À un mois du sommet du groupe des BRICS, prévu du 22 au 24 août prochain à Johannesburg, les choses s’accélèrent et se précisent. Hormis le président russe, Vladimir Poutine, qui n’ira pas en Afrique du Sud mais y participera par visioconférence, les autres dirigeants du BRICS (le Brésil, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud) se fixent rendez-vous pour un sommet où il sera question de consolider leur potentiel économique et de rendre plus audible leur voix sur la scène mondiale.
La Russie sera toutefois représentée par le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Le sommet se déroulera avec la présentation de représentants de plus de 30 pays. Ces pays ont exprimé leur volonté de participer au prochain sommet qui «pourrait ainsi devenir le plus représentatif de toute l’histoire de l’organisation», indique Sputnik, citant l’hebdomadaire sud-africain City Pres.
«Ses organisateurs (du sommet, ndlr) attendent la présence non seulement des dirigeants du Brésil, d’Inde, de Chine et d’Afrique du Sud, mais aussi de Présidents et de chefs de gouvernement d’autres pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine», poursuit la même source. Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a d’ailleurs invité les dirigeants de tous les pays africains.
On s’attend aussi à voir participer les chefs d’État et de gouvernement de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), de la Communauté caribéenne et les membres du Groupe des 77. Il est clair que les BRICS, qui disposent d’un poids économique grandissant, ouvrent une perspective nouvelle à saisir aux pays les moins nantis de développer leurs économies, réduire la pauvreté et lutter contre les inégalités sociales.
Selon l’ambassadeur de l’Afrique du Sud au sein des BRICS, Anil Sooklal, plus d’une douzaine de pays, dont l’Arabie Saoudite, l’Indonésie, l’Argentine, la Turquie, l’Iran ou encore l’Algérie ont exprimé leur intérêt pour une adhésion à ce bloc. Parmi ces pays, quatre ont déjà déposé officiellement des demandes d’adhésion : l’Argentine, l’Arabie saoudite, l’Algérie et l’Iran.
Alternative monétaire
L’ascension économique des BRICS s’explique essentiellement par la forte croissance qu’enregistrent la Chine et l’Inde, note à ce propos Ecofin, agence d’information économique africaine. Ce poids pourrait se renforcer davantage avec l’élargissement du bloc à de nouveaux pays. Le groupe des cinq pays émergents a désormais un poids économique plus important que celui du groupe des sept pays les plus industrialisés de la planète (G7), qui comprend les États-Unis, l’Allemagne, le Canada, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni, souligne Ecofin, citant des données publiées par le cabinet de recherche britannique Acorn Macro Consulting.
En effet, la contribution des BRICS au produit intérieur brut (PIB) mondial a atteint 31,5 % en 2020 contre 30,7 % pour le G7 en parité de pouvoir d’achat, soutient la même source. Malgré leur poids démographique (3,2 milliards de personnes), les pays membres du groupe des BRICS ne disposent actuellement que de 15 % des droits de vote à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI). Une situation que les pays émergents veulent changer en agissant d’abord sur le plan de la finance mondiale.
Pour ce faire, les BRICS ont créé en 2014 leur propre banque de développement pour donner une alternative aux pays du monde par rapport aux accords de BrettonWoods, symbole et instrument monétaire d’un ordre mondial unipolaire dessiné au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
S’il aspire à s’éloigner du dollar, le groupe de BRICS n’a pas inscrit à l’ordre du jour le point relatif la création d’une monnaie commune qui pourrait être adossée à l’or, a déclaré jeudi Anil Sooklal. Les dirigeants des BRICS discuteront plutôt, à Johannesburg, d’un mécanisme de paiement durable, selon la diplomatie russe. Pour sa part, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré vendredi à Russia Today (RT) que la mise en place de mécanismes de paiement durables pour le commerce bilatéral fait partie des «questions clés» dont le groupe des BRICS doit discuter.
Critères indépendants
Sur un autre plan, les BRICS veulent s’affranchir des critères de classement d’universités qu’ils estiment ne pas être «indépendants». Une résolution prise lors de la 10e réunion de leurs ministres de l’Education qui a eu lieu en Afrique du Sud.
La principale caractéristique de ce classement est qu’il se veut «indépendant» et «basé sur des indicateurs qualitatifs», c’est-à-dire qu’il ne tiendra pas compte des sanctions politiques, rapporte Suptnik. «Les universités russes font face à des restrictions de leur participation aux classements internationaux existants pour des raisons politiques.
Aucune université n’est à l’abri de telles actions de la part des pays occidentaux. C’est pourquoi la communauté éducative mondiale doit créer un nouveau classement, basé sur des données objectives et jouissant d’une confiance universelle», a précisé la même source, qui a cité les propos du vice-ministre russe de l’Enseignement et des Sciences, Konstantin Moguilevski.
En début juillet, des universités de Corée du Sud se sont unies pour appeler au boycott des classements internationaux, notamment le classement du britannique QS pour manque de transparence. Avant, des universitaires africains avaient également exprimé leur désaccord sur le choix des indicateurs.
Rappelons que ce nouveau projet de classement est une composante des réformes engagées par les BRICS dans le domaine de l’éducation et de la formation. Les autres domaines de la réforme sont, entre autres : la reconnaissance mutuelle des qualifications, la scolarisation des jeunes, l’intelligence du marché du travail et le développement des compétences pour un monde en mutation