Le dernier corpus (*) de Saâd Saïd, consacré à la vie et au parcours artistique de Amar Ezzahi, vient de débarquer dans les rayons des librairies d’Alger. Paru aux éditions El Qobia, l’ouvrage, très attendu par les mélomanes, est un pavé de 120 pages.
Ecrit dans un style fluide et agréable, l’œuvre, dont le titre est «Amar Ezzahi, une légende de renouveau de la chanson chaâbie», retrace la vie de l’icône de la chanson chaâbie, l’enfant de «Ronvalé» (la Rampe Valée) qui a quitté ce bas-monde un certain 30 novembre 2016. L’auteur, qui a confié la préface à Lounis Aït Aoudia, président de l’Association des amis de la rampe Louni- Arezki, évoque deux aspects fondamentaux dans son livre : le volet lié à la personne de l’artiste et l’autre volet qui lève un pan de voile sur la vie de Ezzahi le citadin.
«Quand bien même je tenais à faire montre de prudence et de circonspection quant aux informations que je recueillais auprès des proches amis de l’artiste, je ne pouvais m’empêcher d’apporter une foule de détails sur la vie privée de qu’on désignait de ‘Cheikh Leblad’», dira l’auteur qui, par ailleurs, «avoue que le travail de recherche sur la personnalité réservée de l’artiste et entourée de quelques mystères le forçait à chaque fois de compulser ses notes».
L’ouvrage révèle au lecteur beaucoup de choses que les fans de l’artiste ne connaissent, un homme qui refusait de se mettre sous les feux de la rampe. Son enfance, son adolescence, ses premiers pas dans la musique, ses premières fréquentations dans son quartier fétiche la Rampe Valée dans les années cinquante sont autant de haltes que le lecteur découvre au fil de la lecture. L’auteur évoque le café emblématique Haouchine et son importance dans l’éclosion de jeunes talents dont Ezzahi.
Il cite également des cheikhs qui ont forgé le jeune Ezzahi, comme Cheikh Lahlou, Kaddour Bachtobdji, Cheikh Kabaïli et plus tard Mahboub Bati. Le texte est riche en témoignages et non des moindres. Saâd Saïd a fait parler dans le cadre de ses recherches certains amis d’enfance d’Ezzahi comme Lounis Aït Aoudia, Yahia Bouraba ou encore Rabah Haouchine dont des bribes de récits, parfois bouleversants, éclairent le lecteur sur l’histoire de la vie de «Amimer», comme aiment l’appeler ses amis intimes.
«Amimer» était un homme altruiste
Certains chapitres du livre, comme celui consacré aux «derniers instants du cheikh», ne laissent pas de marbre. Le second point fort de cette biographie est sans contexte ces anecdotes qui nous renseignent peu ou prou sur le caractère bien trempé de l’artiste, qui nous autorise quelque part à lui reconnaître une certaine force d’âme, qui se résume dans son altruisme et son inclination à tourner le dos aux avantages matériels qu’on lui proposait.
Un «Amimer» vivant les derniers temps presque comme un reclus, comme pour signifier que son avenir est bien derrière lui… Il convient, enfin, de signaler que l’auteur, Saâd Saïd, a à son actif quatre romans publiés, dont le dernier est «La gloire des vaincus» que d’aucuns considèrent comme un chef-d’œuvre.
Il s’apprête à publier dans les prochains mois «Un été à Nouméa», une œuvre littéraire – en chantier – qui relate la vie des déportés algériens en Nouvelle-Calédonie, suite à la grande insurrection d’El Mokrani en 1871. Histoire de mettre au parfum le lecteur, «Un été à Nouméa» est l’histoire d’une amitié profonde entre un jeune Français, Antoine, et un jardiner algérien, Abdelkader.
A travers l’amitié, le Français comprendra que les Algériens déportés en Nouvelle-Calédonie n’étaient pas ces criminels, ces dangereux bagnards que la France coloniale tenait à faire éloigner de leur pays, l’Algérie. «L’histoire, tient à noter l’auteur, a un devoir de réhabiliter cette catégorie de citoyens algériens que la tyrannie coloniale française s’est acharnée à assimiler honteusement à de vulgaires bandits, voire une horde de criminels.»
(*) Amar Ezzahi, une légende de renouveau de la chanson chaâbie, Editions El Qobia, prix public : 1100 DA