Un nouveau rapport sur l’état du commerce mondial élaboré par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), table sur une «amélioration continue» durant l’année 2024.
Cet optimisme de l’organisation onusienne est justifié par «la modération de l’inflation mondiale et de l’amélioration des prévisions de croissance économique». Le rapport de la Cnuced rendu public le 21 mars en cours fait état de signes positifs durant le premier trimestre de l’année qui devraient se poursuivre toute l’année, notamment avec la hausse de la demande de biens environnementaux, en particulier de véhicules électriques.
Cette tendance positive reste toutefois soumise à des incertitudes significatives aux aléas liés «aux tensions géopolitiques et aux perturbations d’approvisionnement». Il s’agit de «facteurs essentiels qui influencent les tendances du commerce bilatéral et nécessitent un examen continu», indique le rapport.
Ce dernier cite en particulier les perturbations des routes maritimes, en particulier celles liées aux problèmes de sécurité dans la mer Rouge et le Canal de Suez, ainsi que les effets climatiques défavorables sur les niveaux d’eau dans le canal de Panama qui sont «susceptibles de faire grimper les coûts d’expédition, de prolonger la durée des voyages et de perturber les chaînes d‘approvisionnement».
Le facteur des niveaux élevés d’endettement dans de nombreux pays pourrait également «avoir une influence négative sur le commerce mondial», précise le même rapport. Hormis des disparités importantes entre les pays et les régions en termes de perspectives économiques pouvant influencer la structure des échanges commerciaux, dans l’ensemble le rapport s’attend à un renversement des tendances à la baisse enregistrées durant les années précédentes.
Parmi les signes positifs cités, et malgré une croissance du PIB autour de 3%, (toujours inférieure aux moyennes historiques), le rapport souligne la forte demande enregistrée sur le transport de conteneurs et sur les matières premières au cours des derniers mois, comme en témoigne la forte augmentation de l’indice du taux de fret conteneurisé de Shanghai.
Accès aux minéraux
«De même, le Baltic Dry Index a également affiché une tendance positive, indiquant une augmentation de la demande mondiale de matières premières». Le rapport de la Cnuced souligne, en outre, que les tensions géopolitiques actuelles pourraient raviver la volatilité sur les marchés de l’énergie et de l’agriculture.
Aussi, «l’importance croissante d’un accès sécurisé aux minéraux essentiels pour la transition énergétique devrait influer sur les prix et contribuer davantage à la volatilité du marché de ces matières premières», indique la Cnuced. Par ailleurs, le commerce mondial est aussi sous l’influence de la réaction des chaînes d’approvisionnement aux tensions géopolitiques.
Le rapport alerte également sur les risques engendrés par la restriction des échanges commerciaux liés «à la priorité accordée aux préoccupations nationales et l’urgence de respecter les engagements climatiques entrainant des changements dans les politiques industrielles et commerciales».
Selon la Cnuced, le recours à des politiques industrielles repliées sur elles-mêmes devrait avoir un impact négatif sur la croissance du commerce international.
Revenant sur le bilan de l’année 2023, le même document souligne une contraction de 3% du commerce mondial, soit de 1000 milliards de dollars par rapport au record de 32 000 mds de dollars atteint en 2022, en raison principalement de la faiblesse de la demande dans les pays développés et à l’affaiblissement des échanges en Asie de l’Est et en Amérique latine.
Si le commerce des marchandises a diminué durant l’année écoulée de 1300 mds de dollars (5%), le commerce des services a continué de croître avec 500 mds de dollars d’augmentation, soit 8%, «ce qui témoigne d’une certaine résilience dans un contexte difficile».