L’Algérie poursuit son offensive diplomatique en Afrique. Preuve en est la consécration de la diplomate algérienne Selma Malika Haddadi, élue, samedi, au poste de vice-présidence de la commission de l’Union africaine (UA).
L’ambassadrice d’Algérie à Addis-Abeba et sa représentante permanente auprès de l’Union africaine (UA), a précisé que cette élection reflétait «la place de l’Algérie et sa profondeur africaine, mais témoigne, également, de la confiance placée par les pays africains en elle et en sa direction judicieuse». Elle a, aussi, souligné que l’Algérie «a toujours joué un rôle prépondérant» au sein de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et maintenant au sein de l’Union africaine (UA).
Cette consécration de la diplomatie algérienne est, cependant, loin d’être un fait isolé. Elle est le résultat d’efforts soutenus menés depuis des années et qui se sont intensifiés ces derniers temps. En effet, depuis plusieurs mois, il ne se passe presque pas un jour sans qu’un diplomate algérien débarque dans un pays d’Afrique.
Un redéploiement à l’échelle régionale et continentale que viennent, souvent, appuyer des ministres porteurs de messages de la part du président de la République à l’adresse de chefs d’Etat africains. A commencer par le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, qui a effectué une tournée entre les 6 et 8 janvier dernier, l’ayant conduit dans quatre pays : la République du Centrafrique, le Cameroun, le Congo et le Bénin. Il a été notamment question lors de cette tournée de discuter de plusieurs dossiers cruciaux, tels que l’appartenance au G20, la représentation au sein du Conseil de sécurité, l’appropriation des missions de sécurité la concernat, la Zlecaf et le règlement de certains conflits.
Corrélativement, les actions diplomatiques de la secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Affaires africaines, Selma Bakhta Mansouri, ont été intenses. Mme Mansouri a, ces dernières semaines, atterri dans plusieurs capitales africaines. Elle a participé, tour à tour, aux travaux du Comité ad hoc de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur le Soudan du Sud (C5), aux travaux de la réunion conjointe des ministres des Affaires étrangères et ceux de l’Agriculture, en Ouganda, préparatoire au Sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) sur le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) post-Malabo. Elle a aussi rencontré le vice-ministre ougandais des Affaires étrangères, chargé de la Coopération régionale, John Mulimba, et a abordé avec lui des questions portant sur les développements de la situation sécuritaire en Afrique, le renforcement de la complémentarité continentale et la réforme institutionnelle des structures de l’UA.

«Héritage révolutionnaire»
Le 6 janvier, elle a été reçue à Monrovia par le président de la République du Liberia, Joseph Nyuma, et le lendemain à Banjul, par le président gambien, Adama Barrow, à qui elle avait transmis les salutations du président Tebboune et «sa volonté d’œuvrer au renforcement des relations de coopération entre les deux pays». Quant au secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Sofiane Chaib, son rôle vient renforcer celui d’Ahmed Attaf. Il a été d’ailleurs reçu, récemment, par le président de la République de Sierra Leone en qualité d’envoyé spécial du chef de l’Etat.
Selon Brahim Oumansour, directeur de l’Observatoire du Maghreb, chercheur associé à l’IRIS, l’Algérie multiplie les initiatives pour asseoir son retour sur la scène régionale et internationale. «Alger s’appuie sur son héritage révolutionnaire et ses atouts géostratégiques, principalement les ressources énergétiques, pour réaffirmer sa place sur l’échiquier géopolitique régional et international», a-t-il souligné dans une contribution publiée l’année passée. Or, le rebond diplomatique de l’Algérie évolue, selon lui, dans un environnement international et régional tendu avec le voisin marocain sur la question du Sahara occidental, la guerre en Ukraine, et à Ghaza dont l’onde de choc a causé un clivage profond au sein de la communauté internationale. «L’Algérie évolue ces quinze dernières années dans un environnement régional très instable.
En plus des tensions avec le voisin de l’Ouest, l’Algérie est entourée d’Etats faillis ou plongés dans des crises profondes provoquant ainsi une instabilité chronique qui a favorisé l’émergence de menaces multiples : terrorisme, trafic en tout genre…», a-t-il précisé. Une instabilité qui s’est amplifiée avec le chaos libyen provoqué par l’ingérence de pays occidentaux sur un territoire souverain, ce qui a favorisé la montée en puissance des groupes armés qui ont bénéficié de flux importants d’armes vers la région sahélo-saharienne.
Et d’ajouter : «L’enlèvement de diplomates algériens, le 5 avril 2012, par le Mujao au consulat d’Algérie à Gao ainsi que l’attaque du site BP Sonatrach à Tiguentourine dans la région d’In Amenas, du 16 au 19 janvier 2013, ont confirmé les inquiétudes d’Alger quant à la menace terroriste grandissante à ses frontières sud.»
Par la suite, les conflits meurtriers observés aux quatre coins de l’Afrique, les multiples bouleversements géostratégiques et les nouvelles menaces qui pèsent sur tout le continent ont renforcé l’idée de consolider les liens de l’Algérie avec les pays africains dans un souci de stabilité et de paix. M.Abdelkrim
Goudjil : L’élection de Mme Haddadi est «un triomphe de la voix libre de l'Afrique»
Le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, a affirmé, hier, que la nouvelle victoire diplomatique de l'Algérie, suite à l'élection de l'ambassadrice Selma Malika Haddadi à la vice-présidence de la commission de l'UA, constitue «un triomphe de la voix libre de l'Afrique». Dans un post sur les réseaux sociaux, le président du Conseil de la nation s'est félicité de la nouvelle victoire diplomatique de l'Algérie, suite à l'élection de l'ambassadrice Selma Malika Haddadi à la vice-présidence de la commission de l'UA, affirmant qu'elle constitue «un triomphe de la voix libre de l'Afrique face à la propagande et aux intérêts étrangers». Et d'ajouter : «Découvrez comment l'Algérie consacre son leadership continental selon la vision du président Tebboune.»