Tirs de missiles balistiques iraniens en Irak et en Syrie : Téhéran parle d’une opération «ciblée» contre Daech et Israël

17/01/2024 mis à jour: 05:55
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La situation au Moyen-Orient risque de dégénerer à n’importe quel moment en conflit ouvert

Dès minuit, les images de tirs, d’explosion, de la fumée qui s’élève, non loin du consulat américain et le retentissement des sirènes dans la région d’Erbil, située au Kurdistan irakien, ont fait le buzz sur les plateformes numériques, suscitant les plus folles interprétations, et se sont accentuées avec l’arrêt des activités de l’aéroport. 

Certains médias arabes ont annoncé que les missiles ont détruit «un centre d’écoute et d’espionnage du Mossad et de la CIA», et avancé un bilan de quatre personnes tuées et cinq autres blessées dans le bombardement. Mais, dès hier matin, un communiqué des Gardiens de la révolution d’Iran, diffusé par l’agence de presse iranienne (Irna), a fait état d’une attaque avec «des missiles» menée contre le «quartier général d’espionnage d’Israël» dans la région d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien, et «les groupes terroristes» de Daech, à Idleb en Syrie. 

«Le Corps des Gardiens de la révolution islamique d’Iran confirme avoir ciblé le quartier général d’espionnage du régime sioniste dans la région semi-autonome du Kurdistan irakien avec des missiles balistiques, dans le cadre d’une opération contre les groupes et réseaux terroristes anti-iraniens dans la région», lit-on dans le communiqué, précédé par trois déclarations rendues publiques par le Corps des Gardiens de la révolution, révélant des détails sur les opérations contre «des groupes terroristes et leurs soutiens impliqués» dans les récents attentats commis dans les villes iraniennes Kerman et Rassak. 

Les déclarations du corps d’élite ont fait état d’une salve de missiles sur «un centre d’espionnage» en Irak et sur «des rassemblements de groupes terroristes» dans certaines régions en Syrie. S’adressant à la nation iranienne, les Gardiens de la révolution ont affirmé avoir détruit le «QG du Mossad» à Erbil, avec «des missiles balistiques» pour «son rôle» joué dans «le complot» ourdi par l’agence d’espionnage du régime israélien pour «assassiner les commandants iraniens» de la résistance. 

En tout, selon toujours les Gardiens de la révolution, «24 missiles balistiques ont été lancés pour atteindre avec précision leurs objectifs. Quatre d’entre eux ont été tirés de l’ouest de l’Iran et ciblé des regroupements de terroristes à Idleb, en Syrie, sept autres, lancés de l’ouest visant le siège du Mossad, dans la zone du Kurdistan irakien, non loin du consulat américain (NDLR : et de l’aéroport dont les activités se sont arrêtées), et neuf missiles lancés contre le siège du regroupement de terroristes des zones occupées de Syrie». 

Le centre «d’espionnage du Mossad», visé par les missiles iraniens, est une grande villa, appartenant à un influent homme d’affaires kurde de nationalité israélienne, qui avait joué un rôle prépondérant pour un rapprochement économique entre le Kurdistan et Israël. Elle est située à 15 km de la ville d’Erbil, dans une zone non résidentielle, et est considérée, par les médias iraniens, comme «l’une des antennes d’écoute et d’espionnage israéliennes la plus importante» dans la région. 
 

«Fausses allégations»

Les autorités iraniennes ont affirmé, tôt dans la matinée, «avoir identifié et détruit» en Syrie «les lieux de rassemblement des commandants et des principaux éléments liés aux récentes opérations terroristes» (attentats-suicide commis par Daech) au début du mois en cours, lors d’une cérémonie commémorative près de la tombe du général Qassem Souleimani, un des stratèges des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, tué en juillet 2020 par une frappe américaine en Irak. Cet attentat, qui avait fait 90 morts et des dizaines de blessés, a été, faut-il le rappeler, revendiqué par l’organisation terroriste EI (Etat islamique). 

Il est important de signaler qu’il s’agit là de la plus longue attaque de missiles balistiques menée par l’Iran, soit près de 1230 km kilomètres, a précisé la presse israélienne. L’Irak a été le premier pays à réagir en condamnant ce qu’il a présenté comme une «agression de sa souveraineté», qui a poussé son ministre des Affaires étrangères à rappeler son ambassadeur «pour des consultations dans le contexte des dernières attaques (…) qui ont fait des martyrs et des blessés». 
Le conseiller irakien à la Sécurité nationale a dénoncé les tirs et des allégations fausses et incorrectes concernant la présence d’un quartier général du Mossad à Erbil, et ce, après une visite au domicile de l’homme d’affaires propriétaire de la villa ciblée, tué dans les frappes iraniennes. 

Cette escalade, faut-il préciser, va mettre les Etats-Unis face à plusieurs fronts en même temps : l’Iran, Liban, Ghaza, Yémen et Syrie et probablement l’Irak, en raison de son soutien inconditionnel et indéfectible à Israël dans son œuvre génocidaire à Ghaza. 

Les frappes aériennes que Washington a menées conjointement avec le Royaume Uni, au nord du Yémen, pour empêcher les Houthis de poursuivre leurs actions en mer Rouge contre les navires en liens avec Israël, n’ont, à ce jour, pas atteint leurs objectifs. Les Houthis ont encore sévi hier. Salima Tlemçani

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