Sid Ali Mazif est décédé à l’âge de 80 ans : Un cinéaste minutieux et doué

04/05/2023 mis à jour: 18:42
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Le cinéaste algérien Sid Ali Mazif est décédé, mardi dernier, à l’âge de 80 ans. Il a été enterré, hier, au cimetière de Sidi M’hamed à Alger.

La nouvelle est tombée tel un couperet dans la matinée d’hier. Sid Ali Mazif s’en est allé vers un monde meilleur, et ce, quelques mois après le décès de son épouse et complice de toujours. Il a marqué le 7e art algérien par certaines de ses œuvres.

Né en 1943, le regretté Sid Ali Mazif reste une référence du cinéma algérien. Cette force tranquille a toujours eu la force du détail pour donner vie à une histoire. Son intérêt pour le cinéma remonte aux années 1957/58 alors qu’il était élève au lycée Okba, à Bab El Oued. Un ciné-club pour adolescent a été mis en place, animé par son professeur d’histoire de l’époque. Le défunt Sid Ali Mazif confiait, dans nos colonnes en mars dernier, au journaliste Hamid Tahri, qu’après «la création d’un petit comité, on a franchi un autre palier en ramenant des films de meilleure qualité. 

Ce comité a décidé de me nommer son président. Nous avions pu avoir l’aval du proviseur, un projecteur 16mm et une salle. Maintenant, débrouillez-vous, nous a-t-il lancé. Comme il y avait un centre à Meissonnier qui louait des films à l’éducation nationale, je me suis présenté au directeur M. Farès, qui a été très coopératif, il a mis à notre disposition un catalogue de films gratuitement. C’est ainsi qu’on a projeté des films cultes, comme Jules César, Le Train sifflera trois fois... C’est moi qui animais les séances. C’était tellement fulgurant que les profs, pourtant d’habitude distants, assistaient avec nous». 

Et d’ajouter : «C’est de là qu’est née ma vocation de cinéphile et de cinéaste. Je me suis inscrit au cinéclub d’Alger, dirigé par un de nos profs, critique de cinéma, Barthelemy Amengoual, en assistant aux séances de films au cinéma Versailles (Algeria), qui était exclusivement réservé aux Européens, avant d’être autorisé aux indigènes. Je peux dire que j’ai appris le cinéma grâce au ciné-club. A cette période, les films de Fritz Lang, Pabst et David Griffith, précurseurs du cinéma mondial, tenaient le haut de l’affiche. Le bac en poche, j’ai pensé suivre des études cinématographiques. A l’Indépendance, précisément en 1965, le Centre culturel américain à Alger formait les étudiants pour les envoyer aux Etats-Unis ; il a été saccagé par les manifestants après la Guerre des six jours en 1967 ».

Le défunt a débuté sa carrière dans les années 60 comme assistant sur le tournage de Vingt ans à Alger de Marc Sator. Il a étudie au niveau de l’Institut national du cinéma de Ben Aknoun à Alger. 

Dans le cadre de sa formation, il réalise de premiers courts métrages entre 1965 et 1966. Par la suite, il regagne l’Office national pour le commerce et l’industrie cinématographique (ONCIC) où il tourne des documentaires dont entre autres La Cueillette des oranges et Le Paludisme en Algérie (1967). Chemin faisant, il aura l’opportunité de collaborer également à deux films collectifs importants du cinéma algérien : L’Enfer à dix ans (1968) sur l’expérience des enfants au cours de la guerre de libération et Histoires de la révolution (1970). Si son premier long métrage, Sueur noire aborde la question de la répression d’une grève de mineurs durant le colonialisme, pour sa part, son deuxième long-métrage Les Nomades (1975) revient sur le problème de la sédentarisation nécessaire des tribus. 

Le cinéaste Sid Ali Mazif compte plusieurs œuvres dont Leila et les autres (1978) Sueur noire (1971), Les Nomades (1976), J’existe (1981) et Houria (1986). Il a également écrit le scénario du film Envers du miroir (2007) et produit Le Patio (2015) dans le cadre de la manifestation Constantine capitale de la culture arabe et Palmiers blessés.
Il est à noter que le film Leila et les autres  reste un film de référence qui a marqué la mémoire collective de part la thématique abordée. 

Meriem, jeune lycéenne et Leïla, ouvrière dans une usine, font face aux difficultés et aux préjugés encore tenaces qui maintiennent les femmes dans une position subordonnée et freinent leur émancipation. Meriem est promise à un homme qu’elle ne connaît pas. Comme ce dernier commence à poser des exigences inacceptables, elle refuse cette union. Elle décide d’intervenir dans les transactions qui s’opèrent sans son consentement. Leila et ses camarades luttent et imposent leur droit à la dignité et à la responsabilité. 

Pour rappel, bien qu’en rupture avec les autres productions de l’époque, le film en question fut un grand succès : il a enregistré plus de 600 000 entrées à sa sortie dans les salles algériennes, et devient «un film culte, abordant de façon franche mais aussi humoristique des thèmes tels que la condition de la femme, les discriminations qu’elles subissent et le mariage forcé».

 

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