Un rapport de l’Institut Montaigne : La démographie française dopée par l’immigration

04/09/2023 mis à jour: 01:59
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La croissance de la population française connaît un ralentissement - Photo : D. R.

L’accroissement de la population française stagne ou recule, annonçant un vieillissement à terme. La part de la population étrangère ou immigrée s’établit désormais à 10%. Avec des effets, notamment en termes économiques.

Les conclusions d’une note de l’Institut Montaigne sur la démographie française établissent que la population immigrée ou étrangère s’accroît plus vite que la population française.

En précisant la définition des termes «immigré» et «étranger» : «Un immigré est une personne née étrangère à l’étranger quelle que soit sa nationalité actuelle. Un étranger est une personne qui réside en France et ne possède pas la nationalité française. Un étranger n’est pas forcément immigré, il peut être né en France.»

Ce vieillissement de la population française en rapport à la vitalité de la population d’origine externe est l’un des grands débats de la société française, présenté souvent d’une façon xénophobe ou raciste par une part de l’échiquier politique.

Face à ces positions irraisonnées, cette note de l’Institut Montaigne a pour vocation de présenter «un état des lieux chiffré (vieillissement rapide de la population, changement d’ampleur et de nature de l’immigration), puis une évaluation prospective (évolution à long terme de la population française et impact du vieillissement sur les politiques publiques), afin de permettre une prise de recul objective et rigoureuse, nécessaire à l’analyse de ces sujets», est-il écrit dans sa présentation.

L’étude parle tout d’abord du ralentissement de la croissance de la population française, ce qui signifie à moyen terme une population plus âgée : «La France semble durablement entrée dans une phase de ralentissement démographique (+0,5% en 2018, +0,3% en 2020), parallèlement à son vieillissement.»

Et le rapport ajoute : «Notre pays n’est pas dans une situation démographique inquiétante (…). L’excédent naturel en 2022 (différence entre naissances et décès : + 56 000) était ainsi le plus faible depuis 1945.»

Face à cette situation qui ira en s’aggravant pour un certain nombre de causes que le rapport explicite, la question de l’immigration prend toute sa place : «Il n’y a jamais eu autant d’étrangers en France depuis le Second Empire. La France comptait environ 1% d’étrangers sur son sol en 1851. Cette proportion dépasse aujourd’hui le maximum enregistré en 1931 (7%) pour atteindre 7,7% en 2021, soit 5,3 millions de personnes 3 dont 4,5 millions d’immigrés et près de 0,8 million de personnes nées en France.»

La part de la population immigrée en hausse

Le seuil symbolique de 10% d’immigrés parmi la population française est dépassé alors que cette proportion était de 3,7% il y a un siècle, 5% au sortir de la guerre, 7,4% en 1975 et 8,6% en 2011. Entre 1968 et 2021, le nombre d’immigrés en France a été multiplié par 2,2, tandis que la population française l’a été par 1,4. Clairement donc la population étrangère ou immigrée s’accroît alors que l’ensemble de la population française globale établie par les recensements stagne.

Ainsi, a calculé l’Institut Montaigne, «en 2022, l’immigration a compté pour près des trois-quarts de l’accroissement de la population». L’étude établit que le stock de titres de séjour valides a augmenté significativement depuis trente ans. Il est proche de quatre millions.

Les flux annuels d’entrées d’étrangers de pays tiers (premiers titres de séjour) sont eux aussi en augmentation constante depuis trente ans : «Ils sont supérieurs à 200 000 depuis dix ans et 2022 a été une année record avec plus de 320 000 premiers titres délivrés ». Et de préciser que les 4,5 millions d’immigrés sont majoritairement d’origine africaine, et un quart est d’origine maghrébine.

L’étude a tenté alors de prendre la mesure de l’impact économique – les coûts et bénéfices – de l’immigration qui peut être mesuré dans quatre domaines : la richesse nationale, les comptes publics, l’emploi et les salaires. Au bout des données présentées, le rapport conclut que « comme pour la plupart des autres États européens, la croissance de la population française se poursuivra désormais essentiellement via l’immigration ».

Faut-il s’en alarmer comme le clament certains médias et certains hommes politiques d’extrême-droite ? Pour Ekrame Boubtane, chercheuse associée à l’École d’économie de Paris, interrogée par RFI : «Il y a certains secteurs de l’économie qui ne fonctionneraient pas sans l’immigration et donc on a des effets de complémentarité, ce qui explique pourquoi on a effectivement cet effet positif sur le niveau de vie moyen.

C’est une question de répartition de la valeur ajoutée et cela contribue aussi à une réduction des inégalités.» Pour elle cependant, «l’immigration représente toujours une part faible de la population française (10,3 % de la population en 2023, ndlr), ce qui explique son faible impact sur l’économie, mais cela n’empêche pas qu’elle a participé grandement au développement économique du pays».

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