Depuis plusieurs jours, un appel à une grève générale mondiale pour ce lundi 11 décembre circulait sur les réseaux sociaux et a été largement relayé par de nombreuses organisations et activistes pro-palestiniens sous le hashtag «#StrikeForGaza» (Grève pour Ghaza).
Rideaux baissés, écoles et universités fermées, rues désertes, trafic automobile gelé, administrations publiques et entreprises à l’arrêt, marchés fantomatiques, bazars silencieux, réseaux de transport inertes… C’est l’image des villes palestiniennes ce lundi, celles de la «Dhifa» notamment, de la Cisjordanie occupée, à l’est de la Palestine, car à Ghaza, il n’y a qu’une actualité qui domine toutes les unes : celle des bombardements sans relâche.
Cette paralysie générale de la vie publique dans les Territoires palestiniens occupés se voulait une réponse à l’appel à une grève générale mondiale pour dénoncer les crimes abominables commis par l’armée sioniste à Ghaza et exiger un cessez-le-feu immédiat.
La grève a été suivie à 100% en Palestine, mais cet élan a été également observé, avec moins d’ampleur, dans plusieurs capitales et villes arabes : à Beyrouth, à Amman et dans d’autres villes jordaniennes, de même qu’en Egypte et en Turquie pour ne citer que ces pays-là. En Europe aussi et sur les autres continents, il y a eu des gestes de solidarité en résonance avec ce vaste mouvement civique.
Il faut dire que depuis plusieurs jours, l’appel à une grève générale mondiale circulait de façon insistante sur les réseaux sociaux et a été largement relayé par de nombreuses organisations pro-palestiniennes et autres activistes. On a vu ainsi émerger le hashtag «#StrikeForGaza» (Grève pour Ghaza) sur plusieurs plateformes. Sur le réseau X (ex-Twitter), c’est même devenu un «trend».
Il existe d’ailleurs un compte «Strike For Gaza» qui a diffusé ce mot d’ordre explicitant la conduite à observer le jour «J», c’est-à-dire ce lundi 11 décembre : «N’allez pas au travail, n’allez pas à l’université, n’allez nulle part, n’achetez rien, n’envoyez pas vos enfants à l’école, n’ouvrez pas votre magasin.»
La grève suivie à 100% dans les territoires occupés
Et l’on a vu de nombreux internautes interagir avec ces appels et diffuser des images donnant à voir le plus souvent des commerces fermés en soutien à Ghaza. «La capitale Amman s’est transformée en ville fantôme. Nous souhaitons que la contagion touchera toutes les capitales arabes» a posté un activiste jordanien sur X, accompagnant son message d’une vidéo montrant des rues de Amman vides en solidarité avec Ghaza.
Mais c’est surtout à l’intérieur des Territoires palestiniens que la grève générale a été le plus suivie. Une vidéo diffusée par Al Jazeera sur sa page Facebook et prise à Ramallah ce lundi matin montrait une ville morte. La même mobilisation silencieuse était visible à Jénine, à Al Khalil, à Al Qods et dans tous les autres gouvernorats.
L’appel à la grève générale en Palestine, indique l’agence Wafa, a été initié par de nombreuses forces politiques et religieuses et a touché «tous les secteurs d’activité». «Les universités étaient fermées, de même que les banques, les commerces (…). La grève a également touché les transports publics. Les rues étaient désertées par les voitures et les passants. Les usines et les manufactures également ont suspendu leur activité», détaille Wafa.
L’université de Birzeit, à environ 25 km au nord de Jérusalem, a rapporté sur sa page Facebook : «L’université de Birzeit représentée par sa direction, son syndicat et le conseil des étudiants, fait part de son adhésion à l’appel à une grève générale lundi 11 décembre pour protester contre l’horrible agression et les crimes barbares infligés à notre peuple dans la Bande de Ghaza et en communion avec les appels lancés à l’échelle mondiale pour exiger un cessez-le-feu à Ghaza.»
A Ramallah, le mouvement de grève a été accompagné d’une marche à laquelle ont appelé diverses organisations palestiniennes, politiques et syndicales, rapporte l’agence Wafa. Les manifestants ont brandi un panneau contenant les noms des martyrs de la Bande de Ghaza. Des enfants investissant la place Al Manara ont écrit des lettres à l’attention des enfants de Ghaza pour leur dire combien ils pensaient à eux en ces temps douloureux.
«Je déchire ce passeport comme l’armée israélienne déchire Ghaza»
Au Liban, le président du Conseil des ministres, Nadjib Mikati, a ordonné la fermeture de l’ensemble des administrations et des entreprises publiques dans le pays ainsi que les services municipaux en signe de participation à ce mouvement mondial de grève. Plusieurs formations et organisations de la société civile libanaise ont rejoint également le mouvement.
C’est le cas de l’Ordre des ingénieurs et des architectes qui a annoncé sur les réseaux sociaux la fermeture de son siège principal à Beyrouth, ce lundi, de même que ses bureaux régionaux, pour dénoncer «les atroces attaques israéliennes contre des journalistes et les civils au Sud-Liban». En Jordanie, outre les commerces et les entreprises, l’antenne jordanienne de l’Unrwa a rejoint la grève en procédant à la fermeture des écoles qui lui sont affiliées.
A noter aussi ce geste des médecins de l’hôpital Al Istiklal à Amman qui ont observé un arrêt de travail symbolique de deux heures. «Cette action de grève est le moins que l’on puisse faire pour nos frères à Ghaza en ces circonstances douloureuses et tragiques qu’ils traversent», a souligné un médecin cité par l’agence Wafa. Retenons pour finir ce geste émouvant d’un citoyen allemand.
C’est une séquence filmée diffusée par Al Jazeera sur le réseau X et relayée par de nombreux utilisateurs. On y voit un homme dans une ville allemande brandissant son passeport et criant sa colère en pleine rue contre la politique de son pays à l’égard des Palestiniens.
«Chers amis, ceci est mon passeport» se lance-t-il. «Aujourd’hui, j’ai honte d’être Allemand. Et j’ai décidé pour protester contre l’injustice infligée à la Palestine de déchirer ce passeport exactement comme l’armée israélienne déchire les territoires palestiniens et leur peuple», martèle le courageux humaniste.
Joignant le geste à la parole, il se met à déchirer son passeport sous les applaudissements de militants pro-palestiniens en keffieh. Il se met ensuite à scander : «Free, Free, Palestine !», «Arrêtez le massacre !»…