La reprise de la production d’hydrocarbures en 2025, dans le cadre de la politique des quotas de l’Opep, augmenterait les recettes d’exportations d’hydrocarbures de l’Algérie et soutiendrait un rebond de la croissance en du pays 2025 selon les prévisions de la Banque mondiale (BM), incluses dans le dernier rapport semestriel consacré à l’Algérie.
«Une croissance plus rapide des importations entraînerait cependant une augmentation du déficit de la balance courante et une diminution des réserves de change, qui resteraient toutefois à un niveau confortable», estime la BM. L’institution relève en outre que « les hausses modérées des dépenses prévues dans le cadre budgétaire à moyen terme de la Loi de Finances pour 2024 permettraient de stabiliser le déficit budgétaire, qui demeurerait élevé, et ferait augmenter la dette publique, qui reste détenue au niveau national, à des taux faibles et à des échéances à long terme.
Compte tenu de la part élevée des dépenses publiques rigides et du poids des importations, les fluctuations imprévisibles des prix mondiaux des hydrocarbures, dans un contexte de forte incertitude géopolitique et économique mondiale, demeurent un risque important pour les perspectives macroéconomiques de l’Algérie »
Pour ce qui est de l’année en cours, la BM rappelle que la croissance économique est demeurée robuste, au cours du premier semestre 2024, soutenue par les secteurs non extractifs et l’investissement. «Après une accélération à 4,1% en 2023, la croissance du PIB a légèrement ralenti au premier semestre 2024 (+3,9% en glissement annuel), soutenue par une croissance non extractive dynamique. La croissance de l’investissement s’est accélérée, stimulant les importations, tandis que la consommation privée et publique est restée robuste», dénonce le rapport de la Banque. La BM souligne que «la croissance multisectorielle du PIB non extractif a notamment été soutenue par une production agricole résiliente».
Le rapport, qui prend en compte les données officielles rendues publiques par l’Office national des statistiques (ONS), conforte ses conclusions entre autres, par les données satellitaires d’éclairage nocturne. Celles-ci suggèrent notamment, selon la Banque que la «a croissance non-extractive» a été principalement tirée par la région du centre-nord du pays. Le PIB extractif «est resté stable au cours du premier semestre 2024 (+1.0%) après une nouvelle réduction du quota de production de pétrole brut de l’Algérie en janvier et une baisse de la demande européenne de gaz», indique le rapport.
Inflation en nette baisse et réserves de change confortables
Par ailleurs, «l’inflation a nettement ralenti en 2024 grâce à la stabilisation des prix des aliments frais, la modération des prix à l’importation et la stabilité du taux de change. Après avoir atteint 9,3% en 2022 et 2023, l’inflation est tombée à 4,3% en glissement annuel sur les neuf premiers mois de 2024, à la suite de la stabilisation des prix agricoles frais à partir du second semestre 2023, après une forte hausse.» La baisse de l’inflation a également été soutenue selon le rapport, par «la production agricole résiliente, la levée des restrictions à l’importation de viande, ainsi qu’un taux de change stable après que la Banque d’Algérie a interrompu quatorze années de dépréciation à la mi-2022.»
Pour la BM, «la politique monétaire est restée accommodante, le taux d’intérêt directeur demeurant inchangé depuis mai 2020, et la croissance de la masse monétaire et du crédit au secteur privé s’est accélérée durant les neuf premiers mois de 2024». La baisse des exportations d’hydrocarbures, combinée à l’augmentation des importations et des dépenses publiques, a ramené la balance courante à l’équilibre et a augmenté le déficit budgétaire.
«Après que l’excédent du compte courant se soit nettement réduit, pour atteindre 2,3% du PIB en 2023, il s’est établi à l’équilibre au premier semestre 2024, les prix et les volumes des exportations ayant baissé, tandis que les volumes des importations restaient élevés, stimulés par l’investissement», peut-on lire dans le rapport.
Les réserves de change ont légèrement augmenté, atteignant environ 16,2 mois d’importations de biens et de services à la fin septembre 2024, souligne la BM qui indique cependant que «la baisse des recettes d’hydrocarbures, l’augmentation des dépenses courantes et d’investissement, y compris la dernière des trois vagues d’augmentation des salaires dans le secteur public, ont contribué à une expansion du déficit budgétaire, après que celui-ci ait atteint 5,2% du PIB en 2023».
Ce déficit a été principalement financé par l’épargne pétrolière, la dette publique n’augmentant que modérément selon la même source.