Violences faites aux femmes : Des associations exigent des mesures concrètes

09/03/2025 mis à jour: 00:36
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Plusieurs organisations féministes algériennes ont interpellé les pouvoirs publics sur des questions essentielles pour l’épanouissement et la protection des femmes : la lutte contre les violences faites aux femmes et la garantie du congé de maternité pour toutes les travailleuses. 

En première ligne des collectifs engagés dans la défense des droits des femmes, parmi lesquels le Réseau Wassila/Avife, la Commission nationale des femmes travailleuses, la fondation du Journal féministe algérien, le collectif Algerian Feminists, l’Initiative Dépression post-partum DZ, l’Initiative Laha Podcast, la Fondation Amal et Karama et l’initiative Thawra Podcast.

Déposées respectivement au ministère du Travail et au ministère de la Solidarité, ces missives détaillent un ensemble de propositions visant à corriger des lacunes dans la législation et les politiques publiques. Dans une première lettre ouverte, les signataires saluent l’initiative du président Abdelmadjid Tebboune, qui a mandaté le ministère de la Justice et celui de la Solidarité pour renforcer la protection des femmes victimes de violences. 

Mais elles rappellent que la situation exige davantage que de simples déclarations d’intention. «Face à la persistance alarmante des violences faites aux femmes en Algérie, plusieurs organisations féministes expriment leur engagement en faveur d’une stratégie nationale de lutte à la hauteur des enjeux», plaident les collectifs.

Le document propose un plan d’action en plusieurs volets et qui consiste en un dispositif de signalement efficace à travers la mise en place de centres d’appels disponibles 24h/24, accompagnés de protocoles d’intervention rapide. 

Une protection immédiate des victimes et l’acceptation systématique des plaintes, la mise en place de mesures d’éloignement des agresseurs et le renforcement des capacités d’accueil des structures d’hébergement. Elles proposent également un accompagnement global, et ce, grâce à la construction de nouveaux centres d’hébergement, aides financières pour les victimes et programmes de réinsertion. 

Les associations suggèrent, par ailleurs, une formation renforcée des professionnels (policiers, magistrats, travailleurs sociaux doivent être sensibilisés aux spécificités des violences) ainsi que la mise en place d’un cadre juridique renforcé, à savoir la reconnaissance du féminicide et du viol conjugal, le durcissement des lois contre le harcèlement et les violences psychologiques. Elles appellent également à une action sur les causes structurelles : intégration de l’éducation à l’égalité des sexes dans les programmes scolaires et abrogation des lois discriminatoires.

Garantir le droit au congé de maternité 

La seconde lettre, adressée au ministère du Travail, dénonce une injustice persistante qui pèse sur de nombreuses femmes salariées en Algérie : l’application rigide de l’article 32 du décret exécutif n° 84-27. Cette disposition prive certaines travailleuses de leurs indemnités de congé de maternité au motif d’absences temporaires, y compris lorsqu’elles sont justifiées.

Il est à noter, à ce propos, que le président Tebboune a annoncé récemment un allongement du congé de maternité, une mesure jugée positive par les collectifs féministes. Mais celles-ci alertent : cette avancée reste insuffisante tant que l’interprétation actuelle de l’article 32 continue de pénaliser des salariées fragilisées.

«L’interprétation actuelle de l’article 32 engendre des discriminations inacceptables : une absence non rémunérée, même d’un jour, est considérée comme une rupture de la relation de travail, excluant de fait la salariée de l’accès aux indemnités de congé de maternité. 

Cette pratique est contraire à l’esprit de la protection sociale et aux engagements internationaux de l’Algérie en matière de droits des femmes, notamment la convention n°3 de l’Organisation internationale du travail sur la protection de la maternité», dénoncent les associations signataires de la lettre. 

Les organisations signataires formulent ainsi trois revendications principales : la révision de l’article 32, pour que seule l’existence d’un emploi six semaines avant l’accouchement conditionne l’accès aux indemnités journalières, l’harmonisation des règles de la sécurité sociale avec le code du travail et la loi sur la Fonction publique, afin d’éviter les contradictions juridiques actuelles, ainsi que le respect des engagements internationaux de l’Algérie en matière de protection de la maternité, notamment la Convention n°3 de l’Organisation internationale du travail. Et les associations d’asséner : «Il s’agit d’une question de justice sociale et de respect des droits fondamentaux des femmes travailleuses.» 

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