Tragédie humanitaire à Ghaza

30/10/2023 mis à jour: 00:20
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(Dessin : le Hic )

Ghaza est aujourd'hui le théâtre d'une tragédie humanitaire sans précédent. Confrontés à des bombardements intensifs et barbares depuis 24 jours, les Palestiniens de Ghaza sont sans eau, sans nourriture, sans carburant, sans électricité… L’aide humanitaire arrive au compte-gouttes.

 Le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a exprimé sa profonde préoccupation face à une crise humanitaire qui s'aggrave de jour en jour. Dans un discours prononcé, hier, en marge de sa visite au Népal, le SG de l’ONU a déploré que la communauté internationale ait échoué à instaurer une trêve humanitaire, tandis qu'Israël intensifie ses opérations militaires. Les Nations unies estiment que la situation s'aggrave à un rythme alarmant.

 Les dernières semaines de guerre ont plongé la population dans une détresse croissante, marquées par des bombardements n’épargnant ni femmes, ni enfants, ni nourrissons. Des milliers de Palestiniens, majoritairement, ont envahi, hier, des entrepôts et des centres de distribution d'aide alimentaire gérés par l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). 

Les scènes de pillage sont un signe inquiétant de voir l'ordre public vaciller, selon le directeur des opérations de l'UNRWA à Ghaza, Thomas White, qui décrit des gens «effrayés, frustrés et désespérés». L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens a mis en garde hier contre un écroulement de «l'ordre public» dans la bande de Ghaza.

 La situation est d'autant plus préoccupante que l'aide humanitaire, déjà insuffisante, peine à atteindre la population. Les camions transportant des denrées alimentaires et des fournitures médicales se font rares, et l'aide qui parvient à Ghaza est jugée maigre et incohérente.

 Selon Thomas White, un peu plus de 80 camions d'aide seulement sont parvenus à Ghaza via le terminal de Rafah depuis le début de l'acheminement de l'assistance humanitaire le 21 octobre.  
Pour avoir une idée du décalage, il faut savoir qu’environ 500 camions par jour traversaient la frontière vers Ghaza, avant le début des bombardements.

 «Le système actuel des convois est voué à l'échec. Très peu de camions, des processus lents, des inspections strictes, des approvisionnements qui ne correspondent pas aux besoins de l'UNRWA et des autres organisations d'aide, et surtout l'interdiction continue du carburant, tout cela est une recette pour un système en faillite», a-t-il averti. 
 

Des aides très insuffisantes 

Selon l’ONU, les approvisionnements qui ont afflué ne comprennent pas le carburant nécessaire aux opérations des Nations unies – carburant qui est également essentiel pour alimenter les hôpitaux, les usines de désalinisation d’eau, la production alimentaire et la distribution de l’aide. Le directeur de l'UNRWA à Ghaza a lancé un cri d'alarme, avertissant que si des changements immédiats et fondamentaux ne sont pas apportés dans la manière dont l'aide est acheminée, les Nations unies ne pourront plus maintenir leurs opérations vitales dans la région. 

«Le monde ne doit pas tolérer» ce qui se passe à Ghaza, a affirmé, avant-hier, la présidente du Comité international de la Croix-Rouge, appelant toutes la parties à la «désescalade». «Il est inacceptable que les civils n'aient aucun endroit sûr où aller à Ghaza au milieu des bombardements massifs, et qu'avec le siège militaire en place, aucune réponse humanitaire adéquate n'est actuellement possible. 

Il s'agit d'un échec catastrophique que le monde ne doit pas tolérer», a déclaré Mirjana Spoljaric, présidente du CICR. Mme Spoljaric demande des garanties pour que «les hôpitaux puissent fonctionner en toute sécurité» et que «les services essentiels tels que les soins de santé, l'eau et l'électricité doivent être immédiatement rétablis à Ghaza, car il s'agit d'une priorité vitale». La situation s'est encore aggravée lorsque le réseau internet a été coupé pendant les intenses bombardements israéliens. L'organisme de surveillance du réseau, Netblocks, a annoncé, hier, le rétablissement progressif de la connexion internet. 

Cependant, le chaos et la souffrance perdurent, avec une crise humanitaire qui menace d'engloutir l’enclave.Face à cette catastrophe, le secrétaire général de l'ONU a exhorté la communauté internationale à instaurer une trêve humanitaire. Antonio Guterres a souligné l'urgence de répondre aux besoins fondamentaux de la population de Ghaza, en faisant parvenir une aide humanitaire vitale rapidement, en toute sécurité, et à grande échelle. 

L'un des aspects les plus préoccupants de cette crise est la pénurie de carburant. L'UNRWA a averti que l'absence de carburant mettait en péril les opérations humanitaires, notamment dans les hôpitaux et les stations de désalinisation d'eau. La fourniture de carburant est essentielle pour alimenter les usines de désalinisation, produire de l'électricité et permettre l'accès à l'eau potable. 

Sans carburant, les hôpitaux se retrouvent dans une situation critique, incapables de fonctionner correctement pour traiter les patients blessés, y compris les bébés prématurés placés en couveuse. L'ONU et d'autres organisations humanitaires tirent la sonnette d'alarme, appelant à une action immédiate pour éviter une catastrophe humanitaire d’ampleur. La population civile, qui subit des bombardements continus depuis 23 jours,  est au bord du gouffre. La situation exige une réponse urgente de la communauté internationale, pour mettre fin aux souffrances et permettre l'acheminement de l'aide vitale. 

Mais face à la folie meurtrière d’Israël, les dirigeants du monde restent impassibles, se contentant d’observer l’abominable spectacle des crimes perpétrés contre des populations civiles. Un tiers des hôpitaux et deux tiers des cliniques ne fonctionnent déjà plus, souligne le Dr Rick Brennan, directeur des urgences au bureau méditerranée orientale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), alors que ces établissements croulent sous les blessés, des civils victimes des bombardements dont de nombreux enfants.

 «L'hôpital d'Al Shifa deviendra un charnier si nous manquons d'électricité, nous ne pourrons pas faire fonctionner les salles d'opérations, les appareils d'anesthésie, s'alarme Dr Ghassan Abu-Sittah, chirurgien, dans une intervention médiatique. L’occupation israélienne continue de bafouer la légalité internationale, puisqu'elle a ignoré la résolution réclamant une trêve humanitaire immédiate à Ghaza, adoptée vendredi lors de la 10e session extraordinaire d'urgence de l'Assemblée générale des Nations unies sur la cause palestinienne.

 

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