Tel-Aviv de plus en plus isolé

28/03/2024 mis à jour: 23:19
2008
Photo : D. R.

Alors qu’Israël foule aux pieds la décision de cessez-le-feu, adoptée par le Conseil de sécurité, de nombreux Etats, y compris parmi ses alliés, appellent à des mesures pour faire respecter la résolution onusienne.

Hier, dans une lettre publiée par les médias londoniens, plus de 134 députés du Parlement britannique ont demandé, à leur gouvernement de suspendre les licences de vente d’armes à Israël.

«En tant que parlementaires multipartites, nous vous appelons à suspendre immédiatement les licences d’exportation d’armes à Israël», ont écrit des députés de l’opposition au Parlement et des membres de la Chambre des Lords au secrétaire d’Etat aux Affaires et au Commerce, Kemi Badenoch, et au ministre des Affaires étrangères, David Cameron, en rappelant que la guerre menée par Israël à Ghaza a fait que plus de 32 000 Palestiniens ont été tués, dont 70% d’entre eux sont des femmes et des enfants.

Les auteurs de la lettre ont rappelé les mesures «prises par d’autres pays en ce sens, dont récemment le Canada, qui a annoncé la semaine dernière qu’il cesserait toutes ses exportations d’armes vers l’entité sioniste».

Coordonnée par la députée travailliste Zarah Sultana,  et  signée par 107 députés et 27 de leurs pairs membres de la Chambre des Lords, cette lettre a qualifié de «totalement inacceptable»,  le «statu quo pour les exportations d’armes britanniques vers Israël».

Vingt-quatre heures après l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité (la dixième depuis le début de la guerre à Ghaza), ce dernier a tenu une réunion sur la situation  en situation en Palestine, au cours de laquelle les représentants de nombreux Etats membres de cet important organe de l’Onu ont insisté sur la nécessité de faire appliquer la décision.

«Cette résolution doit être appliquée. La situation humanitaire à Ghaza est inacceptable. Il y a urgence à garantir une entrée massive d’aide humanitaire face au risque imminent de famine généralisée», a déclaré le représentant de la France, un autre allié d’Israël, avant d’appeler ce dernier «à ouvrir sans délai et sans condition tous les points de passage terrestres existants vers la bande de Ghaza».

Le Japon et la Corée ont exhorté les parties à respecter «les demandes justes» du Conseil dans cette résolution. La Russie s’est dite «étonnée de l’insistance de la représentante des USA, sur le caractère ''non contraignant'' de la résolution».

«Cela veut-il dire que les Etats-Unis s’affranchissent de l’article 25 de la Charte selon lequel les Etats membres acceptent d’exécuter les décisions du Conseil de sécurité ?» a demandé la Russie, en regrettant que «malgré cette résolution historique, le ministre des Affaires étrangères israélien a indiqué que son pays continuerait à se battre pour neutraliser le Hamas et libérer les otages», en relevant en outre, que «les combats se poursuivent à Ghaza». Washington, et vu les violentes critiques à son égard, est revenu quelque peu sur sa position.

En effet, le représentant des USA au Conseil de sécurité a exprimé la «grande préoccupation» de son pays au sujet de la situation à Ghaza et de l’opération éventuelle à Rafah» avant d’ajouter : «Nous continuerons à faire pression pour garantir l’exécution de la résolution du Conseil de sécurité liée à Ghaza par toutes les parties.»

Suspension des contrats d’achat et de vente d’armes

Vingt-quatre heures avant, l’Amérique disait que la résolution du Conseil de sécurité «n’était pas contraignante» et «n’engageait en rien Israël dans ses opérations en cours et à venir à Ghaza». Pour la Chine et l’Algérie,  la déclaration américaine  «prêtait à équivoque». Les deux ont rappelé le caractère contraignant des résolutions du Conseil de sécurité.

«Sinon, c’est la question même de l’existence de cet organe qui serait posée», a souligné le représentant de l’Algérie. Nombre d'intervenants ont exprimé leurs inquiétudes d’une offensive israélienne à Rafah. Le Royaume-Uni a appelé Israël «à faire davantage pour garantir qu’une aide significativement plus importante puisse parvenir aux populations dans le besoin à Ghaza».

La Chine, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a rendu public un communiqué dans lequel elle a  rappelé le caractère contraignant de la résolution du Conseil de sécurité, avant que le Conseil doit suivre de prêt la situation à Ghaza et être prêt à prendre les mesures pour garantir la pleine mise en œuvre de la résolution de cessez-le-feu à Ghaza.

Le président de la Colombie est allé très loin. Il a carrément menacé de rompre toute relation diplomatique avec l’Etat hébreu, «dans le cas où il n’exécute pas la résolution de cessez-le-feu».

En Europe, le Fonds souverain d’investissement norvégien  a décidé de reconsidérer ses investissements auprès d’entreprises qui fournissent des armes à Israël, qui les utilisent à Ghaza,  afin d’arrêter d’exporter vers Tel-Aviv.

L’Espagne a décidé de ne plus livrer des armes à Israël, alors que l’Italie a fait de même. Le Conseil communal de la ville de Bruxelles a voté hier à l’unanimité, une motion visant à interdire l’achat de produits provenant des colonies israéliennes via les procédures de marché publics, alors que l’Irlande et le Canada ont pris la décision de suspendre eux aussi les transactions d’armement avec l’entité sioniste.

Le gouvernement tuc s’est pour sa part trouvé dans l’obligation de faire une précision par rapport à sa coopération militaire avec l’entité sioniste. Dans un communiqué, il a déclaré : «Il n’est pas possible pour la République de Türkiye, qui a toujours été aux côtés de la Palestine, de mener des activités préjudiciables aux Palestiniens ou d’être impliquée dans de telles activités.»

Ainsi, en plus d’avoir échoué à gagner  la bataille médiatique, Israël est en train de perdre de plus en plus de soutiens auprès de la communauté internationale, y compris parmi ses alliés les plus importants, comme le Royaume-Uni, le Canada ou encore le Japon, qui ont voté pour une résolution imposant  un cessez-le-feu sans le conditionner à la libération des otages et sans condamner le Hamas.  
 

 

 

 

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