Des appels émanent en France pour faire du 80e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945 un temps fort. Pour demander la reconnaissance par la France des crimes coloniaux. Dès samedi, un premier événement avec un colloque à Paris, à l’Assemblée nationale.
Un colloque international sur «l’autre 8 Mai 1945» se déroulera l’Assemblée nationale à Paris ce samedi 8 février sur les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata. Il est organisé par le Collectif national pour la reconnaissance des crimes coloniaux (CNRCC) et l’association Les Oranges.
Outre les entrées sur invitation, il sera possible de le suivre en ligne, en différé, nous a expliqué Olivier Le Cour Grandmaison, l’un des initiateurs. C’est la députée Danielle Simonnet qui ouvrira les travaux avant de donner la parole à des descendants de victimes du 8 Mai, Laure Sabrina Abda et Mohamed Salim Abda.
Puis la matinée sera occupée à répondre à la question «Que s’est-il passé le 8 Mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata». La deuxième table ronde est intitulée : «Histoire coloniale, les multiples ressources dans les quartiers populaires».
La troisième abordera le thème «Ecrire une nouvelle page ensemble pour construire un avenir de paix». Les plus éminents historiens ou spécialistes de la question coloniale s’exprimeront. D’autre part, deux comédiennes donneront une lecture de la pièce de théâtre L’autre 8 mai 1945, je me souviens.
Si le 8 mai prochain le monde dit «libre» va célébrer les 80 ans de la victoire en 1945 contre le joug nazi, l’autre 8 Mai sera-t-il une nouvelle oubliée ? Ce 8 mai 1945 qui a vu des centaines de milliers d’Algériens massacrés dans l’Est algérien alors qu’ils demandaient leur part de liberté.
Et que les mois précédents, la «libération» avait déjà été sanglante pour le peuple algérien déjà meurtri par la mort de ses soldats engagés dans le débarquement de Provence en août 1944. Pour briser le silence des autorités françaises, un appel a été lancé pour «la reconnaissance des crimes contre l’humanité commis en Algérie par la France». Il a déjà été signé par des dizaines de particuliers, d’élus et d’associations.
Appel à des rassemblements le 8 mai 2025
A l’occasion du 80e anniversaire, il s’agit d’organiser le 8 mai 2025, «des rassemblements unitaires dans toute la France pour exiger la reconnaissance de ces massacres comme crime contre l’humanité et la satisfaction de ces revendications». Les signataires estiment qu’il est «impossible de célébrer ce 80e anniversaire de la victoire contre le nazisme sans vouloir arracher à l’oubli ce qui s’est passé en Algérie ce même 8 mai et les jours suivants».
Ils rappellent que les manifestations pacifiques à Sétif, Guelma, Kherrata et la région ont été écrasées dans le sang ; près 35 000 Algériens civils ont été massacrés par la police, la gendarmerie, les milices coloniales armées par les autorités locales, l'armée française, agissant sur ordre de l'Exécutif. C'est au cours de cette répression massive que l'on a déploré à Sétif et aux alentours «une centaine de victimes européennes».
Ouvrir les archives !
Le texte de la pétition ajoute qu’«amputer notre histoire commune par l'occultation de ce crime d'Etat ne permet pas à la France d'en finir avec la page coloniale de son histoire».
Rappelant que les gestes ou paroles des autorités françaises, malgré des légères avancées, «demeurent très en-deçà de cette demande». Depuis quelques années quelques manifestations en France ont exigé la reconnaissance. Il faut aller plus loin, ce que fait depuis le 14 avril 2015, un collectif unitaire pour la reconnaissance des crimes d'Etat de 1945 en Algérie (Sétif, Guelma, Kherrata) qui s'est constitué.
Outre cette reconnaissance comme crime d’Etat, il demande : l’ouverture de toutes les archives, l'inscription dans la mémoire nationale de ces événements par le biais de gestes forts des plus hautes autorités de l'Etat et un soutien à la diffusion des documentaires relatifs aux événements dans l'Education nationale comme dans les médias publics.
Le Sénat veut rouvrir le débat sur les Accords de 1968
Une mission sénatoriale a publié hier mercredi son rapport sur l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968. Les sénateurs concluent : «Après de nombreuses auditions conduites sur ce sujet, dont celles des trois derniers ambassadeurs de France en Algérie», que le débat «sur le futur de cet accord devait être ouvert».
Ils parlent de «régime très favorable de circulation et de séjour qu’il offre aux Algériens», un régime qui selon eux, «ne connaît en effet plus de justification évidente, tandis qu’il ne s’accompagne aucunement d’un surcroît de coopération en matière de lutte contre l’immigration irrégulière.
Dans ce contexte, la commission a donc plaidé pour une renégociation de l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968 afin d’aboutir à des mesures équilibrées pour les deux parties. A défaut, elle estime que sa dénonciation devra être mise en œuvre».