Un peu plus de deux ans après le putsch de 2023 : Le Gabon vote la nouvelle constitution

17/11/2024 mis à jour: 17:54
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Si la Constitution est adoptée, la prochaine étape sera la tenue d'une élection présidentielle

Quelque 860 mille électeurs sont convoqués hier aux urnes au Gabon pour se prononcer sur le projet de nouvelle Constitution, présentée par le régime du général Brice Oligui Nguema comme «un tournant majeur» après le putsch d'août 2023, rapporte l’AFP.

Le calendrier de la transition doit aboutir, après l'adoption de la nouvelle loi fondamentale, à la tenue d'une élection présidentielle en août 2025. 

Les opposants au texte dénoncent un projet taillé sur mesure pour le nouvel homme fort du pouvoir, ses partisans disent qu'il faut aller de l'avant en votant «oui». Pour les médias locaux, le taux de participation est le principal enjeu de la consultation.  

Le projet de nouvelle loi fondamentale consacre entre autres un mandat de sept ans renouvelable une seule fois, avec un régime présidentiel au pouvoir exécutif fort, sans Premier ministre mais avec un vice-président nommé par le chef de l'Etat, et un pouvoir de dissolution de l'Assemblée nationale. 

Comme il impose au candidat à la présidentielle d'être exclusivement Gabonais, né d'au moins un parent gabonais de naissance et marié à une personne gabonaise, des conditions assouplies après une première mouture se limitant aux seuls Gabonais nés de deux parents gabonais. Un alinéa non inscrit dans la liste des dispositions intangibles interdit au conjoint ou aux descendants du président de se porter candidat. 

Si la Constitution est adoptée, la prochaine étape sera la tenue d'une élection présidentielle, actuellement prévue en août 2025, pour mettre un terme définitif à la transition née du putsch qui a mis fin aux 55 ans de règne de la dynastie Bongo. Le général Oligui a promis de rendre le pouvoir aux civils sans pour autant cacher  ses ambitions présidentielles en promettant aussi un «essor vers la félicité » à ce pays à la fois riche en pétrole et lourdement endetté. 

 Le ministère de l'Intérieur assure avoir pris toutes les dispositions pour «garantir la plus grande transparence », notamment en invitant des observateurs internationaux, écartés lors de la présidentielle d'août 2023 qui a conduit à la réélection d'Ali Bongo puis à sa destitution après des accusations de fraude électorale et de détournement de fonds publics.


La dynastie Bango

Ancienne colonie française, pays de l’Afrique centrale, le Gabon proclame son indépendance le 17 août 1960. En février 1961, Léon Mba devient président. Trois ans plus tard, il est renversé par un coup d’Etat puis réinstallé grâce à une intervention de l’armée française. Lui succède à sa mort en décembre 1967, Albert-Bernard Bongo qui impose en mars 1968 le PDG comme parti unique. 

Converti à l’islam, il devient Al Hadj Omar Bongo. Unique candidat, il est élu président en 1973, 1979 et 1986. En avril 1990, le multipartisme est adopté. En mai-juillet de la même année, l’opération militaire «Requin» permet à Paris de rétablir l’ordre à Libreville après des émeutes. Mais Omar Bongo remporte toutes les présidentielles (1993, 1998 et 2005). 

Scrutins tous contestés.En 2010, la justice française a ouvert une enquête sur le patrimoine amassé en France par Omar Bongo et d’autres chefs d’Etat africains. En 2014, le journaliste français Pierre Péan affirme, dans son livre Nouvelles affaires africaines, que Ali Bongo a falsifié son acte de naissance. Démentie par le pouvoir, la thèse soutient aussi que le Président est un enfant nigérian adopté par Omar Bongo pendant la guerre du Biafra (1967-1970) au Nigeria. 

Selon la Constitution, il faut être né gabonais pour prétendre à la Présidence. A la fin de la même année, de violents heurts opposent manifestants de l’opposition et forces de l’ordre, lors d’un rassemblement interdit réclamant le départ de Ali Bongo, faisant officiellement un mort.

Avant la présidentielle d’août 2016, l’opposition a demandé en vain l’invalidation de la candidature de Ali Bongo, indiquant qu’il est un enfant nigérian adopté et ne peut ainsi être Président. Le 31 août, la commission électorale annonce sa réélection, devant son adversaire Jean Ping.


En début janvier 2019, une tentative de coup d’Etat contre le président Bongo a échoué. En février, éclate le «kevazingogate». Il s’agit de la découverte d’un important trafic de bois précieux interdit d’exploitation, qui provoque un scandale politique et le blocage des exportations de bois. Le 5 décembre, le fils aîné d’Ali Bongo, Noureddin Bongo Valentin, est nommé «coordinateur des affaires présidentielles».

Le Gabon  a adhéré, en juin 2022, au Commonwealth et noué des contacts importants avec Pékin qui a accru significativement ses investissements dans ce pays de l’Afrique centrale. Lors de sa visite, en avril 2023, à Pékin, il est qualifié de «vieil ami de la Chine» par le président chinois Xi Jinping. Les médias d’Etat chinois ont évoqué des relations «solides comme un roc» entre les deux pays, élevées récemment au rang de «partenariat stratégique global».

Libreville a intégré l’initiative chinoise de «la Ceinture et la Route» (BRI). Aussi, le président Bongo a exprimé, à plusieurs reprises, l’adhésion du Gabon au principe d’une seule Chine alors que Pékin est confronté au mouvement indépendantiste de Taïwan.
 

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