Un statut à assumer en Afrique

08/05/2023 mis à jour: 06:02
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Lors de son entrevue avec les représentants de la presse nationale, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a une nouvelle fois insisté sur le recentrage stratégique du pays sur le continent africain.

Faisant au passage la critique de l’orientation de l’Etat durant la dernière décennie, et focalisée sur «l’outre-mer», soit vers l’Europe, il a fortement défendu que l’Algérie a aujourd’hui l’obligation d’assumer son statut de leader, en tant que «troisième puissance économique et deuxième puissance militaire» et d’avoir une présence effective à travers le continent.

Ce nouveau cap diplomatique stratégique doit se démarquer des approches développées notamment par les puissances occidentales en Afrique, et guidées par des enjeux d’influence géopolitiques et d’exploitation des ressources locales. La vision défendue par l’Etat algérien est basée sur le développement et la solidarité, a-t-il encore insisté. Sécheresse, pauvreté, manque d’infrastructures et de financements…

Autant de maux dont souffre de manière chronique le continent et sur lesquelles l’Algérie compte proposer une coopération concrète et substantielles aux pays concernés. L’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement, créée en 2020, est l’instrument phare de la nouvelle politique africaine de l’Algérie. «L’annonce de la création de l’Agence, faite en Ethiopie il y a deux ans, devant les dirigeants africains a été chaudement accueillie par l’assistance, car connaissant les bonnes intentions de l’Algérie», a tenu à rappeler le président de la République, pour souligner l’attente en direction de l’Algérie et le capital confiance dont elle jouit sur le continent.

L’Agence a pour missions principales de contribuer à la conception et à la mise en œuvre de la politique nationale de coopération internationale sur les volets économique, social, humanitaire, culturel, cultuel, éducatif… Elle a pour autres attributions d’apporter son soutien à l’action de l’appareil diplomatique et des ministères concernés à travers l’assistance technique et financière extérieure et d’assurer le suivi de la gestion technique et financière des projets d’assistance et de coopération internationale, le tout avec une forte vocation africaine.

L’ambition de compter efficacement dans l’équation de développement et de solidarité en Afrique a été confortée, depuis, par l’annonce de la dotation d’une enveloppe de 1 milliard de dollars au profit de l’agence, un apport considérable dans le contexte régional et continental. Ce budget est susceptible d’être revu à la hausse selon la demande et l’état d’exécutions des projets, a laissé entendre le Président.

Le Mali et le Niger, situés dans cette bande sahélienne frappée par la pauvreté, la sécheresse endémique et l’insécurité, verront le lancement, incessamment, des premiers projets pilotés par l’agence, est-il encore annoncé. «Dans un mois, les premiers chantiers seront lancés dans la ville de Kidal au Mali, avec la réalisation d’un dispensaire et d’une école, ainsi que le forage d’un puits pour assurer un approvisionnement en eau potable», a ainsi indiqué Abdelmadjid Tebboune, qui apprend avoir nommé un nouveau directeur à la tête de l’institution pour accélérer la cadence d’exécution des projets.

Sur le segment sectoriel, le nouveau recentrage vocationnel de l’Algérie sur l’Afrique s’appuie sur le lancement de projets dans les domaines du transport, du commerce et des finances. Le président de la République rappelle, à ce titre, l’ouverture d’une ligne maritime pour le transport de marchandises avec Nouakchott, en Mauritanie, et d’une ligne maritime vers Dakar au Sénégal et vers la Côte d’Ivoire. L’ouverture de la première banque algérienne au Sénégal est par ailleurs annoncée pour les quelques mois qui viennent.

Des foires permanente de produits algériens sont également tenues dans plusieurs villes africaines du Sahel et participent de cette volonté de visibilité pour le label algérien dans ce périmètre stratégique naturel que le pays a sans doute eu tort de déserter par le passé.

Dans ses réponses aux représentants de la presse, lors de l’entrevue diffusée avant-hier, le président de la République n’a pas manqué de faire part de toutes «les résistances» et les difficultés qu’il a fallu vaincre au niveau de l’administration pour faire évoluer les paradigmes qui ont longtemps minorisé l’intérêt stratégique de se tourner franchement vers l’Afrique. 


 


 


 

 

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