Polisario auprès de l’ONU et coordinateur avec la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), Mohamed Sidi Omar, a souligné que «la discussion lors de cette réunion a porté sur la réalité et les perspectives du processus de paix parrainé par les Nations unies au Sahara occidental», occupé par le Maroc depuis 1975.

«Au cours de cette réunion, le président Ghali a exprimé l’attachement du peuple sahraoui à son droit inaliénable et non négociable à l’autodétermination et à l’indépendance, et son engagement à travailler et à coopérer avec les Nations unies et l’Union africaine (UA) pour parvenir à une solution juste et durable à la question du Sahara occidental, qui reste à l’ordre du jour des Nations unies en tant que question de décolonisation», a-t-il ajouté.

Il a souligné  que la visite de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU «s’inscrit dans le cadre d’une tournée qui l’a conduit dans la région pour rencontrer les deux parties au conflit, le Front populaire de libération de Saguia el-Hamra et Rio de Oro et l’Etat d’occupation marocain, pour discuter de la situation actuelle et la présenter dans le cadre du briefing qu’il fera devant le Conseil de sécurité le 14 avril».

Les droits humains bafoués

La visite de de Mistura a été, en outre, l’occasion de «mettre l’accent sur le cadre juridique de la question sahraouie et l’adhésion du peuple sahraoui à son droit à la liberté et à l’indépendance et à son droit à la résistance légitime, tout en espérant que les Nations unies prendront des  mesures concrètes pour achever la décolonisation de la dernière colonie en Afrique», a indiqué le diplomate sahraoui.

Par ailleurs, la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme, Mary Lawlor, et d’autres experts des Nations unies ont exprimé hier leur «grave préoccupation» face à la campagne de répression menée ces derniers mois par les autorités marocaines contre des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes et des porte-parole de la contestation au Sahara occidental occupé, «en représailles de leur soutien à l’autodétermination du peuple sahraoui».

«Nous exprimons notre grave préoccupation quant à l’intimidation et la surveillance (par les autorités de l’occupation) des défenseurs des droits de l’homme sahraouis, la déportation (...) de quatre jeunes militants syndicaux norvégiens du Sahara occidental, ainsi que les mesures de rétorsion économiques imposées aux membres de la famille des défenseurs des droits de l’homme et aux militants eux-mêmes», ont souligné Mary Lawlor et des experts des Nations unies dans une communication écrite au sujet de la répression marocaine des défenseurs des droits de l’homme au Sahara occidental au cours des derniers mois. «Nous exprimons également notre inquiétude concernant les restrictions à la liberté de mouvement et de réunion imposées (par le Maroc) aux défenseurs des droits de l’homme sahraouis et étrangers», ont-ils poursuivi.

Et d’ajouter: «Nous sommes également préoccupés par l’effet dissuasif notable que ces mesures sont susceptibles de déclencher sur les défenseurs des droits de l’Homme sahraouis de manière plus générale, en entravant leur capacité à exprimer (...) leurs critiques ou à mener à bien leur travail légitime de défense des droits humains».

Dans leur communication, les experts onusiens ont précisé que «plusieurs journalistes, défenseurs des droits de l’homme, leaders de la contestation et opposants politiques de premier plan ont fait l’objet d’une répression (marocaine) accumulée ces derniers mois, évidemment en représailles de leur travail en faveur des droits de l’homme, notamment de leur soutien à l’autodétermination du peuple sahraoui».

Répression marocaine

Des rapports font état aussi d’une surveillance accumulée et du recours à l’intimidation,  menaces et harcèlement, «pour faire taire» les Sahraouis. «On signale de plus en plus de détentions arbitraires, de répressions violentes de manifestations pacifiques et de restrictions à la liberté d’expression et à la liberté de mouvement contre les défenseurs des droits de l’homme».

Les familles de ces militants «ont également été visées par les représailles économiques et la perte d’opportunités en matière d’éducation et d’emploi», ont déploré les auteurs de cette communication. Les experts onusiens ont cité, dans leur document, quelques cas de militants et de défenseurs des droits humains au Sahara occidental ayant fait l’objet de répression marocaine à l’instar des journalistes sahraouis, Ahmed Ettanji et Mohamed Mayara. «Le 9 octobre 2024, les forces de sécurité marocaines ont assiégé, menacé d’arrêter et expulsé MM. Ahmed Ettanji et Mohamed Mayara de la ville de Cap Boujdour, au Sahara occidental, alors qu’ils s’y trouvent pour une visite familiale.

A leur arrivée au poste de contrôle local, les deux défenseurs des droits humains ont été retenus par les autorités marocaines, puis relâchés au bout d’une heure». «Lorsque les défenseurs des droits de l’homme sont arrivés au domicile de la famille, ils ont trouvé la police marocaine (...) encerclant l’endroit, les menaçant d’arrestation et exigeant qu’ils quittent immédiatement la maison et la ville», ont-ils indiqué. «La famille d’accueil a également fait l’objet d’actes d’intimidation et de menaces de perquisition parce qu’elle hébergeait les défenseurs des droits de l’Homme».

En conséquence, les militants en question «ont dû quitter la ville et ont été contraints de retourner dans Laâyoune occupée». Aussi, les experts onusiens ont évoqué dans leur communication l’expulsion par les autorités d’occupation marocaines des militants des droits de l’homme. «Le 2 novembre 2024, des défenseurs des droits de l’Homme de Norvège ont visité la maison de M. Sidi Mohammed Dadach, défenseur des droits humains». La maison de ce dernier «a été encerclée par des officiers de police marocains, qui ont ordonné aux militants de préparer leurs affaires à l’hôtel, et leur ont ordonné de quitter le Sahara occidental».

Droit des sahraouis à l’autodétermination

Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est inscrit en 1963 sur la liste des territoires non autonomes établie par la IVe Commission générale des Nations unies. En 1965, la résolution 2072 de l’Assemblée générale des Nations unies le place sur la liste des régions à décoloniser et fait référence à la résolution 1514 sur le droit à l’autodétermination des peuples colonisés.

Le 20 août 1974, le gouvernement espagnol annonce son intention d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara, prévu pour le premier semestre 1975. Le roi du Maroc Hassan II s’oppose à ce que l’indépendance en soit une des options.En octobre 1975, la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye rend son arrêt consultatif qui réaffirme le droit des Sahraouis à l’autodétermination.

Mais le 6 novembre, à l’appel du roi Hassan II, 350 000 Marocains protégés par les soldats du royaume traversent la frontière du Sahara occidental occupé par l’Espagne. Ainsi, Rabat annexe le territoire sahraoui pour proposer ensuite un plan d’autonomie sous sa souveraineté. Option rejetée par les Sahraouis qui revendiquent l’indépendance.

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